Liberté provisoire pour neuf dissidents de la majorité
Neuf militants d'un parti de la majorité présidentielle au Sénégal, emprisonnés depuis janvier à Dakar pour des violences politiques en 2016, ont été remis en liberté provisoire, a indiqué mercredi à l'AFP un de leurs avocats.
Ces militants, tous membres du Parti socialiste (PS), incluent le maire de la commune dakaroise de la Médina, Bamba Fall, et sont réputés proches du maire socialiste de Dakar, Khalifa Sall, incarcéré en mars pour détournement présumé de fonds publics.
Bamba Fall et ses co-accusés avaient été inculpés de "tentative d'assassinat, destruction de biens appartenant à autrui" et écroués le 8 janvier.
A la demande de leurs avocats, la justice leur avait accordé la liberté provisoire sous contrôle judiciaire le 28 mars mais, avant qu'ils ne puissent effectivement sortir de prison, le parquet a fait un recours contre leur libération. Ils avaient été maintenus en détention.
"Le parquet a reculé en retirant son pourvoi" et "tous les neuf ont été libérés hier" mardi, a déclaré Bamba Cissé, un de leurs avocats.
Selon Me Cissé, il s'agit toujours d'une liberté provisoire assortie d'un contrôle judiciaire. "La procédure se poursuit, on va tout faire pour obtenir un non-lieu, parce que c'est une affaire purement politique", a-t-il dit.
Il est reproché à Bamba Fall et à ses co-prévenus d'être à l'origine de violences survenues le 5 mars 2016 au siège du PS à Dakar où se tenait une réunion pour définir la position de ce parti sur le référendum constitutionnel du 20 mars 2016, lancé par le président Macky Sall. La révision constitutionnelle a été adoptée avec près de 63% de voix.
Certains de leurs proches parlent plutôt de "jets d'eau, de sable et de sachets plastique" contre des responsables du PS lors de cette journée.
Selon leurs partisans, ils ont été inquiétés en raison de leur proximité avec Khalifa Sall, maire de Dakar depuis 2009, en détention préventive depuis le 7 mars.
M. Sall, probable candidat à l'élection présidentielle de 2019 contre le chef de l'Etat, doit répondre de dépenses "non justifiées" de plus de 2,7 millions d'euros prélevés sur plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de sa mairie, ce qu'il nie.
Ses avocats ont demandé sa mise en liberté provisoire, qui a été rejetée le 3 avril. Ses partisans imputent ses déboires judiciaires à son statut de dissident du PS et de la majorité présidentielle, des allégations réfutées par les autorités.