MACKY SALL APPELLE À CULTIVER LE RESPECT
Colloque international sur le dialogue des religions
Hier, à l’occasion de l’ouverture du colloque international axé sur le thème : « 50 ans après Vatican II. L’Afrique et l’héritage d’Alioune Diop : le dialogue des religions et les défis du temps présent », le parrain, le président Macky Sall qui a présidé la cérémonie, a invité à cultiver le respect qui induit l’acceptation du prochain dans son héritage culturel et ses croyances religieuses. Il a aussi invité à unir nos forces et intelligences contre le terrorisme, l’intolérance et toutes les formes de violence physique, intellectuelle ou morale.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a signifié que plus que la tolérance qui définit la faculté de s’accommoder de l’autre, nous devons cultiver le respect qui induit l’acceptation du prochain dans son héritage culturel et ses croyances religieuses.
«Voilà pourquoi nous devons tous, pouvoirs politiques, religieux et laïcs, unir nos forces et nos intelligences contre le terrorisme, l’intolérance et toutes les formes de violence physique, intellectuelle ou morale », a-t-il renchéri.
« Encore que nous devons mener ce combat parce que les préjugés contre lesquels se battaient Alioune Diop et ses compagnons continuent d’agiter le monde », a-t-il rappelé.
Regrettant que certains, imbus d’une légitimité que personne ne leur a conférée et dont personne ne sait d’où ils la tirent, se croient toujours investis d’une mission divine de penser pour les autres et de les diriger, y compris par la violence, Macky Sall a soutenu que ceux qui tuent au nom de Dieu ont, en réalité, perdu ce qui fait l’essence même du message divin, c’est-à-dire la foi et la raison.
Il a rappelé le commandement sans équivoque de Dieu : «Tu ne tueras point ». Mieux, en tant qu’hommes et femmes de bonne volonté, en tant que frères et sœurs obéissant à la même chaîne monothéiste du commandement divin, le président lance : «voilà donc ce qui nous renvoie à nos devoirs, pour rester fidèles à l’image de Dieu; puisque comme le prescrivent les Saintes Ecritures, l’homme est le vicaire de Dieu sur terre».
Aussi, en nous inspirant de nos traditions et des messages authentiques que l’Islam et le Christianisme ont en commun, a-t-il indiqué, nous devons, sans cesse, aider à la revitalisation de cette mission de paix et de fraternité humaine dévolue à l’homme. Le président précise : « c’est cela aussi l’esprit du Concile Vatican II. Et c’est cela le sens du message d’Alioune Diop ».
Alioune Diop, pionnier du dialogue des cultures
Le chef de l’Etat a, en outre, noté sa joie de prendre part à cette réflexion commune sur une rétrospective qui nous rappelle à la fois la portée historique d’une belle œuvre et sa brûlante actualité.
«De toute évidence, si l’on en juge par l’état du monde, y compris notre voisinage immédiat, le sujet nous interpelle doublement. Il interpelle notre quotidien, de même qu’il questionne notre avenir commun et celui des générations futures. Cette initiative mérite notre estime et notre respect d’autant plus qu’elle honore un esprit brillant, un illustre fils du Sénégal et de l’Afrique, Alioune Diop. On l’appellerait aujourd’hui un citoyen du monde », a témoigné Macky Sall.
Pour lui, Alioune Diop qui a mené, de front, le combat pour la reconnaissance de l’identité culturelle négro-africaine en créant la maison d’édition « Présence Africaine » et la « Société africaine de culture » (devenue Communauté africaine de Culture), a su faire vivre sa culture dans sa spiritualité.
«Voilà qu’il nous rassemble aujourd’hui autour de deux valeurs qui nous sont chères, comme il les avait vécues : notre foi et notre culture. Alioune Diop est un pionnier du dialogue des cultures et des civilisations. Mais ce qui singularise l’hommage que nous lui rendons aujourd’hui, c’est sa propre relation à la religion sous le prisme de la culture universelle», a indiqué le président de la République.
De l’avis du chef de l’Etat, Alioune Diop était « un leader et un visionnaire », c’est-à-dire animé « d’un esprit capable de se libérer des servitudes du présent pour comprendre et interpréter les signes du futur, parfois lointains, quand rien n’est encore évident pour le commun des mortels ».
Il lance aux participants au colloque : «Il vous appartient, hommes et femmes intellectuels engagés, laïcs, prêtres, théologiens et experts qui participez à ce colloque, d’évaluer, cinquante ans après, ce que l’initiative inédite d’Alioune Diop a fécondé comme résultats par rapport aux attentes qu’elle a suscitées ».
«Votre voix compte. Par la qualité des participants, vos débats, j’en suis persuadé, seront riches et variés. Je voudrais, pour ma part, rappeler ici mon attachement au dialogue des cultures et des religions pour un monde de paix et de fraternité humaine», a-t-il poursuivi.
Humanité fragmentée
Alpha Amadou Sy, président de la Communauté africaine de culture (section sénégalaise), a soutenu que nous constituons aujourd’hui une humanité fragmentée. «Notre humanité est terriblement éprouvée par de nouvelles formes de conflits. Il urge alors de questionner nos structures traditionnelles pour articuler les valeurs à soi et celles de l’autre afin de créer des conditions idoines, d’égalité, de liberté, de fraternité, de justice et de paix», a-t-il dit.
Pour sa part, le Pr Aloyse Raymond Ndiaye, coordinateur du comité scientifique du colloque, a lui indiqué que les évènements que nous vivons incitent à avoir une foi religieuse raisonnée, réfléchissante. « Une foi qui n’est pas réfléchie, raisonnée se confond à une simple opinion et non à un dialogue », a-t-il fait valoir.
A l’initiative du conseil pontifical de la culture et du symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, en partenariat avec la conférence épiscopale de l’Afrique de l’Ouest et de la communauté africaine de culture du Sénégal, ce colloque international s’achève le 28 janvier prochain.
En attendant, les participants vont se pencher sur divers thématiques dont : « l’Afrique et l’église avant Vatican II », « le Concile Vatican II et l’église africaine » ainsi que « le dialogue des religions et les défis du temps présent».