«MACKY SALL VEUT FORCER LE DESTIN POUR AVOIR UN DEUXIÈME MANDAT»
Habib Sy, ancien ministre d’Etat et d'autres membres du Front patriotique pour la Défense de la République sont en tournée pour informer les chefs religieux sur la situation politique du Sénégal
Une délégation du Front Patriotique pour la Défense de la République (Fpdr) était hier l’hôte de la famille Ndiéguène de Thiès. Cette visite, selon Habib Sy ancien ministre d’Etat, directeur de Cabinet du Président Wade, entre dans le cadre d’une tournée d’information et de sensibilisation des chefs religieux sur la situation politique du pays. L’ancien maire de Linguère reproche à Macky Sall de poser des actes par lesquels il veut forcer le destin dans le but d’avoir un deuxième mandat.
C’est par la famille Ndiéguène de Thiès que le Front pour la Défense de la République (FPDR) a entamé une tournée auprès des autorités religieuses. Cette visite, de l’avis d’Habib Sy (ancien directeur de Cabinet du Président Wade), servira à les informer de la situation politique du Sénégal et les alerter sur les «pratiques politiques dangereuses» du Président Macky Sall et de son gouvernement. «Le Président Macky pose des actes par lesquels il veut forcer le destin pour avoir un deuxième mandat sans aucun problème», a tonné l’ancien maire de Linguère. Pour lui, les pratiques dangereuses de Macky Sall se sont traduites récemment par des manipulations de la Constitution et de la loi électorale, dans un but d’empêcher des candidats de l’opposition de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Parmi ces pratiques, Habib Sy cite le système du parrainage «reconnu de fait comme étant une barrière contre les candidats de l’opposition. C’est pourquoi, nous sommes venus alerter les autorités religieuses, pour qu’elles comprennent que ces pratiques anti démocratiques peuvent même être plus dangereuses que ce qui est appelé la malédiction du pétrole. Nous sommes guidés par le souci d’instaurer un climat de paix et de sérénité dans ce pays. Mais tel ne semble pas être la conviction du Président Macky Sall. Compte tenu de notre responsabilité en tant que leaders de partis et de mouvements politiques, nous ne pouvons pas l’accepter. C’est pour cela que nous avons senti le devoir et même l’obligation de parler aux autorités religieuses en tant que régulateurs sociaux, et les informer de cette situation. Nous l’avons fait et une oreille attentive nous a été prêtée, et nous avons été compris», affirme l’ex-ministre de l’Agriculture. Même si la loi sur le parrainage a été votée, indique-t-il, rien n’empêche au pouvoir, dans le cadre d’un dialogue, de surseoir à la mise en œuvre et à l’application de cette loi jusqu’après l’élection présidentielle de 2019. «Personne n’est contre le filtrage, mais faudrait-il que cela se passe dans le cadre d’une concertation large et inclusive. Si cela n’est pas fait, force est de souligner que le pays court un grand danger.
C’est ce que les leaders de l’opposition veulent à tout prix éviter», dit Habib Sy qui pense qu’il faut «freiner l’ardeur dévastatrice de la démocratie du Président Macky Sall». A l’en croire, la mobilisation et le combat contre les pratiques antidémocratiques vont se poursuivre de plus belle. Ainsi, il a annoncé une manifestation nationale le 13 juillet prochain. Interpellé sur l’arrêt de la Cour de la CEDEAO sur l’affaire Khalifa Sall, il soutient que cette décision indique clairement que les droits du prévenu n’ont pas été respectés. Ce qui veut dire que tout s’écroule après cet arrêt. Par voie de conséquence, dit-il, la Cour demande la libération de Khalifa Sall et condamne l’Etat du Sénégal à lui payer 35 millions de Fcfa. «C’est un honte pour notre Etat», souligne Habib Sy. Il se dit par ailleurs dépité d’entendre le ministre de la Justice dire que cet arrêt ne lie pas l’Etat du Sénégal. «Qu’en est-il des traités internationaux signés par ce même Etat ?», s’est-il interrogé avant d’accuser les tenants du pouvoir d’accélérer les procédures pour que Khalifa Sall ne soit pas candidat à la présidentielle de 2019. «Mais qu’ils sachent qu’il y aura d’autres Khalifa Sall». Par ailleurs, Habib Sy juge que le débat autour de l’inscription de Karim Wade constitue une autre idiotie de ce gouvernement. «Je persiste et signe que Karim Wade s’est bien inscrit sur les listes. Il s’est déplacé du Qatar au Koweït, tout le monde l’a vu, et il détient son récépissé.
D’ailleurs, le ministre de la Justice avait dit à l’époque que Karim Wade n’avait pas perdu ses droits civiques et politiques. Ils ont trouvé le subterfuge de changer les dispositions de la loi électorale pour dire que, pour être candidat, il faut d’abord être électeur, ce qui est tout à fait contraire aux dispositions de la Constitution», clame Habib Sy. Après la famille Ndiéguène de Thiès, la délégation comprenant Mamadou Diop Decroix, Mamadou Lamine Massaly, Issa Sadio Kanouté, s’est rendue à Thiénaba et Ndiassane. Et selon Habib Sy, tous les foyers religieux du pays seront visités.