«SI VOUS CONTINUEZ A VENDRE TOUT TERRAIN QUI EXISTE…»
Le président de la République a averti les maires sur la gestion des terres en leur faisant savoir que s’ils continuent « à vendre tout terrain qui existe… tôt ou tard, nous serons obligés de prendre des mesures de sauvegarde »
Macky Sall souhaite que les litiges fonciers soient réduits à leur plus simple expression dans notre pays. Lors de sa rencontre, hier jeudi 10 octobre 2019, avec les élus locaux, il les a invités à revoir la distribution des terres. Ce, afin que le Sénégal ne puisse pas connaitre des conflits liés à cette question comme c’est le cas dans certains pays d’Afrique. « Nous avons un sujet qui fâche, que les élus locaux ne veulent pas entendre. C’est la question foncière. C’est une question difficile qui est le principal facteur d’instabilité au niveau national », a d’emblée soutenu le chef de l’Etat. Selon lui toujours, on peut comprendre que, dans la région de Dakar où vit 25 % ou 30 % de la population, sur une portion de 0,3 % du territoire national, qu’il y ait une pression foncière, mais cela n’occulte en rien la prise en compte d’une réflexion sérieuse entre l’État et les collectivités pour que « notre pays ne vive pas ce qu’ont vécu un certain nombre de pays en Afrique Australe, où toute la terre a été privatisée», a-t-il fait savoir. « Vous le voyez déjà à Pikine, à Guédiawaye, des fois on veut vous donner des infrastructures, mais il n’y a pas de terrains disponibles pour faire un hôpital, un lycée, une université n’en parlons même pas. Si on continue à faire la spéculation foncière, à vendre tout terrain qui existe cela va rentrer dans un domaine privé. Et donc les générations futures elles auront quoi ? », a-t-il interpelé son auditoire. Il faut que l’on réfléchisse très sérieusement sur cette question, il faut une réforme et voir comment il faut distribuer les terres, at-il ajouté. « Même si au départ par le développement de l’agriculture, on permettait aux conseils municipaux et conseils ruraux de délibérer, pourtant on leur laissait aussi le soin de donner toute la terre qui soit sur le ressort de leurs territoires. Mais j’invite à la réflexion car tôt ou tard nous serons obligés de prendre des mesures de sauvegarde », a averti le chef de l’État. Dans le même ordre d’idées, Macky Sall a aussi abordé la question de l’état civil qui est également une problématique dans notre pays. Selon lui, avec la montée en puissance du terrorisme, la question de l’état civil devient une question centrale qu’il faut voir de près. Cette question, pense-t-il, doit être stabilisée dans toutes les communes du Sénégal.
« Si on continue à vendre tout terrain qui existe tôt ou tard nous serons obligés de prendre des mesures de sauvegarde »
Par ailleurs, le chef de l’Etat a fait savoir que son option est de faire jouer pleinement aux collectivités locales leur rôle dans la vie de la Nation. Et cette option est, indique-t-il, irréversible. Toutefois, il a reconnu que le Sénégal connait des incohérences territoriales ainsi que l’étouffement de ses villes. « Donc, il faudra avec intelligence revoir la question des limites territoriales de nos communes dans la solidarité et dans l’équité. Cette évaluation de la seconde étape est en train d’être finalisée. Il y a des incohérences à corriger sans créer des situations dramatiques comme nous l’avons connu dans le passé. Parmi ces incohérences, il y a le statut et les nouvelles compétences des villes qui méritent réflexions. Il s’y ajoute la fonction publique locale et le statut de l’élu local », a expliqué Macky Sall. Il a appelé à une mobilisation des élus pour lui permettre de concrétiser son ambition pour le Sénégal après sa réélection pour un second mandat. « Ce qui vous attend, ce qui nous attend, appelle une mobilisation nationale. La mobilisation de tous les acteurs, état central comme collectivités territoriales. En mettant en œuvre l’acte 3 de la décentralisation, j’avais fait un pari pour des exécutifs locaux forts. J’ai déjà pris l’option et la décision de renforcer les transferts de l’État vers les collectivités territoriales. Comme vous le savez et comme vous pouvez le constater, rien de durable ne pourra se réaliser à travers les différentes initiatives et programmes que je viens d’évoquer sans l’engagement et l’implication personnelle des élus locaux que vous êtes et des exécutifs locaux. Comment pourrait-on réaliser le ‘’Zéro déchet’’ sans les collectivités territoriales? Impossible ! Comment pourrait-on réaliser le ‘’Zéro bidonville’’ sans les élus locaux ? Comment réaliser le Pse vert dans nos reforestations, sans les territoires ? » questionne le président de la République devant les parties prenantes de cette rencontre.
« Nous avons dépassé le temps du rattrapage infrastructurel»
Macky Sall a également évoqué le Pap 2 qui, selon lui, est un temps nouveau qui confirme son « option de mettre l’homme au début et à la fin du développement ». « Le Pap 2 s’inscrit à la suite du rétablissement de la croissance économique. On a quitté les croissances de 1, 2, 3 % et depuis plus de 6 ans maintenant notre croissance se situe au-dessus des 6,5 %. Nous avons même dépassé les 7,2 % en 2018. Nous avons dépassé aussi le temps du rattrapage infrastructurel. Vous vous rappelez, il a fallu mettre à niveau l’électricité, les routes, les pistes mais aussi les infrastructures hospitalières, entre autres, dans ce pays. Ce moment a également été le temps du lancement du programme d’inclusion sociale et d’équité territoriale avec la Cmu, le programme national de Bourse de sécurité familiale ; votre programme le Pudc, Promoville, Puma, entre autres. Le temps nouveau qui s’annonce sera celui des initiatives majeures. Et là, je compte sur les élus locaux pour reverdir le Sénégal et pour nettoyer nos villes et nos campagnes en vue d’avoir un Sénégal propre. Le Pse fait cap sur l’industrialisation pour accélérer le processus de transformation structurelle de notre économie » s’est encore autoglorifié le Président.
Macky sollicite l’implantation personnelle des élus locaux dans ses projets de développement
Macky Sall a encore sollicité l’implication personnelle des élus locaux — dont les mandats ont expiré depuis longtemps ! — pour l’accompagner dans ses projets de développement, lors d’une rencontre avec ces derniers. Comme vous pouvez le constater. A l’en croire, rien de durable ne pourra se réaliser à travers les différentes initiatives, programmes et projets sans l’engagement et l’implication personnelle des élus locaux. Pour illustrer sa thèse, le président s’est demandé comment par exemple pourrait-on réaliser le programme zéro déchet sans les collectivités locales ? Comment pourrait-on réaliser le projet zéro bidonville sans les élus locaux ? Comment réaliser le PSE vert sans les territoires ? ». Selon lui, l’implication des élus locaux est une obligation pour toutes les initiatives du nouveau Programme d’actions prioritaires 2019-2023 du Plan Sénégal émergent (PSE). Il a ajouté : « Comme vous pouvez le constater, la réalisation des différents programmes nécessite une mobilisation nationale de tous les acteurs, Etat central comme collectivités territoriales ». Macky Sall a ainsi réitéré son option et sa décision de renforcer les transferts de l’Etat vers les collectivités territoriales. Il a en conclusion révélé avoir instruit le ministre en charge des Collectivités territoriales, Oumar Guèye, en relation avec ses collègues des Finances et de la Coopération à mettre en place un Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (PACASEN).