MOUSTAPHA DIAKHATE DÉPLORE LA POSITION DE MACKY SUR LE TROISIÈME MANDAT
Le responsable apériste n’a pas apprécié que le chef de l’Etat ait esquivé la question relative à une éventuelle candidature en 2024
Invité de l’émission Jury du dimanche (JDD), Moustapha Diakhaté, sans langue de bois, a réaffirmé sa position concernant le débat sur le troisième mandat. Le responsable apériste n’a pas apprécié que le chef de l’Etat ait esquivé la question de savoir s’il allait se représenter une fois de plus.
Moustapha Diakhaté n’en a cure des menaces du Palais. Invité de l’émission JDD diffusé, hier, sur iRadio, le responsable apériste a fait fi des mises en garde du chef de l’Etat qui a intimé à ses partisans de ne plus aborder la question d’un éventuel troisième mandat le concernant. N’ayant plus rien à perdre après avoir été limogé de son poste de ministre-conseiller, Monsieur Diakhaté garde toujours sa liberté de ton.
L’ancien chef de cabinet du président de la République de préciser que ses rapports avec le chef de l’Etat ne sont pas déterminés par des postes et des prébendes. Ainsi, il dit maintenir sa position concernant le débat sur le troisième mandat. « Quand le Président Sall prêtait serment en 2012, les mandats étaient déjà limités à 2. Il a verrouillé lui-même les deux mandats en y incluant la disposition selon laquelle ‘’nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. » L'année dernière, il a dit à la veille de la Présidentielle que s’il obtenait un deuxième mandat, il ne prétendrait pas à un autre. Donc, je n'ai fait que répéter ce que la Constitution dit et les engagements que le Président a pris», a soutenu Moustapha Diakhaté. Ferme sur sa position qui n’a pas varié d’un iota, l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) dit n’avoir pas apprécié le fait que Macky Sall n’ait répondu ni «oui » ni «non» quand on l’a interpellé sur la question d’un éventuel troisième mandat.
En plus, il estime que les justifications données ne tiennent pas la route notamment quand il dit que ses collaborateurs ne vont pas travailler quand il annoncera qu’il ne sera pas candidat. Moustapha Diakhaté qui estime être plus que jamais membre de l’APR, fait avoir que ses prises de position ne sont pas motivées par le fait qu’il soit écarté de la gestion du pouvoir. «Les Sénégalais sont victimes de leur histoire. Beaucoup parmi nous pensent qu’un homme politique limogé devrait immédiatement s’opposer et devenir un adversaire politique du Président. Je ne boxe pas dans cette catégorie», a-t-il indiqué.
D’après le responsable apériste, s’il a quelque chose à dire, il l’exprime dans les instances habilitées, sinon il en parle au sein de l’opinion. A ceux qui demandent son exclusion de l’APR, Moustapha Diakhaté pense que ceux-là ne méritent pas sa colère et ne sont pas dignes d’être des collaborateurs du Président Macky Sall.
DES PRIMAIRES POUR CHOISIR LE SUCCESSEUR DE MACKY SALL
Par ailleurs, l’ancien ministre conseiller et responsable apériste considèrent l’APR comme un fan club, en attirant l’attention sur la nécessité de l’organiser et de le structurer dans les 557 communes du Sénégal. Ceci, affirme-t-il, va permettre d’avoir un appareil solide qui va travailler, réfléchir pour préparer une belle offre politique en 2024, adossé sur le PSE. Il prend pour responsable de cette situation le Président du parti qui doit assurer le bon fonctionnement de la formation. Il propose ainsi que la Présidence de l’APR soit réactivée avec deux vice-présidents dont une femme et deux coordonnateurs qui vont assister le Président dans le processus de refondation et de reconstruction de l’APR. Pour préparer la succession de Macky Sall en 2024, il propose aussi qu’il y ait des primaires afin de choisir quelqu’un qui soit de la trempe de Macky Sall et qui a un leadership fort. «Autrement dit, qu’il soit capable d’identifier un cap pour son pays, capable d’entraîner les populations vers ce cap.»
