LUNDI DE TOUS LES DANGERS
Le bras de fer entre le pouvoir en place, via la justice, et Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes, membre ou leader de la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi, c’est selon, est encore reparti pour un autre tour
Placé en position de garde à vue après son arrestation, vendredi dernier, pour «vol de portable avec violence et appel à l’insurrection », Ousmane Sonko est présenté au doyen des juges d’instruction ce jour, lundi 31 juillet, suite à un retour de parquet. Poursuivi par le Parquet pour sept chefs d’inculpation, le leader de Pastef-Les Patriotes sera auditionné par le juge Oumar Maham Diallo pour une éventuelle inculpation et un placement sous mandat de dépôt. Sauf tsunami propre à Dame justice.
L e bras de fer entre le pouvoir en place, via la justice, et Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes, membre ou leader de la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi, c’est selon, est encore reparti pour un autre tour. Et pour cause, alors que l’affaire « Sweet Beauty » qui lui avait valu une condamnation à deux ans de prison ferme pour…corruption de la jeunesse et non aux motifs de « viol et menaces de mort » était presque à l’angle mort, voilà qu’un nouveau feuilleton est ouvert par le maître des poursuites. Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, a été arrêté à son domicile, vendredi dernier, et placé en garde à vue pour « vol de téléphone et appel à l’insurrection ». Et cela, quelques jours seulement après la levée des barrières policières érigées devant son domicile, un blocus long de cinquante-cinq jours.
Dans la foulée de l’arrestation, le procureur de la République s’est fendu d’un communiqué pour donner les raisons pour lesquelles Ousmane Sonko a été interpellé. Le chef du parquet accusait alors l’opposant d’avoir « volé avec violence le portable d’une femme gendarme et d’avoir appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt». Le texte du Procureur de relever : « Ainsi, ce jour, dans l’aprèsmidi, il a volé avec violence le téléphone portable d’une femme gendarme, dont le véhicule était tombé en panne aux abords de son domicile, et a aussitôt appelé, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt ». Après audition dans les locaux de la Brigade des affaires générales de la DIC, Ousmane Sonko a été alors placé en garde à vue, comme l’a confirmé sa défense pour « vol de téléphone et appel à l’insurrection ».
LE PROCUREUR CHARGE DAVANTAGE SONKO
En point de presse organisé le lendemain, samedi 29 juillet, le Procureur du tribunal de grande instance de Dakar de Dakar révèle qu’Ousmane Sonko est poursuivi pour sept chefs d’accusation. Et Abdou Karim Diop de relever : « Il sera poursuivi pour appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sureté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais également vol de téléphone portable ».Qui plus est, a tenu à faire savoir le chef du parquet, les faits présumés de « vol d’un téléphone portable appartenant à une gendarme […] sont juste un élément déclencheur de son arrestation qui était d’ailleurs imminente ». « Toutes les procédures énoncées, qui ont causé des dégâts matériels inestimables, ainsi qu’une quarantaine de morts entre mars 2021 et juin 2023, convergent inéluctablement vers Ousmane Sonko », a soutenu le procureur. Non sans conclure en disant que la procédure concernant Ousmane Sonko « est pratiquement bouclée », et que « l’État […] prendra toutes les disposions nécessaires pour maintenir l’ordre et préserver la sécurité des personnes et des biens de toute menace ».
A L’ECOUTE DU JUGE D’INSTRUCTION
Annoncé pour faire face au juge d’instruction, samedi, en fin d’après-midi, le leader de Pastef sera finalement auditionné ce lundi 31 juillet, selon des sources concordantes. Reste maintenant à savoir si son éventuelle inculpation et un placement sous mandat de dépôt ne vont pas déclencher le feu aux poudres ? Surtout quand on se rappelle les évènements de mars 2021 et juin 2023 qui ont dégénéré en émeutes urbaines, partout dans le Sénégal, occasionnant plus d’une quarantaine de morts, selon le chef du parquet lui-même.