NAFI NGOM KEÏTA VIDE SON SAC
Passation de service à l'OFNAC
La cérémonie de passation de service, hier, entre Nafi Ngom Keïta et Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté à la tête de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), a été mise à profit par la première nommée pour vider son sac.
Nafi Ngom Keïta a passé le témoin, hier, à Seynabou Ndiaye Diakhaté. La passation de service a eu lieu, hier, dans les locaux de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Annoncée à 10 heures, la passation s'est finalement tenue à 14 heures. Un retard dû certainement aux nombreux dossiers reçus par l'institution.
Mais, la présidente sortante - qui s'exprimait lors de cette rencontre - a vidé son sac, regrettant le fait que "l'Ofnac, qui est devenu un mur de lamentations, subisse une injustice à travers sa personne".
"Le combat contre toutes les formes de délinquances économiques et financières ne fait que commencer"
"Sachez que les hommes passent les institutions demeurent. J'étais là, et je pars. Je retourne à l'Inspection générale d'État (Ige), mais sachez que cette institution appartient à l'État. Ma mission à l'Ofnac, de sa mise en place à la publication du rapport, a été une aventure d'exception, à tous points de vue. Cette expérience qui nous a menés au contact des populations et qui nous a valu leur confiance, me renforce dans ma certitude que le combat contre toutes les formes de délinquances économiques et financières ne fait que commencer", a déclaré Mme Keïta.
Avant d'ajouter : "Mon combat, notre combat, le combat de tout un peuple, est une question de responsabilité, pour la postérité, un combat de principe. Un combat pour la sauvegarde de la société démocratique".
"Ce recours ne vise nullement Macky Sall et Madame Seynabou Ndiaye Diakhaté"
Selon l'inspectrice d'État, ce combat est la principale raison de son recours au niveau de la Cour suprême en vue de l'annulation du décret mettant illégalement un terme au mandat de la présidente de l'Ofnac.
"Je tiens à préciser que ce recours ne vise nullement la personne du président de la République mais bien l'acte illégal qu'il a pris. Il ne vise non plus ma remplaçante Madame Seynabou Ndiaye Diakhaté", a-t-elle tenu à souligner.
Et de poursuivre : "Quelle que soit l'issue de ce recours, le Sénégal en sortira gagnant, car le droit administratif et la jurisprudence administrative n'en seront que mieux renforcés". A l'endroit du Président Macky Sall, Nafi Ngom Keïta lui a lancé un appel : "Montrez aux Sénégalais que si vous êtes président de la République, vous devez respecter les lois et règlements, mais ne pas nommer et démettre les gens comme vous voulez".
De l'avis de Nafi Ngom Keïta, "il serait, en réalité, paradoxal, que l'Ofnac, qui est devenu un espace de libre expression des frustrations nées de la corruption et de diverses formes d'injustices, subisse, à travers ma personne, une injustice aussi grave, sans la dénoncer par les moyens appropriés".
"Si vous êtes président de la République, vous devez respecter les lois et règlements"
La passation de service a servi de cadre à l'ex-patronne de l'Ofnac pour répondre à ses détracteurs, non sans donner rendez-vous à la presse la semaine prochaine pour de plus amples explications.
Pour ce qui est de la campagne de dénigrement dont elle dit faire l'objet, et qu'elle qualifie de "campagne qui frise souvent le ridicule", l'ex-patronne de l'Ofnac d'assurer : "J'apporterai, dans les jours à venir, les réponses qui siéent. Je voudrais vous rassurer que, au nom de mes convictions personnelles et, en ma qualité d'inspecteur général d'État de classe exceptionnelle, je continuerai d'inscrire mon action dans l'intégrité, la transparence et l'exemplarité aussi longtemps que je vivrai. Le combat contre la corruption se poursuit", a-t-elle dit.
Par la même occasion, Nafi Ngom Keïta a remercié la presse, "engagée au service du pays, de la lutte contre la corruption et dans l'intérêt du pays".
Parlant du droit de réserve, dont parlent ses détracteurs pour l'acculer, Mme Keïta fulmine :
"Depuis qu'on a voté la convention de l'Union africaine et le protocole de la Cedeao contre la corruption et la fraude, ces lois nous recommandent de dénoncer. Au Sénégal, nous sommes en retard dans ce domaine. Mais, dans les autres pays d'Afrique, ils ont voté des lois sur ça. Ces lois nous imposent d'informer nos concitoyens. Mais, la loi la plus importante, c'est la dénonciation, et le dénonciateur doit être protégé et indemnisé. L'obligation de réserve, c'est d'avoir une loyauté envers les institutions. Ne comptez pas sur moi pour dévoiler leurs secrets d'État. Nous devons savoir raison garder".