MACKY GAGNE, SANS GLOIRE
Les voix de Benno Bokk Yaakaar s'effritent et un futur difficile attend la majorité
On se mord les doigts quelque part au sommet de l’Etat. Les résultats des législatives annoncent déjà les quelques bouts de phrase à écrire sur l’entrée probable d’un jeune Président dans l’histoire politique du Sénégal. Un mandat et paf ! A moins que…..
Ce que sera la prochaine présidentielle, s’est-il déjà dessiné à la lecture des résultats « catastrophiques » de la coalition amenée par la mouvance présidentielle ? Des législatives où la photo du Président Sall a trôné partout, sans heurter aucun démocrate. Jusqu’à ces lignes, aucun observateur n’a fustigé la liberté d’action politique utilisée par Benno, en flagrante violation de la loi, à utiliser l’effigie du chef de l’Etat dans des élections qui ne le regardent pas. Du moins sur le principe du respect de la Constitution et de la loi électorale. Ils s’en sont pris à cœur de joie, comme l’ours et la confiture, et malgré cela, les électeurs ont diversifié leur vote. Un éparpillement qui a un peu nuit à l’opposition et fragilisé en même temps un homme, un jeune Président, pourtant élu à une large majorité en 2012. Depuis, dans la gestion des libertés publiques, collectives et individuelles, que de fautes et de bourdes commises. Des combats qui ne lui ont rien apporté, sinon l’éloignement des cœurs et des espoirs. Et comme le pouvoir rend aveugle, Macky Sall, entouré de trotskistes et de socialistes qui l’ont utilisé pour finir leur combat contre un Wade qui n’est plus en exercice, a glissé sur des peaux de bananes.
La question qui se pose d’emblée est de savoir en cinq ans, qu’est-ce qui s’est passé pour qu’une telle désaffection électorale se produise, au point de faire trembler tout un système ? Si Me Wade en est arrivé, avec le silence, à fédérer des milliers de voix, qu’en serait-t-il s’il avait parlé avec l’aura qu’on lui connait ? Qu’en serait-il si la coalition gagnante et Manko Taxawu Sénégal avait fédéré leurs forces ? La lecture des résultats sur l’ensemble du territoire donne certes la coalition Benno Book Yaakar gagnante devant Wade et Khalifa Sall toujours en prison. Les Sénégalais ont fait la queue et voté librement pour ceux qui ont disposé de leurs cartes. Dès lors, à ce niveau, aucune contestation n’est possible. Par contre, rien qu’en ajoutant les voix obtenues par Me Wade et le maire de Dakar, cela renseigne sur la défaite sociologique du Président Sall. Une défaite sociologique que lui a infligée un peuple d’électeurs et qui montre déjà les prémices de la future présidentielle. Si l’on y ajoute la montée en puissance du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR), amené par les Moustarchidines, la messe semble être dite. Arithmétiquement. Pour le moment.
Cependant, comme en politique les analyses et les projections ne sont jamais forcément justes, il serait toutefois surprenant, avec cette dynamique de gestion des libertés, que le Président Sall puisse trouver les ressources nécessaires pour rectifier le tir à moins de deux ans. La crise sociale est là, le chômage des jeunes corse l’addition sociale, le manque d’eau, pour ne pas dire la soif qui déshydrate les populations de Dakar et environ, la pagaille qui a entouré l’organisation d’une élection sans électeurs, pour ne citer que ces condiment qui bouillent dans la marmite sociale, le Président Sall a du pain sur la planche. A ces heures sombres, malheureusement, il lui manque des cerveaux capables, loin de l’effervescence et de la vie en châteaux, de lui tracer la nouvelle Direction. Et pourtant, il suffit de savoir lire…