L'APPEL AU DIALOGUE DE MACKY SALL ASSIMILÉE À UNE MANŒUVRE POLITICIENNE
Le président Macky Sall a réitéré, à l'occasion de la fête de Korité, son appel au dialogue lancé, lors du discours à la nation du 3 avril dernier. Mais pour l'opposition, cet appel n'est ni plus ni moins qu'une manœuvre politicienne du président
Le président Macky Sall a réitéré, à l'occasion de la fête de Korité, son appel au dialogue lancé, lors du discours à la nation du 3 avril dernier. Mais pour l'opposition, cet appel n'est ni plus ni moins qu'une manœuvre politicienne de Macky Sall.
Le chef de l'État veut un dialogue entre toutes les forces vives de la nation. C'est pourquoi, après avoir appelé au dialogue le 3 avril dernier, le Président Sall a réitéré son appel avant-hier à l'occasion de la fête de Korité. Une déclaration qui a fait réagir des membres de l'opposition.
Dans sa réponse à son ex-patron, l'ancienne Première ministre Aminata Touré affirme : «Cet appel au dialogue du Président Macky Sall est en réalité une tentative de division de l’opposition et de la société civile regroupées au sein de la Plateforme des Forces vives-F24. Restons unis, mobilisés et vigilants». Cette position de la présidente du Mouvement Mimi2024, candidate à la candidature de la Présidentielle de 2024, est fortement partagée au sein de l'opposition.
Les propos du député de Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, sont assez révélateurs. «Macky fait semblant d'oublier que le 07 mars 2023, nous avons déposé sur la table de l'Assemblée nationale une proposition de loi pour la modification des articles L29, L30 et L57 du code électoral. Macky et son groupe parlementaire Bby refusent de discuter de cela à l'Assemblée nationale. Comment quelqu'un qui empêche un dialogue prévu par la Constitution dans l'Assemblée nationale peut inviter au dialogue ?», a écrit le célèbre activiste avant d'enfoncer le clou : En réalité, celui qui est le plus contre le dialogue dans ce pays est celui qui crie le plus au dialogue, car l'étouffant à l'Assemblée nationale : Macky». En définitive, il soutient : «Ce que Macky veut, c'est passer par l'amnistie de Karim et Khalifa» pour blanchir «ses criminels économiques et de sang. Macky veut aussi passer par l'amnistie pour maintenir l'épée de Damoclès des articles L29, L30 et L57 du code électoral afin de pouvoir empêcher les candidatures de Sonko et des autres. Penser que les citoyens ne comprendront pas cela, c'est - comme le dit son allié – IDYot».
Député membre de la coalition Wallu, Mamadou Lamine Diallo a également réagi à l'appel au dialogue de Macky Sall. «Que retenir des deux sorties médiatiques synchronisées des Présidents Macky Sall et Idrissa Seck? Évidemment une alliance prédatrice pour réduire l’opposition à sa plus simple expression, et une combine de plus contre la démocratie, le protocole Salsec en exécution», tranche le président du Mouvement Tekki crachant ainsi sur l'appel de Macky Sall.
«UNE INSULTE A L'EGARD DE L'OPPOSITION»
Si l’on en croit l’ex-procureur Alioune Ndao, l'appel au dialogue de Macky Sall est une insulte à l'égard de l'opposition et du peuple sénégalais. «Comme à son habitude, il est encore dans la manœuvre politique. Mais cette fois-ci, ça ne passera pas. En effet, comment peut-il appeler au dialogue alors que son régime est dans une logique de démantèlement et d'affaiblissement de l'opposition ? La meilleure manière de montrer sa réelle volonté de dialoguer, c'est d'abord d'éclairer la lanterne des Sénégalais sur son intention de ne pas briguer un inconstitutionnel 3ème mandat et ensuite de libérer tous les prisonniers politiques qui croupissent dans ses geôles. A part ça, tout le reste n'est que bavardage», tonne le secrétaire général du Parti pour la Justice, la Démocratie et le Développement PJ2D Ande Doxal Deug.
Le président du Mouvement "Agir", Thierno Bocoum, a rejeté l'appel de Macky Sall. «La seule oreille attentive que nous prêterons au président de la République, c’est lorsqu’il déclarera qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2024. Il pourra ainsi conduire un processus de dialogue pour une élection présidentielle apaisée, inclusive, libre et transparente», indique Thierno Bocoum avant d’ajouter : «Tout le reste peut attendre son bilan de fin d’année et la rédaction de ses mémoires».