L’OPPOSITION ET LES NON-INSCRITS FONT BLOC
Les députés de l’opposition et ceux non-inscrits continuent leur bras de fer avec leurs collègues de la majorité parlementaire autour de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire.
L’Assemblée nationale a ratifié hier, mercredi 17 février la liste des membres et le bureau de la commission ad hoc chargée de l’instruction de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko. Opposés à cette procédure, les députés de l’opposition ont accusé leurs collègues de la majorité de chercher à se substituer dans cette affaire à la justice qui a visé X.
Les députés de l’opposition et ceux non-inscrits continuent leur bras de fer avec leurs collègues de la majorité parlementaire autour de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire. Convoqués hier, mercredi 17 février, en plénière de ratification de la liste des membres et du bureau de la Commission ad hoc chargée d’auditionner leur collègue, Ousmane Sonko, dans le cadre de cette procédure, les députés de l’opposition ont boudé la rencontre avant la fin des travaux. S’exprimant devant des journalistes, le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie a déploré une violation des textes de l’Assemblée nationale par le bureau.
En effet, selon lui, le juge du 8ème cabinet a saisi le président de l’Assemblée nationale en citant nommément Ousmane Sonko, alors que sur le réquisitoire introductif du Parquet qui est la seule référence du juge, le Procureur a visé X. «Nous avons quitté la salle parce que le bureau de l’Assemblée nationale a violé les textes. L’article 17 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dit que pour mettre en place une commission ad hoc, le sujet doit être bien déterminé. Alors qu’ici, le procureur a visé X dans son réquisitoire.»
Abondant dans le même sens, Aïda Mbodj citée comme la futur avocate du leader de Pastef lors de son face-à-face avec ses collègues de la commission ad hoc a indiqué qu’« il n’appartient pas à l’Assemblée nationale de définir X ». Poursuivant son propos, elle a ainsi fait remarquer qu’ « il fallait se limiter sur le réquisitoire introductif du Procureur qui ne cite pas expressément X ». Prenant également la parole devant les journalistes en face des grilles du bâtiment de l’Assemblée, Toussaint Manga expliquera lui aussi que le « procureur a visé dans son réquisitoire X alors que le juge d’instruction n’a pas posé d’acte contre X ». « Il n’a pas dit qui est X.
Par conséquent, l’Assemblée nationale ne peut pas désigner Ousmane Sonko comme étant X. Nous avons demandé à Moustapha Niasse si X est un fait bien déterminé. X, c’est l’inconnu, on ne peut pas dire que c’est Sonko X » martèle l’ancien Secrétaire général du Mouvement des élèves et étudiants libéraux. Pour sa part, l’ancien maire de Saint-Louis, Cheikh Bamba Dièye accuse le pouvoir de vouloir faire jouer à l’Assemblée nationale dans cette affaire le rôle de la justice. « On veut que l’Assemblée nationale se substitue au système judiciaire. Ce que nous refusons. Le législateur a séparé le pouvoir judiciaire du pouvoir exécutif et du législateur. Et lorsque ce même législateur a proclamé l’immunité et l’inviolabilité du mandat du député, c’était pour le protéger de la furie de l’exécutif et du judiciaire. La réquisition du procureur de la République à l’endroit du juge d’instruction est très claire. Ce qui est visé, c’est un X qu’il faut aller chercher », a-t-il lancé avant de se demander. « Comment un juge d’instruction qui n’a pas auditionné la plaignante encore moins les témoins mais, sur la base simplement d’allégations de sa supposée imagination débordante, puisse penser que X logerait à l’Assemblée nationale ? ».
Poursuivant son propos, Cheikh Bamba Dieye estimant que «la justice, c’est la procédure et la procédure fait le droit et donne aux citoyens la possibilité de faire valoir leur droit » rappelle que « c’est comme ça qu’ils avaient procédé avec Khalifa Sall en niant non seulement le fait qu’il n’avait pas été assisté par un avocat lors de son audition à la police mais aussi en niant de manière flagrante son immunité parlementaire. Les mêmes faits se rappellent à nos souvenirs aujourd’hui. Au nom de quoi la République et la justice sénégalaise se fourvoient-elles et deviennent l’instrument à travers deux cabinets (2ème et 8ème) parmi les dix que compte le tribunal de grande instance hors classe de Dakar ». Toutefois, prenant également la parole devant les journalistes, les députés de la majorité parlementaire ont commencé par réfuter toute idée de boycott des travaux par leurs collègues de l’opposition.
En effet, selon Néné Marème Kane, leurs collègues de l’opposition veulent tout simplement leurrer l’opinion en se donnant en spectacle de la sorte devant les portes de l’Hémicycle. « Au moment où ils sortaient, on avait déjà fini les travaux de ratification de la liste et des membres du bureau de la commission ad hoc », a-t-elle précisé.
Abondant dans le même sens, le député socialiste, Abdoulaye Wilane a indiqué que « le président de l’Assemblée et la présidente de la Commission des Lois ont bien reçu des Pv où Ousmane Sonko a été nommément cité » avant de préciser que leur collègue, Ousmane Sonko, bénéficie toujours de la présomption d’innocence et que la levée de son immunité parlementaire ne fait pas de lui un coupable des faits qui lui sont reprochés. « Il bénéficie toujours de la présomption d’innocence ». Par ailleurs, la composition du bureau de cette commission ad hoc chargée de l’instruction de cette procédure de levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef se compose comme suit : président : Pape Birame Touré. Vice-Président : Moustapha Mamba Guirassy; 2e Vice-président: Dié Mandiaye Ba. Le Rapporteur est Bounama Sall.