MACKY CRÉE LA CONTROVERSE
La sortie du chef de l’Etat qui a littéralement menacé de révocation les maires qui s’adonneraient à des recrutements hors du cadre légal prévu par la loi, n’est pas passée chez certains
La sortie du chef de l’Etat qui a littéralement menacé de révocation les maires qui s’adonneraient à des recrutements hors du cadre légal prévu par la Loi, lors de la cérémonie différée de remise des cahiers de charges à l’occasion du 1er mai, n’est pas passée chez certains acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition. En effet, réagissant à cette sortie du chef de l’Etat, la réplique a été ferme du côté d’Abass Fall. L’actuel premier adjoint au maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, que d’aucuns ont cité comme la principale cible de cette menace du chef de l’Etat à cause des contrats qu’il a accordés à l’activiste Guy Marius Sagna et au capitaine Seydina Oumar Touré révoqué des cadres de la Gendarmerie nationale, a lancé à l’endroit du chef de l’Etat : «« Tu ne révoqueras personne !». S’exprimant lui aussi sur cette sortie du chef de l’Etat, le Coordonnateur de la section sénégalaise de Transparency international «Forum civil », Birahim Seck a rappelé à l’endroit du Président Sall que le maintien illégal à l'Armp et à la Cena de Saër Niang et Doudou Ndir dont les mandats sont terminés depuis longtemps est également une violation flagrante des lois. Pour leur part, Moussa Sarr, porte-parole de la Ligue démocratique (Ld) et Dr Malick Diop, porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (Afp), soulignent que le président n’a pas fait une menace mais plutôt un rappel au respect des lois qui nous registrent. Interpellé également sur cette sortie du chef de l’Etat, Sidya Ndiaye, Secrétaire général de l'intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales a révélé que c’est lui qui a interpellé le chef de l’Etat sur cette question après constat des cas pratiques de maires qui, dès leur installation, ont demandé à des travailleurs de rester chez eux sans notification en violation de la loi et de la règlementation.
ABASS FALL, 1ER ADJOINT VILLE DE DAKAR A MACKY SALL : « Tu ne révoqueras personne ! »
« Macky Sall après avoir essayé d'effacer Dakar des collectivités territoriales, après avoir tenté en vain de nommer un maire pour Dakar, après avoir été battu à Dakar et toujours rongé par cette défaite cuisante qui frôle l'humiliation, tente désespérément de menacer et de façon non courageuse le maire Barthélémy Dias de révocation. Les Dakarois attendent avec impatience qu'il passe à l'acte. Cette souffrance tirée de cette défaite l'a rendu amer et il ne manque aucune occasion et de façon inconsciente de montrer sa rancœur. Il nous parle du respect des règles régissant les institutions, lui qui passe tout son temps à violer les règles institutionnelles, constitutionnelles et d’élégance républicaine. Macky Sall ne peut et ne doit aucunement nous donner des leçons en la matière. Ce qu’il refuse d’admettre, c'est que lui-même est sous révocation. L'acte le concernant a été déjà décrété et établi. Il ne reste que la signature finale du peuple qui se fera en 2024. Auparavant, la première étape sera celle des élections législatives du 31 juillet 2022 qui va consacrer définitivement le divorce entre le peuple et un président qui appartient au passé».
BIRAHIM SECK, COORDONNATEUR DU FORUM CIVIL » «Le maintien en fonction de l'actuel DG de l'Armp… et celui du Président de la Cena sont une violation flagrante des lois »
« Monsieur le Président de la République, effectivement toutes nominations en dehors de l'organigramme fixé par les lois et règlements sont nulles et de nul effet mais aussi, le maintien en fonction de l'actuel DG de l'Armp alors qu'il a fini son mandat depuis 2017, ainsi que celui du Président de la CENA sont une violation flagrante des lois et règlements pour ne citer que ces exemples ».
SIDYA NDIAYE, SECRETAIRE GENERAL DE LA FGTS) : « C’est moi-même qui ai interpellé le chef de l’Etat sur cette question, nous avons des cas pratiques de maires… »
« C’est moi-même qui ai interpellé le chef de l’Etat sur cette question. Je lui ai dit que nous n’avons pas compris que certains, dès leur installation, commencent à faire une chasse aux sorcières en voulant se séparer des collaborateurs qui sont en place depuis longtemps en vue dès les remplacer par leurs propres militants. Le président a été très clair. Une fois que les élections sont terminées, la maire n’a plus de couleur politique. Elle (mairie) est là pour la collectivité et doit servir toute la population. Nous avons des cas pratiques de maires qui, dès leur installation, ont demandé à des travailleurs de rester chez eux sans notification en violation de la loi et de la règlementation. J’en profite d’ailleurs pour rappeler que la loi sur la fonction publique locale est entrée en vigueur. Tous les décrets d’application ont été signés. Le dernier en date concerne le Centre national de la fonction publique locale et de la formation qui a été créé pour gérer l’effectif et la masse salariale ainsi que conduire la formation des élus. Ce dernier décret a permis de nommer un directeur général qui va gérer la structure et un Conseil d’administration au sein duquel vont siéger de manière paritaire l’administration, les travailleurs et les élus locaux. D’ailleurs, la première session de ce Conseil d’administration s’est tenue et cette rencontre a permis de fixer des objectifs et les ambitions pour les années à venir. Aujourd’hui, seuls 350 travailleurs n’ont pas encore fait l’objet d’arrêté d’intégration sur un effectif de 11 000 et plus de travailleurs des collectivités territoriales. Et toutes les villes et départements sont concernés par ces 350 travailleurs qui n’ont pas encore fait l’objet d’arrêté d’intégration ».
