MACKY SALL AUX INVALIDES ET À L’ELYSÉE
AU DEUXIÈME JOUR DE SA VISITE D’ETAT
Paris, 20 déc (APS) - La République française rend les honneurs ce mardi matin au Sénégal, aux Invalides et à l’Elysée, à l’occasion de la visite d’Etat du président Macky Sall dont le but est de magnifier "les liens réellement exceptionnels" entre les deux pays.
Exécution des hymnes nationaux, honneurs militaires, défilé des troupes à la cour des Invalides, réception à l’Elysée : les symboles ne vont pas manquer pour rendre hommage au Sénégal, à la dimension de ses relations avec la France.
Le chef de l’Etat sénégalais aura ainsi droit aux honneurs de la France lors de la cérémonie d’honneurs militaires à l’Hôtel des Invalides, en présence du Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Après l’hôtel des Invalides, le président de la République se rendra au Palais de l’Elysée accompagné par la garde républicaine.
Le président Sall sera salué au pied du perron d’honneur par le chef du protocole et accueilli par François Hollande sur les marches.
Suivront une séance de présentation des délégations dans le vestibule d’honneur et un entretien restreint entre les deux chefs d’Etat dans le salon des portraits.
François Hollande et Macky Sall s’entretiendront ensuite en présence des délégations dans le salon des Ambassadeurs. Ils rejoindront le Jardin d’hiver pour une cérémonie de signature d’accords, puis le Salon Napoléon 3 pour une conférence de presse.
Elu en 2012, Macky Sall a effectué en France sa première visite hors d’Afrique, le 18 avril 2012. Le président François Hollande a lui aussi effectué sa première visite officielle en Afrique subsaharienne au Sénégal, le 12 octobre 2012.
Une visite d’Etat est "le summum" dans l’ordre protocolaire des visites, selon l’ambassadeur de France au Sénégal, Christophe Bigot, rappelant qu’il y a les visites privées, les visites de travail, les visites officielles.
"Au sommet, il y a les visites d’Etat. Ce sont les plus intenses, les visites où il y a le plus de rendez-vous politiques. Ce sont aussi des visites longues. Ce sont des visites où tous les honneurs sont rendus", a expliqué le diplomate.
Il ajoute : "Les personnalités seront là pour consacrer la relation exceptionnelle entre les deux pays".
"Cette visite permettra de travailler sur des sujets extrêmement importants, que ce soit l’économie, la culture, la sécurité. Nous avons devant nous des sujets très concrets sur lesquels il faut que nous avancions", a dit M. Bigot.
Le diplomate a présenté le Sénégal comme "un partenaire extraordinaire", saluant sa "relation intime" avec la France, "une relation très étroite" dans les domaines politique, économique et de la sécurité.
La relation entre le Sénégal et la France, a-t-il rappelé c’est aussi 350 ans d’histoire. "C’est un pays stable, sûr", constate le diplomate français, relevant que le poste de Dakar est "très important" dans la hiérarchie diplomatique de la France.
Christophe Bigot a aussi relevé la présence de 10.000 étudiants sénégalais en France et 200 000 Sénégalais établis dans l’Hexagone.
Inversement, quelque 30 000 Français sont installés au Sénégal, ce qui en fait le pays "où il y a le plus de Français en Afrique Sub-saharienne".
Relations économiques
De même, la France présente le Sénégal comme l’un de ses "principaux partenaires" en Afrique.
Pour le ministère français des Affaires étrangères, le Sénégal se positionne ainsi comme le 57e client de la France dans le monde et son 3e en Afrique de l’ouest après le Nigéria (1,5 milliard d’euros) et la Côte d’Ivoire (1 milliard d’euros).
La France est aussi le premier fournisseur du Sénégal, selon la même source, soulignant que les échanges entre les deux pays (853 millions d’euros en 2015) sont favorables à Paris avec un excédent commercial de 681 millions d’euros en 2015).
En 2015, la croissance des exportations françaises au Sénégal était tirée par les équipements ménagers, les machines industrielles et agricoles et les matériaux de transport, malgré la baisse des produits pétroliers (-15%, soit une baisse de 45 millions d’euros).