UN JURY DONNEUR POUR REGLER L’AFFAIRE PETRO-TIM
En outre, Moustapha Diakhaté, revenant sur sa brouille avec le chef de l’Etat, estime que son premier désaccord avec le gouvernement remonte à l’octroi du permis d’exploration (du Pétrole) à Frank Timis. «Il ne remplissait pas les conditions de l’article 8 du Code pétrolier. Je l’avais déploré alors que j’étais ministre-conseiller. Ma conviction était fondée sur les propos de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, qui déclarait que le rapport de présentation qui a permis à Frank Timis d’obtenir ce permis était faux. Aujourd’hui, l’histoire m’a donné raison. Parce que, M. Timis a vendu ce permis à des dizaines de milliards et il est parti. » Monsieur Diakhaté rappelle qu’en venant au pouvoir, ils avaient promis la gouvernance vertueuse. C’est pourquoi il dit souhaiter que ce dossier soit vidé au plus vite afin que les Sénégalais soient édifiés. D’ailleurs, il estime que si on l’avait écouté, on n’aurait pas passé par la voie judicaire. «Je préfère un jury d’honneur avec des personnalités légitimes et consensuelles plutôt que la voie judiciaire. Aujourd’hui, le dossier est pendant devant la justice, mais je ne crois pas à son aboutissement. Je vois difficilement la justice régler ce problème », a-t-il laissé entendre. Parlant de façon globale de la reddition des comptes et de la bonne gouvernance, Moustapha Diakhaté déclare être contre la suppression de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) qu’il faudrait juste réformer. «La CREI souffre d’une tare congénitale avec l’absence d’un deuxième degré de juridiction. Il faut y introduire la possibilité de faire appel des décisions de la CREI afin de se conformer aux engagements auxquels nous avons souscrit et aux standards des droits de l’homme », a-t-il indiqué. Mieux, Moustapha Diakhaté souhaite la mise en place au Sénégal d’une haute autorité de la bonne gouvernance et des comptes publics. «Cette Institution serait ainsi indépendante des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire », a-t-il clamé.
«LES FAUTEURS DE TROUBLE SONT CEUX QUI INTERDISENT LES MARCHES»
En définitive, en ce qui concerne les libertés publiques, Moustapha Diakhaté pense que l’arrestation de Guy Marius Sagna et Cie est arbitraire. Il plaide pour leur liberté. « Les Sénégalais ont eu de nouveaux droits en matière d’expression des leurs libertés. En droit constitutionnel, l’administration devrait se donner les moyens de l’encadrer », tonne-t-il. Quid d’une manifestation devant les grilles du palais de la République ? « Ce sont les causes que l’on devrait voir. Si la marche était autorisée, les manifestants n’iraient pas jusqu’au Palais. La Cour suprême a dit, pour que l’administration interdise une manifestation, elle doit justifier qu’elle n’a pas les moyens de l’encadrer », a répondu l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité. Selon lui, le standard de notre pays au niveau international doit nous obliger à avoir un comportement irréprochable en matière d’exercice des droits civils et politiques des Sénégalais. Poursuivant, il confie que les vrais fauteurs de trouble sont ceux qui interdisent les marches dans la mesure où les troubles ne sont constatés que s’il y a une interdiction de manifestation. Cependant, même s’il reconnaît soutenir «Noo Lank » dans son combat contre la hausse du prix de l’électricité et pour la libération de Guy Marius Sagna et Cie, il estime que le collectif ne doit pas poser des conditions pour rencontrer le président de la République. «Si le chef de l’Etat souhaite les rencontrer, ils doivent partir le voir et discuter avec lui. Imposer des conditions à un Président ne semble pas être une bonne chose », a-t-il conclu à ce propos.