MACKY SALL GAGNE SON PARI
Plus de 8 heures d'échanges civilisés avec les forces vives
C'est sous les chapeaux de roue que le dialogue national lancé par le Président Macky Sall a démarré, avant-hier, au Palais. Le chef de l'État a finalement gagné son pari, après plus de 8 heures d'échanges civilisés avec les forces vives de la Nation.
Politiques, chefs religieux et coutumiers, membres de la société civile, ont répondu massivement répondu, hier, à l'appel au dialogue national lancé par le chef de l'État. La rencontre, qui s'est tenue à la salle des banquets du Palais, a duré plus de 8 tours d'horloge et a servi de tribune aux acteurs susnommés pour dire leurs vérités devant le chef de l'État.
"Le pays repose sur des institutions. Avant de prendre une décision, le Président doit dialoguer. On doit aussi dialoguer pour sécuriser le pays et le mettre sur de bons rails", a, d'abord, indiqué Issa Laye, représentant du Khalife des layènes. Une déclaration confortée par El Hadji Amadou Mountaga Tall, venu représenter la famille omarienne. Selon lui, "il faut renforcer ce dialogue social".
Mais, pour le représentant du Khalife des mourides, le Sénégal a des cadres de dialogue. "Il y a la paix au Sénégal. Les 'Magal' et les 'Gamou' sont des lieux de dialogue et d'éducation. Il nous faut des valeurs, travailler et soutenir les familles", a dit Cheikh Bara Maty Lèye, qui répondait à Macky Sall qui a appelé à lutter contre le terrorisme.
Quant à Ibrahima Diagne, Grand Serigne de Dakar, il a fait le procès des formations politiques. "Ce sont les partis politiques qui nous apeurent. Ils se chamaillent tout temps. Vous passez votre temps à vous insulter et à vous jeter des invectives. Il faut arrêter vos querelles", a-t-il asséné, avant d'inviter le chef de l'État à "pardonner, aider et soutenir la population".
Bamba Dièye : "Pourquoi se précipiter pour installer une institution, juste pour caser des personnels politiques?"
De son côté, Baïdy Agne du patronat a estimé que le Sénégal a besoin de paix sociale pour émerger. "Nous nous réjouissons de cette rencontre, et nous pensons que cela pourra nous aider à construire un futur commun. Le secteur privé vous invite à installer un processus de développement humain, la bonne gouvernance et la transparence. Le secteur affirme que le Sénégal peut se construire sans beaucoup de problèmes", a déclaré M. Agne.
Pour sa part, Cheikh Bamba Diéye du Fsd/Bj dira : "Quel que soit le niveau de divergence, l'opposition doit répondre. Je suis à l'aise en venant, ici, parce que ce lieu nous appartient. Ce pays n'est pas pour nous, on doit le gérer pour les générations futures. Nous voulons que notre pays soit une démocratie moderne On vous a répondu sur une gouvernance sobre et vertueuse. Dialogue ne veut pas dire compromis. Car tout compromis mène à la compromission qui pose encore plus de problèmes. Nous ne sommes pas venus pour qu'on aille ensemble, mais pour qu'on parle du pays. Dans le dialogue, chacun amène ses idées. Nous ne sommes pas venus vous accompagner. Nous sommes venus pour le respect des engagements pris". Avant de "brûler" le Haut Conseil des collectivités territoriales. "On s'est battu pour qu'il n'y ait pas d'institution budgétivore. On s'est battu pour que l'utilisation des ressources soit gérée dans les meilleures des conditions. L'Acte 3 de la décentralisation est en balbutiement, pourquoi se précipiter pour installer une institution, juste pour caser des personnels politiques ? Au nom de quoi, certains sont plus habilités que le commun des Sénégalais à user de l'argent public pour caser des alliés.