Ces exportations portent sur les céréales (14%), les produits des industries agro-alimentaires (11%), les équipements et machines (25%), les produits pharmaceutiques (11%), le carburant (6%).
Du Sénégal, les importantes françaises se chiffrent entre 70 et 100 millions d’euros et sont composées de produits agricoles et de la pêche.
La France se veut aussi le premier investisseur au Sénégal avec un stock d’IDE (Investissements directs étrangers) de 1,7 milliard d’euros et les entreprises françaises emploient dans le pays prés de 15000 personnes.
Parmi ces entreprises, l’on peut citer Orange à travers sa filiale Sonatel, première entreprise du pays, Bolloré qui exploite la concession du terminal roulier du Port de Dakar, Atos dans le marché de l’informatique, le Club méditerranée, Eiffage dans les infrastructures.
Appui au développement
Le Sénégal est également un des pays prioritaires pour l’attribution de l’aide publique au développement à travers l’Agence française de développement (AFD) présente dans le pays depuis 1946.
Selon le ministre français des Affaires étrangères, l’AFD a engagé, depuis 2000, plus de 1,3 milliard d’euros au Sénégal, tous produits et secteurs confondus.
La moyenne annuelle des engagements est passée de 152 millions d’euros sur la période 2008-2014. En 2015, l’agence a engagé 149,8 millions d’euros, signale-t-on.
Chaque année, l’AFD engage environ plus de 100 millions d’euros sous forme de prêts et de subventions afin de soutenir des programmes et projets améliorant les conditions de vie des populations et la compétitivité de l’économie.
L’AFD intervient dans la promotion du développement humain (éducation, formation professionnelle, santé), le développement urbain et le financement des infrastructures urbaines, le développement durable (contribution au redressement de l’électricité, l’agriculture et le développement rural), les appuis au secteur privé (financement de projets et accès au crédit des entreprises).
Accord de défense
Paris et Dakar sont aussi liés, depuis le 18 avril 2012, par un traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire qui rénove la relation de défense signée en 1974. Ce document a été signé par le président nouvellement élu, Macky Sall, et Nicolas Sarkozy, alors chef de l’Etat français.
Jusqu’en 2011, la coopération en matière de défense a été réalisée par des forces pré-positionnées permanentes au Sénégal : les Forces françaises du point d’appui de Dakar créées en 1960, les Forces françaises du Cap-Vert ensuite dès la signature de l’accord du 29 mars 1974.
Le 31 juillet 2011, les Forces françaises du Cap-Vert, ont été dissoutes et remplacées par les Éléments français au Sénégal (EFS) constituant désormais un "pôle opérationnel de coopération".
Le traité de 2012 prévoit des échanges de vues, d’informations et de renseignements relatifs aux risques et menaces à la sécurité nationale, l’organisation, l’équipement et l’entraînement des forces, le cas échéant par un soutien logistique, des formations et des exercices bilatéraux.
A cela s’ajoutent l’organisation et le conseil aux forces mettant en œuvre des actions de formation militaire, de soutien technique et la mise à disposition de coopérants militaires techniques français, la formation des membres du personnel sénégalais par leur accueil ou leur admission en qualité d’élève ou de stagiaire dans les écoles militaires françaises.
PACT
La coopération entre la France et le Sénégal est également visible dans le domaine de lutte contre le terrorisme à travers le Plan d’action contre le terrorisme (PACT), d’un montant de 460 millions de francs CFA.
Financé par le Fonds de solidarité prioritaire du ministère français des Affaires étrangères, ce PACT vise le renforcement des capacités des services de police et de gendarmes sénégalais, ainsi que des magistrats impliqués dans la lutte contre les menaces liées au terrorisme.
Signé en octobre 2016, le PACT a une composante "prévention et détection de la menace", visant à "renforcer les capacités des services de renseignement et de sécurité", une composante "intervention et mise en œuvre d’obstacles à l’action terroriste" qui consiste à "améliorer les capacités opérationnelles d’intervention et la protection des personnalités exposées".
Il a aussi une composante "enquête judiciaire" comprenant la formation des enquêteurs de la police, de la gendarmerie et les magistrats.