L'HOMME D'AFFAIRES CHEIKH TALL DIOUM RÉCLAME À KHALIFA SALL 5 MILLIARDS
Affaire du site du cinéma El Mansour
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Le procès qui opposait l'homme d'affaires Cheikh Tall Dioum au maire de Dakar Khalifa Sall, au commissaire Birahim Fall et à l'agent municipal Pape Seck, a été jugé, hier, devant la barre de la deuxième Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar. Les mis en cause étaient attraits pour répondre des délits de voies de fait, violation de domicile, abus d'autorité, entrave à l'exécution d'une décision de justice, dans l'affaire du cinéma El Mansour de Grand-Dakar. Le plaignant a réclamé 5 milliards de francs Cfa à Khalifa Sall et aux agents municipaux.
C'est à un procès houleux entre les deux parties, au point d'inciter le président à intervenir pour calmer les ardeurs, qu'on a assisté, hier, au tribunal correctionnel de Dakar. Cela, dans l'affaire de la propriété du cinéma El Mansour de Grand-Dakar, que se dispute Cheikh Tall Dioum et la mairie de Dakar. L'homme d'affaires a traîné en justice le maire de Dakar, accusé d'être le complice des délits de voies de fait, violation de domicile, abus d'autorité, entrave à l'exécution d'une décision de justice. Il est poursuivi en même temps que le commissaire Birahim Fall et l'agent municipal Pape Seck.
Khalifa Sall est accusé d'avoir donné des instructions aux agents de la police municipale de Grand-Dakar pour interdire l'expulsion des occupants du cinéma et ensuite empêcher les travaux. Pour le site du cinéma El Mansour se trouvant à Grand Dakar.
Interrogé sur les faits, M. Dioum a indiqué que le commissaire Birahim Fall a emporté les zincs qui étaient installés sur le site par la société qui était en phase de démarrage des travaux. Ce, en dépit du fait qu'il avait une décision d'expulsion du juge. Et il a précisé que Mamadou Diop et Pape Seck n'ont pas mis le nom de la mairie de Dakar.
Le maire Khalifa Sall a fait savoir au tribunal que ni Mamadou Diop ni Pape Diop n'ont mis le nom de la commune. Ce qui fait qu'il a initié une procédure de régularisation. Et il a expliqué avoir appelé le sieur Dioum pour tenir une discussion et faire un partenariat public et privé tout en défendant que la mairie veut faire du site un centre cinématographique, tandis que l'homme d'affaires veut en faire un centre commercial.
Des déclarations que Cheikh Tall Dioum a balayées d'un revers de main à la barre en criant: "C'est faux ce que dit Khalifa Sall". Selon lui, il n'a jamais existé de négociations. Il dit être allé voir le maire, car ce dernier avait déclaré qu'il était en contentieux avec lui et qu'il n'accepte pas et n'acceptera pas qu'on spolie les biens de la mairie.
"Je suis le propriétaire et je ferai ce que je veux du site"
Le "Golden boy" a soutenu : "Je suis le propriétaire du site et je ferai ce que je veux du site sur lequel j'ai un projet de 3 milliards de francs Cfa pour un centre multi-fonctionnel dont j'ai déjà le financement". "Khalifa Sall a dépêché la police municipale pour s'opposer. Il a loué les locaux à des gens qui paient tous les mois et il récolte pas plus d'un million de francs Cfa", a-t-il dit, jurant avoir acheté le cinéma à la Sidec, en 2009 et finalisé la vente en 2010.
Malgré ces déclarations, le ministère public dans son réquisitoire a demandé l'application de la loi.
Pour sa part, dans ses plaidoiries, Me Baboucar Cissé, avocat de la partie civile, n'y est pas allé par quatre chemins, pour établir la culpabilité du maire de Dakar et de ses subordonnés Birahim Fall et Pape Seck. "Car, dit-il, il n'y a aucune disposition de la loi qui permet au maire d'intervenir physiquement pour arrêter des travaux de chantiers. Mon client dispose d'un titre foncier. C'est la Sidec qui lui a vendu le terrain".
Aussi, Me Cissé n'a pas hésité à estimer que les faits sont constitués et ne souffrent d'aucune ambigüité. Il a donc réclamé 5 milliards francs Cfa de dommages et intérêts pour toutes causes et préjudices subis par son client.
Membre du pool d'avocats de la défense, Me Aïssata Tall Sall a d'emblée précisé: "De Lamine Guèye à Pape Diop, c'est seulement le maire Khalifa Sall qui a comparu à la barre. Car lui n'est pas dans le monde de l'obscurantisme. Khalifa Sall appartient au monde du droit et de la légalité".
Convaincus de l'innocence et du préjudice subis par leurs clients, les avocats de la ville de Dakar ont réclamé la relaxe pure et simple des prévenus. Outrés par la "citation abusive" dont est victime Khalifa Sall, ils ont fait une demande reconventionnelle de 5 milliards francs Cfa, pour causes et préjudices subis.
Après avoir écouté les deux parties, le tribunal a décidé de mettre l'affaire en délibéré jusqu'au 21 juillet prochain.