MAGUETTE THIAM DU PIT ET OUSMANE BADIANE DE LA LD LIVRENT LEUR VERITE
Anciens acteurs des Assises nationales, Maguette Thiam, ex-Secrétaire général du Pit et Ousmane Badiane, chargé des élections de la Ligue démocratique (Ld) s’enfoncent dans le fond du débat actuel sur l’avenir des assises nationales
Anciens acteurs des Assises nationales, Maguette Thiam, ex-Secrétaire général du Pit et Ousmane Badiane, chargé des élections de la Ligue démocratique (Ld) s’enfoncent dans le fond du débat actuel sur l’avenir des assises nationales. Interpellés par Sud quotidien hier, vendredi 8 juin, dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire de ces larges concertations initiées en 2008 par des acteurs politiques et sociaux, les deux responsables politiques semblent adopter une position de prudence.
MAGUETTE THIAM, ANCIEN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PIT : «Le contexte qui a conduit aux Assises nationales a changé»
Le contexte qui a conduit aux Assises nationales a changé de même que la politique poursuivie au Sénégal à l’époque par le régime libéral du président Wade pour que l’on puisse entrevoir une autre dynamique de développement qui prenne en charge de façon prioritaire les conditions de la démocratie pour un autre avenir du Sénégal. Maintenant, il est évident que lorsque vous vous adressez à des personnes comme des responsables du Pit Sénégal, notre objectif est vraiment une société libérée, notre conception du travail est le développement des communautés sans exclusif. Mais, il y a déjà un important travail qui a été fait, notamment dans la conception des programmes de société qui prennent en compte des préoccupations des Sénégalais. Je pense que cela doit être considéré comme un pas absolument important réalisé grâce aux Assises nationales. Car, l’essentiel était surtout de restaurer les circuits qui permettent d’entrevoir le changement et nous pensons que les Assises nationales ont constitué un pas fondamental pour que le Sénégal puisse s’inscrire dans la dynamique actuelle…
Pour une bonne mise en œuvre des recommandations des Assises au plan politique, il faudrait que l’on revoie notre façon de faire de la politique. Si on veut simplement confondre la politique à la propagande telle qu’on le voit maintenant, il y a vraiment de quoi s’inquiéter. Nous pensons également qu’il ne faut pas avoir des positions fermées au sujet des Assises nationales. Car, nous ne voyons pas ce que le Sénégal gagnerait à ce que nous passons le temps à dire aux gens, il faut croire à Marx, Lénine ou Hegel… Pour progresser dans le temps, notre pays a besoin de bâtir une dynamique comme celle qui a permis les Assises pour engager une réflexion sur la vision du développement scientifique et technologique de notre pays dans le futur. Avec des problèmes graves qui commencent à surgir au niveau de certains secteurs comme la santé, la formation et l’éducation, il nous faut voir comment bâtir une stratégie pour nourrir les centaines de millions de Sénégalais d’ici 2100, comment les nourrir, les former et éduquer».
OUSMANE BADIANE, CHARGÉ DES ÉLECTIONS DE LA LIGUE DÉMOCRATIQUE (LD) : « L’esprit des Assises doit être pérennisé parce qu’un pays a besoin…»
Les Assises nationales sont un patrimoine national qui appartient au peuple sénégalais, ils sont le fruit d’un formidable élan de mobilisation, de réflexion pour essayer de faire le diagnostic de la situation de l’époque et dégager des pistes de solutions. Dix ans après, ce que nous pouvons retenir de ces Assises nationales, c’est qu’elles gardent encore leur actualité parce que cela a été le fruit d’une réflexion collective, participative et inclusive. Nous pensons que l’esprit des Assises doit être pérennisé parce qu’un pays a toujours besoin pour impulser son développement économique et social, de faire en sorte que tous les segments de la population pussent participer à la réflexion pour la prise en charge des défis de développement.
Maintenant, les Assises sont le fruit d’une époque où on était encore sous le règne du régime libéral du président Wade. On a vu toutes les dérives liées à la mal gouvernance et c’est la raison pour laquelle les Assises avaient fortement insisté sur la qualité de la gouvernance, la nécessité de recarder cette gouvernance parce que cette situation allait nous conduire tout droit vers le ko. Mais, aujourd’hui, nous sommes dans un contexte assez particulier marqué par l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall qui a toujours dit qu’il avait quelques réserves, notamment au sujet de la forme républicaine de l’Etat. C’est son droit de formuler des réserves car chaque Sénégalais est libre d’avoir son point de vue sur la nature du régime pour notre pays et on ne peut pas reprocher au président cela, étant entendu que cela n’engage que lui. Cela dit, je pense que dans la gouvernance du président Macky Sall, on note des points importants avec l’édification d’un projet de société qui prend en compte les préoccupations des populations. Dans le domaine de la gouvernance, le référendum du 20 mars qui était une consultation populaire est incontestablement une avancée majeure dans le processus de renforcement des acquis de la démocratie et une consolidation des fondements de l’Etat de droit. Ensuite, de 2008 à nos jours, le pays a fait des progrès très importants sous le magistère du président Macky Sall même s’il y a encore des choses qui restent à parfaire».