MACKY SALL REFUSE DE TRANCHER
Le cocotier n’a pas été secoué. Le nouveau Code électoral, qui va être voté aujourd’hui, va à coup sûr maintenir le statu quo pour bon nombre de questions qui préoccupent les Sénégalais.
Aujourd’hui, l’Assemblée nationale va examiner le projet de loi portant nouveau Code électoral. D’aucuns s’attendaient à ce que le chef de l’Etat tranche les points de désaccords. Mais, Macky Sall a préféré maintenir le statu quo pour ceux-ci et intégrer tout simplement les points consensuels dans le nouveau texte.
Le cocotier n’a pas été secoué. Le nouveau Code électoral, qui va être voté aujourd’hui, va à coup sûr maintenir le statu quo pour bon nombre de questions qui préoccupent les Sénégalais. Ils étaient nombreux à penser que le président de la République allait se positionner en arbitre et trancher les divergences des dialogueurs. Ces derniers lui avaient d’ailleurs filé beaucoup de patates chaudes. Préférant s’en laver les mains, le chef de l’Etat a tout simplement intégré les points consensuels dans le nouveau Code et maintenu le statu quo pour les désaccords. Au nombre de cinq, on peut relever en premier lieu le parrainage pour les élections présidentielle et législatives. Malgré les mises en garde de la Cour de Justice de la Cedeeao, le gouvernement du Sénégal a tenu à le maintenir pour ces deux scrutins précités. Pour ce qui est du bulletin unique, la majorité présente à la table du dialogue a toujours opposé son véto.
Et en refusant de statuer, le Président Sall fait le jeu de la majorité. Pour ce qui est des autorités en charge des élections, c’est également le statu quo. Pas surprenant dans la mesure où les autorités n’ont jamais montré une velléité de changer la donne et de confier l’organisation des élections à une entité neutre. Toujours dans la série de désaccords non tranchées, il faut mettre les articles L31 et L32 du Code électoral existant qui privent les personnes condamnées pour plus de 5 ans d’une inscription sur le listes électorales et par ricochet de toute possibilité de participation en tant que candidat aux scrutins électoraux. Cinquième point de désaccord non réglé, c’est la fixation de la caution. Au niveau de la commission politique, certains voulaient que le montant soit fixé dans le code électoral. Tandis que d’autres ne l’ont pas appréhendé de cette manière. Et faute d’accord, le gouvernement a laisser les choses en l’état. De ce fait, l’ancienne option a été maintenue. Ainsi, la caution va être à chaque fois fixée par le ministère de l’Intérieur au plus tard à 150 jours des élections après concertations avec les partis politiques.
DES BIZARRERIES NOTEES
Par ailleurs, joint au téléphone, le coordonnateur du pôle des non-alignés a confié qu’il y a des bizarreries par rapport à certaines dispositions du nouveau Code. En effet, dit-il, il y a un consensus qui a été acté lors du dialogue politique et qui a été retouché. Il s’agit, selon lui, de l’interdiction d’avoir un double statut c’est-à-dire d’être cumulativement candidat pour les listes départementales et communales. «Dans le texte soumis à l’Assemblée nationale ; je me suis rendu compte que cette interdiction n’est pas mentionnée, alors que c’était un consensus acté», affirme-t-il. Pour ce qui est de la possibilité d’être inscrit à la fois tête de liste proportionnelle de la ville et tête de liste majoritaire de la Commune, poursuit-il, on ne mentionne pas l’interdiction dans le nouveau code électoral. Toujours selon Déthié Faye, lors des concertations, il était prévu en cas d’égalité de suffrage entre deux listes, d’appliquer la moyenne d’âge et de désigner vainqueur la liste qui a la moyenne d’âge la plus élevée. Malheureusement, se désole-t-il, il a été appliqué dans le nouveau Code la moyenne d’âge des têtes de liste en compétition. «Nous pensons peut-être que c’est par inadvertance que ces incohérences sont intervenues. Nous invitons le ministre de l’Intérieur à apporter les rectifications nécessaires afin que les engagements du président de la République soient respectés», a déclaré le coordonnateur du pôle des non-alignés au dialogue politique.
En ce qui concerne les points d’accords pris en compte dans le nouveau Code, on peut relever des innovations majeures dans les domaines suivants : l’établissement et le contrôle des listes électorales, les élections des députés, les élections des conseillers départementaux communaux et de Ville, le vote des personnes handicapées, l’inscription des Sénégalais vivant à l’étranger, l’élection des Hauts conseillers, la proclamation des résultats, les votes hors bureau originel, le nombre d’électeurs par bureau de vote et le nouveau découpage administratif. «Ce projet de nouveau Code intègre différentes préoccupations des formations politiques. Il renforce la confiance entre les acteurs et permet d’élargir et d’approfondir la participation des citoyens à la vie politique», lit-on dans l’exposé des motifs. Et le document de préciser que pour les dispositions transitoires, il a été retenu pour les besoins des élections territoriales de 2022, que certains citoyens utilisent leurs cartes d’électeur dès lors que les données électorales n’ont pas été impactées. Il a été indiqué en définitive que la tenue des élections territoriales en janvier 2022, rend nécessaire le réaménagement du calendrier pour l’élection des Hauts conseillers dont le mandat en cours prend fin le 30 novembre 2021.