MACKY SALL OBTIENT LE SOUTIEN DE LA MAJORITÉ PARLEMENTAIRE
Le chef de l’Etat a reçu hier le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (Bby) pour lui expliquer les contours, les fondements et la pertinence de la réforme concernant la suppression du poste de Premier ministre
Le chef de l’Etat accélère la cadence pour la mise œuvre de son projet de réforme constitutionnelle. Il a expliqué hier aux députés de Bby les contours du projet de loi qui sera examiné aujourd’hui en conseil des ministres et envoyé aussitôt à l’Assemblée nationale. Macky Sall a expliqué les raisons qui sous-tendent cette réforme inattendue. Il estime que pour réussir son quinquennat, il lui faut aller vite.
Le Président Macky Sall ne perd pas de temps pour matérialiser sa volonté de procéder très rapidement à la suppression du poste de Premier ministre. Le chef de l’Etat a reçu hier le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (Bby) pour lui expliquer les contours, les fondements et la pertinence de cette réforme.
Conduit par le président de l’Assemblée Moustapha Niass, le groupe Bby a été reçu longuement par Macky Sall. Après les allocutions respectives de Moustapha Niass, Aymérou Gningue, Seydou Diouf, Cheikh Seck et Ndèye Lucie Cissé et du Premier ministre, Macky Sall a remercié les députés pour leur apport dans sa réélection et pour les combats épiques qu’ils ont menés au cours des années passées. Aussi a t-il tenu à s’expliquer sur la réforme qu’il envisage de mener avant de leur demander de se mobiliser pour l’adopter dès qu’il leur sera soumis. En effet dès son adoption en Conseil des ministres, le texte sera immédiatement envoyé à l’Assemblée nationale pour examen. Les parlementaires de Bby sont invités à se mobiliser le jour de l’examen du projet de loi puisqu’il faut les 3/5, environ une centaine de députés, car il s’agit d’une modification constitutionnelle. «Il m’arrivait d’avoir besoin d’un dossier, mais quand j’appelle le Premier ministre, il me répondait que c’était avec un tel ministre, lequel te dira que ça y est avec un tel directeur. Avec la nouvelle réforme, le Président traite directement avec les ministres. Ce qui va nous permettre de réussir le Fast Track. Certains parlent déjà d’un troisième mandat, mais je n’y pense même pas. Cinq ans, c’est très court, je veux réaliser beaucoup de choses avant de partir», a déclaré Macky Sall. Par ailleurs, il indique que le texte va contribuer au renforcement des pouvoirs du législatif, Puisque dans l’esprit de la loi, l’Assemblée Nationale sera plus autonome. Autrement dit, le président de la République ne pourra plus dissoudre l’Assemblée nationale. Celle-ci également perd son contrôle sur le gouvernement, puisqu’elle ne sera plus habilitée à déposer une motion de censure.
TOUT DEPUTE NOMME MINISTRE RETROUVE SON MANDAT DES QU IL QUITTE LE GOUVERNEMENT
Autre nouveauté dans la réforme, selon le chef de l’Etat, un député nommé ministre reprend son siège dès qu’il est démis de ses fonctions ministérielles. «Je sais que le suppléant dira : «je suis assis, je ne quitte pas», a-t-il dit, suscitant ainsi l’hilarité dans la salle. Le message du chef de l’Etat a été bien perçu par les députés. Il a reçu les assurances et les encouragements des différents orateurs, à savoir Moustapha Niasse, Cheikh Seck, Ndèye Lucie Cissé, le président de la commission des Lois Seydou Diouf et le président du groupe parlementaire Aymerou Gningue. Tous les parlementaires présents à la rencontre ont pris l’engagement de voter le texte avec une majorité écrasante. Cependant, les députés ont profité de l’occasion pour exprimer quelques doléances. Ils ont déploré le manque de considération dont ils font l’objet, notamment lors des cérémonies officielles. Par exemple des députés avaient boudé la cérémonie de prestation de serment du président de la République, faute de sièges. En réponse à leurs récriminations, Macky Sall leur a administré une leçon de citoyenneté avant de promettre d’en parler au Gouvernement. «Il faudra faire preuve de compréhension. Parfois, pour des raisons de sécurité surtout avec la menace terroriste, les forces de sécurité peuvent être amenées à ouvrir les malles de vos véhicules. Il faut les comprendre, faire preuve de sérieux et refuser de se donner en spectacle», recommande le chef de l’Etat.
LES CONFESSIONS DE MACKY SUR LE GOUVERNEMENT
Par ailleurs, le Président Macky Sall, assisté du Premier ministre, des ministres Ismaëla Madior Fall et Me Malick Sall et de son directeur de cabinet Dr Augustin Tine, est revu sur la formation du gouvernement. «Ce fut très difficile, même pour moi parce qu’il fallait prendre en compte beaucoup de critères, notamment géographiques, d’équité territoriale , etc », explique le chef de l’Etat. Mais les ministres qui ne sont pas reconduits sont aussi méritants que les nouveaux. «Il faut qu’ils le sachent, ils ont fait du bon travail, mais ils peuvent être utilisés ailleurs. Même chez les alliés, avec la largeur de coalition, il était judicieux que chacun s’y retrouve, mais il fallait faire un choix. Et qui dit choix dit élimination», clame le Président Macky Sall.