VIDEOLES TÉMOIGNAGES DE DOCTEUR GAYE, OMAR TOURÉ, SIDYI AHMET
"A plusieurs reprises, avant le mois de décembre 2020, Adji Sarr m’a expliqué qu’elle se faisait violer par Ousmane Sonko, mais je n’y croyais pas parce que je ne pensais Sonko capable d’accomplir de tels actes"
Pour les soutiens de Sonko, Sidi Ahmet Mbaye, présenté comme l’homme qui a assisté Adji Sarr après le supposé viol, c’est le visage du complot politico-judiciaire. A la barre, le bonhomme a tout nié et estimé qu’il a volé au secours d’une fille qui se «faisait violer» par le leader du parti Pastef, selon ses dires. «A plusieurs reprises, avant le mois de décembre 2020, Adji Sarr m’a expliqué qu’elle se faisait violer par Ousmane Sonko, mais je n’y croyais pas parce que je ne pensais Sonko capable d’accomplir de tels actes. C’est à la troisième interpellation qu’elle m’a dit qu’elle allait prendre ses responsabilités. Là, je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas porter plainte sans preuves», dit-il serein à la barre de la Chambre criminelle, qui jugeait l’affaire Sonko-Adji Sarr. Il a conseillé à cette dernière d’aller chercher les preuves qui compromettraient Sonko. «Par la suite, elle m’a dit qu’elle les avait obtenues. J’ai alors appelé un ami avocat, maître Gaby Sô, qui m’a mis en rapport avec Dr Gaye. Avec le gynécologue, nous sommes allés chercher Adji Sarr pour l’amener à l’hôpital de Grand-Yoff», enchaîne M. Mbaye. C’était le 3 février 2021. «C’est après le départ de Ousmane Sonko qu’elle m’a appelé après m’avoir envoyé un message que j’ai vu tardivement. Adji m’a dit que le gars était venu et qu’il lui a encore fait mal. Elle m’a dit que Ousmane Sonko a éjaculé sur elle», rappelle-t-il. Pour lui, il n’y a jamais eu de plan. «Je n’ai jamais participé à un plan pour obtenir ces preuves. Les résultats ont été remis aux gendarmes le lendemain», ajoute-t-il.
Enquêteur dans le dossier, l’ex-capitaine Seydina Oumar Touré, qui était à la Section de recherches de Colobane, est revenu sur le déroulement de l’enquête. Il dit d’abord : «J’ai consulté la pièce où le viol se serait déroulé, mais les caméras ne fonctionnaient pas. Je cherchais une réponse pour comprendre comment un viol pouvait être fait dans une pièce aussi hermétique. Le décor était normal pour effectuer un massage. Je suis officier de police judiciaire, mais je ne peux pas qualifier de lieu de débauche le salon simplement parce qu’il y avait une lumière rouge. J’ai fermé des lieux de débauche, j’ai arrêté des prostituées, mais quand on écoute Ndèye Khady Ndiaye, on ne pense pas qu’elle puisse faire ça. Sincèrement, quand on voit et qu’on écoute la dame, on ne peut pas penser que Sweet Beauté est un lieu de prostitution ou de débauche.» Cela ne lui a pas permis de certifier qu’il n’y pas eu viol. Il a admis que tout au long de l’enquête, elle n’a jamais été menacée. «Personne n’a été contraint puisque la dame Adji Sarr a été assistée par son avocat. J’ai entendu Aïssata Ba dire qu’elles ont plusieurs catégories de clients et que quand Ousmane Sonko est resté seul avec Adji Sarr, la dame devait lui faire une finition. J’ignore comment la finition doit se faire. On peut penser à une finition sexuelle, mais ce n’est pas logique du moment qu’elle a dit qu’elle a été violée», démonte l’ex-enquêteur de la gendarmerie. Quid des procès-verbaux d’enquête ? «On ne doit pas changer une virgule dans un Pv. Il y a une partie dans les déclarations de Ndèye Khady Ndiaye qui ne se trouvent plus dans le document. Même les photos jointes au dossier n’y figuraient pas», assure-t-il.
A la barre, l’ex-masseuse à Sweet Beauté, Aïssata Ba, a admis avoir massé Sonko en compagnie de Adja Sarr. «Le jour où Ousmane Sonko est venu, on se connectait. C’est Adji qui lui a ouvert la porte», assure-t-elle. D’après ses affirmations à la barre, la plaignante lui a demandé de faire comme si elle ne connaissait pas le leader du parti Pastef. Elles l’ont «massé à deux». «Elle m’a instruit de faire comme si de rien n’était. Je ramenais la serviette et Adji avait de l’huile de massage. Sonko nous a fait savoir qu’il avait très mal au dos et demandait qu’on le masse bien. C’est après que Adji m’a demandé de sortir pour le laisser avec elle. Il avait juste enlevé son vêtement et il lui restait son pantalon avant de se courber pour qu’on le masse. Ousmane Sonko n’a pas pris de bain. La serviette que je lui ai donnée lui servait à essuyer les mains dans la salle de bain. La serviette est une obligation pour tout client. Je n’ai jamais dit que Sonko était allongé lors du massage. Ousmane Sonko n’avait pas porté de cuissard, il avait son pantalon. Le massage se limite au frottage comme on a l’habitude de le faire avec des pommades», détaille Mme Ba.
Après, Adji Sarr lui aurait demandé de sortir. Elle s’est exécutée puis a pris son téléphone pour appeler. Mais, elle lui a balancé, ajoute-t-elle, une remarque : «Je lui ai d’ailleurs dit qu’elle était en train de manigancer quelque chose. Elle a dit que le client avait éjaculé. C’est elle qui était avec Sonko, j’ignorais ce qu’elle faisait. Elle a appelé pour demander qu’on vienne la récupérer. Elle avait mis son téléphone en main libre.» Mais, elle pensait à des pratiques fétichistes en pensant qu’elle voulait utiliser le sperme de Sonko pour le marabouter. «Certaines filles le font», affirme-t-elle à la barre, en détaillant les conditions de travail, les salaires, les types de massage pratiqués dans le salon.