MAME MBAYE NIANG ÉVOQUE DES CONVENANCES PERSONNELLES
Le ministre du Tourisme a rendu son tablier en déposant sur la table du Premier ministre sa lettre de démission - Mame Mbaye Niang devient ainsi le troisième ministre qui démissionne sous le magistère de Macky Sall
Le ministre du Tourisme a rendu son tablier en déposant sur la table du premier ministre sa lettre de démission. Mame Mbaye Niang devient ainsi le troisième ministre qui démissionne sous le magistère de Macky Sall.
«Jamais deux sans trois», a-t-on coutume de dire. Mame Mbaye Niang est le troisième ministre à quitter de son propre gré un gouvernement sous le magistère de Macky Sall. Après les démissions de Malick Gakou du ministère du Commerce et plus récemment de Thierno Alassane Sall du ministère de l’Energie, c’est au tour de Mame Mbaye Niang de claquer la porte du ministère du Tourisme. Si les deux premiers ont invoqué des questions de principe et d’inadéquation de vision, le ministre du Tourisme motive sa démission, dans sa lettre adressée à Mahammad Boun Abdallah Dionne, en parlant vaguement de convenances personnelles.
D’après certaines sources, cette démission inattendue fait suite à une certaine pression sur lui, depuis que son nom est cité dans la gestion peu catholique du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). En effet, l’Inspection générale des Finances (IGF) a épinglé la gestion du Prodac ; non sans recommander l’ouverture d’une information judiciaire pour des «faits de délinquance» contre l’actuel coordonnateur du Prodac, Mamina Daffé, et son prédécesseur Jean Pierre Senghor. Et l’enquête révèle qu’à l’époque des faits en question, Mame Mbaye Niang était à la tête du ministère de la Jeunesse, qui avait le Prodac sous sa tutelle. Il s’agit de faits de surfacturations, de dépenses irrégulières, de détournements de deniers publics, de népotisme sur fond de délinquance sur des marchés publics… Il ressort également du dossier que l’actuel coordonnateur du Prodac, Mamina Daffé, est épinglé dans une affaire de marché de gré à gré octroyé à la société israélienne Green 2000, représentée par Daniel Pinhassi, pour les études et les aménagements des Domaines agricoles communautaires (Dac) de Séfa, Keur Samba Kane, Keur Momar Sarr et Itato.
A rappeler que ce programme initié par Macky Sall était destiné à booster l’emploi des jeunes en milieu rural, à travers l’aménagement de 30.000 hectares de terres, répartis sur 10 terroirs à travers le pays, et l’enrôlement de 300.000 jeunes dans les Domaines Agricoles Communautaires (DAC). Ce projet rattaché au ministère de la Jeunesse avait en ligne de mire 4 DAC à Séfa (région de Sédhiou), Keur Samba Kâne (Diourbel), Keur Momar Sarr (Louga) et à Itato (Kédougou) pour un coût global de 29,6 milliards FCFA
DES INFORTUNES DEPUIS SA NOMINATION AU MINISTÈRE DU TOURISME
Par ailleurs, il convient de noter que jusque-là, Mame Mbaye Niang était un fidèle parmi les fidèles de Macky Sall, qui n’hésite jamais à aller au charbon lorsque son leader est attaqué. Il a fortement contribué à la deuxième alternance au Sénégal. Cadre de l’aviation civile, Mame Mbaye Niang a été président du Conseil de Surveillance de la Haute Autorité de l’aéroport Léopold Sédar Senghor avant d’être muté à la présidence du Conseil d’Administration de l’Aéroport International Blaise Diagne (Aibd). Puis il est nommé ministre de la Jeunesse. Avec le remaniement ministériel intervenu en septembre 2017, il a été bombardé à la tête du ministère du Tourisme. Mais apparemment, ce ministère ne lui porte pas beaucoup de chance, compte tenu des nombreuses infortunes qu’il y a vécues depuis sa nomination. Voulant vendre la destination Sénégal sur le plateau de «France 24», Mame Mbaye Niang cite les atouts du pays en estimant que «les touristes pourraient venir profiter de notre soleil, de notre nature, de nos animaux…».
Le fait d’avoir évoqué «des animaux» lui a valu une vague d’attaques et de railleries, notamment sur les réseaux sociaux. Il a en effet subi un vrai lynchage sur internet. Puis survient une autre infortune qui lui a valu d’autres moqueries. Sur un autre plateau télévisé en France, il confond Uemoa et Cedeao. Ses détracteurs ne l’avaient pas raté une fois de plus en remettant en cause son niveau de formation. Loin de se laisser abattre, il rebondit en créant Initiative 2035 pour vulgariser, avec les cadres de la mouvance présidentielle, la vision du chef de l’Etat contenue dans le plan Sénégal émergent (PSE). Mais le fait d’être cité dans l’affaire Prodac est venu stopper à nouveau son élan. D’après des sources de «l’As», il a déploré l’absence de solidarité à son égard, d’autant plus que l’Igf est sous la tutelle des Finances. Qui plus est, il soupçonne une cabale politique, surtout qu’il dit n’avoir rien à se reprocher dans ce scandale sur la gestion du Prodac.