MACKY SALL PARE AU PLUS PRESSÉ
Pour remplacer Idrissa Seck, le chef de l’Etat a nommé Abdoulaye Daouda Diallo, quant aux deux ministres démissionnaires, leurs départements seront gérés par le Premier ministre Amadou Ba

Comme on pouvait s’y attendre depuis l’annonce samedi dernier, jour de la célébration de la korité, par l’intéressé luimême de sa démission de la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE), le président de la République, Macky Sall, a mis fin par décret, hier, aux fonctions de Idrissa Seck. Par la même occasion, il a aussi mis fin aux fonctions des ministres des Sports, Yankhoba Diatara, et de l’Elevage et de la Production animale, Aly Saleh Diop, tous deux démissionnaires et membres du parti Rewmi d’Idrissa Seck. Pour remplacer Idrissa Seck à la tête du CESE, le chef de l’Etat a nommé Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et qui, jusqu’à sa nomination hier, assumait les fonctions de ministre d’Etat, directeur de cabinet du président de la République. Quant aux deux ministres démissionnaires, leurs départements seront gérés par le Premier ministre Amadou Ba. Lequel cumulera donc ses fonctions avec celles de ministre des Sports et aussi de l’Elevage et des Productions animales.
C’est hier que le patron de Rewmi a officialisé sa démission à la tête de l’assemblée consultative qu’est le Cese. Un divorce à l’amiable matérialisé par une lettre faisant les éloges de la gestion “admirable” des affaires du pays par Macky Sall. “Au moment où, par la présente, je soumets à votre attention ma démission de la fonction de Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), je voudrais rendre grâce à Dieu de l’ensemble des bienfaits dérivés du secours d’Allah puis de la jonction de nos forces au bénéfice des populations sénégalaises et africaines”, a écrit Idrissa Seck à l’entame de sa lettre tout en rendant grâce à Dieu de lui “avoir permis d’être le témoin privilégié” de la conduite admirable par Macky Sall des destinées de notre pays et de notre continent.
Idy tout miel
“Beaucoup d’adversaires politiques ont cherché à tourner en dérision ma confession que la critique formulée en son temps et limitant votre vision à Diamniadio, s’est révélée infondée, au regard de vos nombreuses réalisations. Qu’ils entendent les populations du Fouta, du Sine Saloum, du Cayor, du Diambour, du Baol, etc. dont la soif est étanchée grâce aux forages du PUDC, etc. Qu’ils empruntent l’autoroute Ila Touba et celle allant vers Kaolack. Qu’ils enjambent les ponts sur le fleuve Gambie, le fleuve Casamance, le fleuve Sénégal ainsi que ceux interconnectant plusieurs territoires jadis enclavés, alors, ils n’auront d’autres choix que de me laisser « dire à ta regrettée et vaillante maman, Coumba TIMBO (Paix et Miséricorde d’Allah sur elle), que tu as bien travaillé”, a encore témoigné Idrissa Seck, tout miel, avant de rappeler que “quelle que soit la consistance du bilan, aucune œuvre humaine ne saurait être parfaite”.
Et le candidat arrivé deuxième à la dernière présidentielle de 2019 de poursuivre à l’endroit de son précieux frère et désormais ancien patron : “Ma conviction est que vous à la tête du pays pour le temps qu’Allah Seul Décidera de vous Accorder et moi, de retour comme Chef de l’Opposition, nous continuerons, chacun à sa place, de contribuer au rayonnement de notre pays en Afrique et dans le monde, de veiller à ce que sa démocratie, sa stabilité et sa légendaire téranga ne soient compromises ni par le populisme, encore moins par quelque extrémisme que ce soit. Qu’Il plaise au Seigneur des Mondes de préserver le Sénégal, l’Afrique et le monde des terribles menaces liées, entre autres, au changement climatique et aux nouvelles technologies qui, sciences malheureusement utilisées sans conscience, ruinent les âmes d’une jeunesse insuffisamment préparée au monde d’aujourd’hui et de demain ».
Abdoulaye Daouda Diallo, le profil de l’emploi
Pour remplacer Idrissa Seck, le président de la République n’a pas cherché loin. Il a jeté son dévolu sur son ministre d’Etat directeur de cabinet. Lequel, ayant gravi tous les échelons de l’administration, a l’étoffe et le profil pour diriger l’organe consultatif qu’est le CESE. En effet, Abdoulaye Daouda Diallo a été successivement, de 2000 à 2022, inspecteur des Impôts et domaines, directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (LONASE), secrétaire général du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (ancienne dénomination du CESE),secrétaire général de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget d’avril 2012 à septembre 2013, ministre de l’Intérieur de septembre 2013 à 2017, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement de septembre 2017 à avril 2019 et ministre de l’Economie et des Finances jusqu’au remaniement ministériel de septembre 2022. Outre son épaisseur intellectuelle, le maire de la commune de Boké-Dialloubé reste un atout sûr pour préserver le titre foncier du président de la République que représente le Fouta, particulièrement le département de Podor dont il est le coordonnateur pour la mouvance présidentielle.
Le Pm Amadou Ba gère les portefeuilles vacants en attendant le grand chamboulement
Si le président n’a pas cherché loin pour trouver le remplaçant idéal à Idrissa Seck, pour combler le vide laissé par les ministres de Rewmi à la tête des départements des Sports et de l’Elevage et de la Production animale, il ne s’est pas encore décidé. En demandant au Premier ministre Amadou Ba de gérer ces deux portefeuilles ministériels cumulativement à ses fonctions à ses fonctions, le chef de l’Etat se donne le temps, à moins de 10 mois de la présidentielle du 25 février 2024, pour trouver les bonnes combinaisons. Son actuel ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, qui pouvait hériter du département des Sports n’a pas l’étoffe pour une telle mission et un retour de Matar Ba, l’ancien patron du département empêtré dans de nombreux scandales, semble exclu à moins que Macky Sall ne veuille rendre exécrables ses derniers mois à la magistrature suprême du pays. Surtout que d’autres cadres républicains, très compétents et qui ont fait un peu partout leurs preuves peuvent servir à la tête des deux départements laissés vacants par les ministres de Rewmi et confiés provisoirement au Premier ministre, Amadou Ba. Une véritable quadrature du cercle pour Macky Sall !