MOUSSA SARR, PORTE PAROLE DE LA LD : « Ce que le président a dit n'est pas une menace mais plutôt un rappel au respect des lois ... »
«J’ai écouté le président de la République et je voudrais dire que je marque mon accord par rapport à la déclaration à laquelle vous faites allusion. Et pour moi, le président Macky Sall n’a pas menacé les maires. Je pense que nous devons être très clairs dans le sens du discours. Je le dis avec beaucoup d’insistance. Il ne s’agit nullement d’une menace dirigée contre tel ou tel maire. Ce que le président de la République a dit est très clair. Les collectivités territoriales sont des démembrements de l’Etat et nous sommes dans un Etat organisé, un Etat dont le fonctionnement est régi par des lois et des règlements. Nous sommes en démocratie et les lois nous régissent. C'est nous qui avons voté les lois qui régissent l’Etat du Sénégal. Voilà pourquoi tous les citoyens sénégalais, quel que soit leur niveau de responsabilité, doivent tous se soumettre aux lois que nous nous sommes librement donnés. Tous les citoyens sénégalais, qu’ils soient des citoyens sans aucune responsabilité ou qu’ils soient des citoyens qui ont une responsabilité dans la gestion des affaires de l’Etat. Dans ce sens donc, les maires comme le reste des Sénégalais qui sont à d’autres degrés de responsabilité, eux tous, doivent respecter les lois que nous avons dans ce pays-là. C’est la raison pour laquelle le président a raison de rappeler, parce que ce que le président a dit c’est un rappel au respect des lois et des règlements en vigueur. Parce qu’un maire, un directeur général, un ministre ou même le président de la République ne peut pas faire ce qu’il veut. Ce que le président fait, c’est ce que le ministre, le directeur général ou le maire ou n’importe quel Sénégalais doit forcément obéir aux lois qui régissent. Et c'est à ce titre là que ce que vous appelez une menace, pour moi ce n’est pas une menace, mais c’est juste un rappel au respect des lois qui nous régissent. Parce qu’imaginez simplement, si un maire d’une telle collectivité fait ce qu’il veut, un ministre fait ce qu’il veut, un directeur général fait ce qu’il veut, nous ne serons plus dans une République, nous ne serons plus dans un État. Et ça, c’est justement ça qui va menacer la stabilité d’un État. Si chacun de nous fait ce qu'il veut, c'est ça qui sera une menace à l’Etat, sera une menace à la République. Donc si nous voulons sauvegarder notre République, si nous voulons préserver notre État, chacun de nous doit respecter les lois et les règlements. Parce qu’un maire, il a un exécutif local mais également le conseil municipal et le maire ne peut pas faire ce qu’il veut. Quand le maire veut prendre une décision, il doit soumettre sa décision au conseil municipal qui délibère. Parce que les conseils municipaux également, ils sont élus. Ils sont élus et le maire doit également respecter la volonté du conseil municipal qui ne doit pas, lui-même, faire ce qu’il veut et doit également obéir. C’est pourquoi d’ailleurs, c’est par là que je termine, le préfet et le sous-préfet sont ceux qui doivent garantir le contrôle de l’égalité. Si le préfet ou le sous-préfet assiste à une délibération du conseil municipal, c’est pour permettre de garantir le contrôle de l’égalité. Parce que tout ce que nous faisons dans les conseils municipaux et les conseils départementaux qui sont des démembrements de l’Etat, tout cela doit obéir aux lois qui régissent notre État. Donc en conclusion, pour moi le discours du président de la République, ce n'est pas une menace mais un rappel au respect des textes».
DR MALICK DIOP DE L’AFP : « C’est bien de rappeler les règles de fonctionnement, surtout qu’il y a des gestionnaires de collectivités territoriales nouvellement nommés… »
« C’est un rappel concernant la gestion globale. Le président a parlé aussi bien des structures de l’Etat au niveau central comme décentralisé. A savoir d’une part les structures qui sont dans le cadre du secteur parapublic avec la possibilité naturellement le pouvoir rendre compte de ce qu’elles font. Le Président a bien précisé surtout à ce titre que si on veut faire des résultats, il faut le faire dans un cadre où la gestion ne va pas être une gestion de gabegie principalement pour les structures qui relèvent directement de l’Etat central. À côté, le Président a parlé également des structures de l’Etat décentralisé, à savoir les collectivités territoriales en précisant que leur gestion doit être transparente, en plaidant également que les règles dans le cadre de la gestion soient suivies, que ça répondre aux dispositions légales que les gens respecteront. Donc, c’est bien de temps en temps, de rappeler les règles de fonctionnement des structures surtout qu’il a des gestionnaires de collectivités territoriales nouvellement nommés… »