L’OPPOSITION EN MARÉE BASSE
Alors que la troisième vague de covid-19 est en train de faire rage au Sénégal, force est de constater que l’opposition semble moins impliquée qu’au début de l’apparition du virus au Sénégal.
Alors que la troisième vague de covid-19 est en train de faire rage au Sénégal, force est de constater que l’opposition sénégalaise semble moins impliquée qu’au début de l’apparition du virus au Sénégal. Plus encline à tirer sur la gestion du chef de l’Etat, elle est visiblement moins engagée dans la sensibilisation contre ce virus.
Les photos du président Macky Sall recevant les leaders du Pastef, Ousmane Sonko, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall ou encore le mouvement Y en marre par rapport à la gestion de la crise de Covid-19 il y a quelques mois avaient fait le tour du monde. Normal, si l’on connaît les rivalités politiques qui existent entre ces derniers et le chef de l’Etat. Mais ils avaient su dépasser toutes ces considérations politico-politiciennes pour combattre la Covid19. ‘’Ma seule présence dans ce palais montre que l’heure est grave‘’, soutenait en substance l’ancien inspecteur des impôts.
Et pourtant à l’époque, la situation sanitaire n’était pas aussi délétère, alors que l’heure est encore plus grave actuellement avec presque une dizaine de décès dénombrée chaque jour et des centaines de cas positifs. A cela s’ajoute le fait que les structures sanitaires sont au bord de la saturation. Et pourtant, les acteurs politiques de l’opposition ne sont pas trop visibles dans la riposte et la sensibilisation concernant cette pandémie dans sa version Delta.
Imputant pour la plupart la responsabilité de cette troisième vague au président Macky Sall et son régime avec le curseur qui est mis sur ses tournées économiques, ce qui n’est d’ailleurs peut-être pas faux, ils sont moins loquaces sur la sensibilisation. Tout en critiquant ces faits, ces opposants étaient attendus sur le terrain de la communication sur la prévention. Le Sénégal compte plus de 300 partis qui ont tous l’objectif de servir le Sénégal et les Sénégalais. Mais une marche de 1000 km ne commence pas sans un premier pas.
Et l’occasion leur est offerte de faire ce premier pas. Il y aura un temps où forcément, les responsabilités seront situées, d’autant plus que l’opposition n’est pas exempte de tout reproche. La plateforme M2D a organisé plusieurs manifestations où le port du masque n’était pas sa première préoccupation. Quoi qu’il en soit, même si Macky Sall ne doit pas suivre son agenda politique au détriment de la prévention sanitaire, le constat est là et amer.
La Covid-19 est en train de décimer les Sénégalais. Et l’implication de tous est souhaitable pour gagner cette guerre contre ce virus. Les leaders de l’opposition au premier chef. Mais malheureusement, à part le mouvement y en marre et quelques mots éclairs de sensibilisation lors de leurs différentes interventions dans les medias et sur les réseaux sociaux, son implication reste muette.
L’engagement de l’opposition dans sa globalité n’est pas à la hauteur de l’ampleur de cette troisième vague. La même détermination qu’elle a à organiser des marches et des rencontres pour vilipender et dénoncer la mauvaise gouvernance du régime au nom de l’intérêt général, elle doit mettre la même énergie pour sensibiliser leurs militants et ceux qui ont une plus grande influence sur les populations.
Le président du Pastef Ousmane Sonko pourrait user de son aura, chose qu’il fait jusqu’à présent faiblement, pour aider les acteurs de la santé dans la gestion de la Covid-19. D’autres leaders influents de l’opposition ou de la société civile comme Khalifa Sall, Guy Marius Sagna, Barthelemy Dias, Dr Babacar Diop, pourraient aussi faire la même chose. Il y va de la survie des Sénégalais et même de la démocratie. Car force est de dire qu’à ce rythme, aucune perspective électorale n’est envisageable. Il faut exister et en bonne santé pour voter. Donc l’union sacrée au tour de cette troisième vague est plus que nécessaire entre le gouvernement et l’opposition. On juge aussi un homme politique sur ce qu’il peut laisser pour l’intérêt de son peuple. Et c’est le moment pour tous les acteurs politiques de faire ce compromis. Les querelles politiques doivent être reléguées au second plan. Et pour s’en convaincre, ils n’ont qu’à ouvrir un peu leurs fenêtres pour voir l’ampleur du désastre…