MOUSSA DIOP OU L'ÉVICTION D'UN PASSIONNÉ DE LA DEFIANCE
Avec le départ du patron de Dakar Dem Dikk, le chef de l’Etat se sépare d’un directeur pas comme les autres, adepte des provocations et polémiste à souhait
Sa liberté de ton a fini par l’emporter. Même si ce n’est pas la raison officiellement évoquée, tout porte à croire que le fait de contester à Macky Sall la possibilité de faire un 3e mandat est l’unique raison du limogeage du Directeur général de Dakar Dem Dikk (DDD). Avec le départ de Me Moussa Diop, le chef de l’Etat se sépare d’un directeur pas comme les autres, adepte des provocations et polémiste à souhait.
Il est avocat, mais il a osé se transformer en juge pour trancher le débat sur un éventuel troisième mandat du Président Macky Sall. Connu pour sa liberté de ton, Me Moussa Diop a assimilé un troisième mandat présidentiel à un coup d’Etat constitutionnel. Membre pourtant de la mouvance présidentielle, il a fait fi des menaces du locataire du Palais pour clamer urbi et orbi que Macky Sall en est actuellement à son deuxième mandat. Cette déclaration aux allures de crime de lèse-majesté n’a manifestement pas plus au N°1 des apéristes qui l’a fait virer hier de son poste de directeur général de DDD, certainement pour «insubordination». Un limogeage qui rappelle celui de Sory Kaba de son poste de directeur des Sénégalais de l’Extérieur.
Seulement, à travers ce limogeage intervenu suite à une position tranchée, courageuse et somme toute légitime sur le troisième mandat, le Président Macky Sall offre presque une sortie honorable à cet avocat iconoclaste et adepte des coups de gueule et du franc-parler. Impertinent et direct dans ses propos, Me Moussa Diop n’a pu se départir de sa réputation d’éternel provocateur. L’on se souvient en effet qu’au lendemain de la Présidentielle de 2019, mécontent de la raclée électorale essuyée par le Président Macky Sall à Touba, ce juriste de 52 ans avait tiré à boulets rouges sur les populations de la capitale du Mouridisme. «Quand j’ai entendu les résultats de Touba, je n’ai eu qu’une seule idée en tête, c‘est de prendre un bulldozer et d’aller raser Ila Touba et en faire Ila Fouta», martelait le désormais ex-Dg de DDD avant de sonner une nouvelle charge : « Macky doit arrêter d’investir à Touba». Des propos incendiaires et communautaristes assimilés à un affront, une provocation et un «blasphème» par Touba. C’est ainsi que de nombreux dignitaires mourides avaient exigé sa démission. Malgré cela, il avait survécu à cette tempête.
Bien que beaucoup d’observateurs vantent sa gestion de Dakar Dem Dikk à laquelle il a redonné ses lettres de noblesse, Me Moussa Diop n’avait pas hésité à s’en prendre au ministre des Finances Abdoulaye Daouda Diallo lorsque les employés de l’entreprise se sont plaints des retards de salaires. «Ce n’est pas la faute à Dakar Dem Dikk parce que si je m’étais tu, on aurait pensé que DDD ne peut pas payer ses salaires …Personne ne pourrait comprendre que j’échoue sur la base de peaux de bananes qu’on m’aurait glissées», affirmait-il en indiquant en substance que le ministre Abdoulaye Daouda Diallo avait fait disparaître l’argent qui devait servir à payer les salaires de ses employés.
Jubilant dans l’adversité comme d’habitude, Me Moussa Diop a occupé les medias ces dernières semaines, notamment à travers ses passes d’armes avec le maire de Sacré-Cœur-Mermoz. Ce dernier remettant en cause son statut d’avocat, le natif de Podor s’était enflammé sur un plateau de télé en faisant étalage de ses diplômes. Des diplômes qui malheureusement n’ont pas intercédé à sa faveur après avoir provoqué l’ire du président Macky Sall sur le débat sur un éventuel troisième mandat qui n’a pas encore livré tous ses secrets.