Jean-Paul Dias: "Il faut dialoguer avec ceux qui étaient là, quand la nuit était noire"
Exposant ses doléances, il a souligné : "La radio-télévision sénégalaise n'a pas fait une bonne couverture du référendum. Elle doit une part égale à toutes les composantes du pays. Vous êtes le président de la République, et vous pouvez rétablir ce déséquilibre qui n'honore pas notre pays. Je ne peux pas imaginer un homme aussi intelligent, comme les gens le disent, puisse laisser cette situation perdurer. Effaçons les problèmes, et nous avançons. Le référendum a montré qu'on a un problème. Réglons ce problème avant de dialoguer".
Prenant la parole, le leader du Bloc des centristes gaïndé (Bcg) a affirmé : "Nous sommes pour le dialogue, mais il faut dialoguer avec ceux qui étaient là, quand la nuit était noire. Monsieur le Président, il faut dialoguer avec vos Coalitions, vos alliés, surtout ceux de la première heure. Parce qu'ils ont le sentiment que d'autres décident à leur place, et cela est frustrant". Sur la pluralité des partis politiques, Jean-Paul Dias de soutenir : "Les statistiques du ministère de l'Intérieur vous ont fait dire qu'il y a 267 partis politiques. Je me permets d'en douter. Il n'y a pas 267 partis politiques. Il faut élaguer la liste, et je suis prêt à aider le ministre de l'Intérieur à faire le toilettage, parce qu'il y a des partis politiques qui n'existent que de nom. Je peux citer le Pls, Cdp/garab-gui, Pai, et tant d'autres partis fantômes".
Macky Sall : "La première urgence de ce dialogue national, c'est le dialogue politique"
Le format adopté pour le lancement du dialogue et les discours qui ont tiré en longueur ont été déplorés par Cheikh Tidiane Gadio de "Luy jot jotna". L'ancien ministre des Affaires étrangères a déclaré : "Nous sommes là depuis plus de cinq (5) heures, et on n'a pas encore fini, alors que la conscience humaine ne peut avoir plus de 45 minutes de concentration". Dans la même veine, il s'est désolé du fait que la diaspora n'ait pas été représentée : "C'est vraiment dommage qu'on n'ait pas trouvé le moyen d'associer la diaspora à un tel événement. Parce qu'après tout, ils ont un mot à dire quant au fonctionnement de notre pays avec leur forte part contributive dans l'économie nationale".
Tirant les conclusions de la rencontre, le chef de l'État s'est félicité du "bon déroulement" du dialogue, tout en portant la réplique à ses détracteurs. "La première urgence de ce dialogue national, c'est le dialogue politique. On a eu ce que nous voulions, parler de la situation du pays, et l'opposition a fait ses critiques", a indiqué le chef de l'État. Avant de souligner : "On n'a pas des problèmes de transparence dans les élections. On a dépassé ça. Ne nous faites pas reculer en arrière".
Et a ceux qui jettent le discrédit sur son ministre de l'Intérieur, il dira : "On a organisé une élection, et on a perdu. L'Apr a été battue lors des Locales à Dakar. Nous sommes pour la transparence et pour tout ce qui peut rendre notre démocratie meilleure. Je ne confondrai pas les intérêts du parti à ceux du pays. Ne nous faites pas faire ce que vous n'avez pas fait, lorsque vous étiez là. Quand on gagnait les élections c'est Ousmane Ngom qui était ministre de l'Intérieur, et il était du Pds. Ne me demandez pas que le président de la République ne soit pas, en même temps, le président de son parti, alors que quand vous étiez au pouvoir, vous n'aviez pas voulu dissocier ces fonctions".
Macky Sall a également relevé que le point de divergence du référendum est tiré des points de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). "Le problème du référendum, c'est la Cnri, cela ne vient pas de moi", a précisé le chef de l'État qui a indiqué que les Législatives de 2017 auront lieu en mai ou juin, selon le calendrier républicain.
Le chef de l'État, pour pérennisé cet événement a annoncé qu'il fait désormais du 28 mai la journée nationale du dialogue.