MACKY, À L’ÉPREUVE D’UNE AMBITION «AUDACIEUSE»
L’idée de la poursuite, au-delà de la présidentielle de 2024, du compagnonnage de la majorité présidentielle, fait son petit bonhomme de chemin, avec des propositions qui fusent au sein de ladite coalition.
De la transformation de ladite mouvance en un grand parti à l’idée d’une direction politique unifiée, en passant par la nécessité d’une analyse froide, pour éviter que des forces politiques de l’opposition actuelle prennent le pouvoir en 2024, la transformation «inédite» de Bennoo Bokk Yaakaar (Bby) et de toute la mouvance présidentielle en une grande formation politique se cogite, en amont.
L es remous internes au Parti socialiste (Ps), notamment la question de la succession du défunt Secrétaire général du parti, Ousmane Tanor Dieng, avec comme corolaire le maintien de l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall, en prison, remettent au goût du jour la volonté prêtée au chef de l’Etat, Macky Sall et à son camp d’œuvrer pour la constitution d’une grande formation politique qui réunirait toute la mouvance présidentielle.
La question de l’adaptation de cette recette expérimentée en France, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, aux réalités politiques sénégalaises se pose alors avec acuité. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette idée germe au sein de ladite mouvance, depuis la présidentielle de 2019, remportée par son candidat, le président sortant Macky Sall, avec plus de 58% des suffrages valablement exprimés. Déjà, tout juste après sa réélection, en début mars dernier à Rufisque, le président Macky Sall avait invité les responsables de sa coalition dans cette localité à maintenir leur unité jusqu’aux prochaines élections locales. Si le chef de l’Etat s’est simplement limité, pour le moment, aux futures échéances, son poulain, non moins président du Groupe parlementaire Bby, Aymérou Gningue, pousse la réflexion plus loin.
En effet, dans une interview accordée à Sud quotidien, le vendredi 12 avril dernier, le député Gningue avait exprimé son souhait de voir une évolution dans la structuration de leur coalition. Pour lui, «de Bennoo Bokk Yaakaar, on est passé à la Majorité présidentielle. Donc, il faut réfléchir à avoir une direction politique unifiée. Il faut que les formes changent et que nous puissions avoir de l’audace pour aller vers une unité politique». Cette opinion du parlementaire de l’Alliance pour la République (Apr) vient rejoindre l’idée émise par le Secrétaire général adjoint de la Ligue démocratique (Ld), non moins Porte-parole des “Jallarbistes“.
Dans un entretien accordé au journal L’As, le mercredi 10 avril dernier, Moussa Sarr voulait d’une coalition Bby avec une longévité hors du commun. A son avis, «Bennoo doit survivre au-delà de 2024. À la Ld, nous voulons que la coalition Bby se transforme en un grand parti de rassemblement pour garder le pays jusqu’en 2035. C’est notre souhait et nous travaillons pour y arriver», suppute-t-il.
NECESSITE D’UNE ANALYSE FROIDE DE CETTE AMBITION «AUDACIEUSE» ?
Si ces responsables politiques de l’Apr et de la Ld affichent déjà leur souhait de voir une transformation de la mouvance présidentielle en un parti politique, du côté du Directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, à savoir le Professeur Bouna Mohamed Seck, «l’analyse froide» est nécessaire pour «les meilleures décisions pour notre pays».
S’expliquant sur les ondes de la radio privée Sud Fm, en mars dernier, le Chargé des élections à l’Alliance des forces de progrès (Afp), sur la base des résultats de la présidentielle dernière, estime que «si les principales composantes de Bby, à savoir l’Afp, l’Apr et le Parti socialiste, présentent chacune un candidat en 2024, ce qui est certain, c’est que nous irons à un 2ème tour. Et il y a des risques que d’autres forces prennent le pouvoir». Même si rien n’augure du sort réservé à la mouvance présidentielle, d’ici les prochaines joutes électorales, ce qui est constant, c’est que les partis membres de ladite majorité agitent de plus en plus l’idée de la structuration de Bby, à même de former une seule formation politique. Ce qui est sûr et certain, il sera difficile pour une formation politique, à elle seule, de gagner une présidentielle au Sénégal. Toutefois, l’épreuve de l’élection locale à venir sera déterminante quant au sort qui sera réservé à cette ambition «audacieuse» du président Macky Sall et son camp.