OUMAR SARR, LA RACINE DU MAL AU PDS
Plus rien ne va, entre l’ancien secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais et la majorité de ses membres
Plus rien ne va, entre l’ancien secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais Oumar Sarr et la majorité de ses membres. En conférence de presse hier, la section jeune du parti (Mouvement des élèves et étudiants libéraux et Union des jeunes travailleurs libéraux - Meel/Ujtl)a dénoncé une politique de déstabilisation de ce dernier, guidée par des intérêts personnels.
Depuis le remaniement opéré par Me Abdoulaye Wade, voire la nomination de Wade-fils au poste de secrétaire général adjoint chargé de l’orientation, de la modernisation et de l’élaboration des stratégies politiques du Pds, le torchon brûle entre les membres de la formation libérale. Les jeunes du parti placent au banc des accusés Oumar Sarr, ex-Secrétaire général adjoint, et ses acolytes dont Amadou Sall. Ces dernières semaines, certains responsables, sous la conduite d’Oumar Sarr, s’inscrivent dans une logique de sabotage. Ils s’attaquent au Secrétariat national et au frère Karim Wade déporté par Macky Sall, qui est aujourd’hui leur principal complice, décrit le porte-parole du Meel/Ujtl Franck Daddy Diatta. Selon le mouvement, le binôme n’a fait qu’abuser de la confiance de Me Abdoulaye Wade.
En effet, ce dernier leur avait donné plein pouvoir de décision. Une prérogative qui accouche aujourd’hui d’une rébellion. Ils mettent en avant leurs propres personnes, au détriment des intérêts du parti. Depuis deux ans, la vente des cartes de membre ainsi que le renouvellement à la tête des différentes structures se heurtent à leur refus, affirme-t-il. Et pour justifier cette opposition aux volontés du fondateur du parti, Oumar Sarr et Cie sortent la carte de l’âge avancé de ce dernier qui, physiquement et mentalement, ne serait plus capable de prendre de bonnes décisions. L’ancien numéro 2 du Pds est accusé de vouloir être devant et gérer seul les moyens mis à la disposition par Me Wade, sans rendre compte, de favoriser des hommes de main et combattre tous ceux qui refusent de courber l’échine devant lui. A en croire l’Ujtl, son comportement est similaire à celui des précédents frondeurs Aïda Mbodj, Aliou Sow, Farba Senghor, Babacar Guèye, Madické Niang…
La goutte de trop…
Il semble que le dissident aurait, depuis belle lurette, enclenché une politique de réorientation et de restructuration du parti à l’encontre des responsables et du secrétaire général national. Dans cette affaire, la goutte qui a fait déborder le vase est qu’Oumar Sarr se soit engagé, seul, contre l’avis de Me Wade, à participer au dialogue national. Pour quelle raison Oumar Sarr se bat contre tous pour participer au dialogue national de Macky Sall ? Qu’est-ce qu’il y gagne ? Pourquoi court-il après une amnistie de Karim Wade par Macky Sall, alors que l’intéressé n’en veut pas ? Pourquoi Oumar Sarr et ses complices ne veulent pas partager leurs responsabilités au sein du Pds et refusent toute promotion d’autres militants tout aussi méritants qu’eux ? Pourquoi bloquent-ils, depuis plusieurs mois, toute communication du parti sur les scandales financiers du régime en place ? Pourquoi Oumar Sarr a-t-il promis au candidat de l’Apr à la mairie de Dagana qu’il ne se présentera pas, lors des prochaines élections locales et qu’il s’assurera que le Pds n’ait pas de candidat ? Peut-il affirmer, devant les Sénégalais, qu’Amadou Sall et lui n’ont pas rencontré Macky Sall ? Peut-il affirmer solennellement qu’en 2018, pendant la collecte des parrainages, il n’a pas déposé une demande de récépissé au ministère de l’Intérieur pour la création d’un parti politique et qu’à cet effet, il a été auditionné à la préfecture, il y a trois semaines, puis à la gouvernance, dans le cadre d’enquêtes liées à la délivrance d’un récépissé ?. Autant d’interrogations adressées à qui de droit qui dénotent de l’amertume d’une jeunesse libérale qui a soif d’un renouvellement dans la gestion du parti. Elle invite, par ailleurs, le Secrétariat national à procéder à un audit de la gestion d’Oumar Sarr, en plus de constater sa démission.
Concernant cet aspect, même si l’intéressé n’a point évoqué de démission, le Meel/Ujtl Pds estime que toute personne œuvrant à l’encontre de l’orientation du parti est considérée comme démissionnaire. Surtout qu’il a mis sur pied un comité d’initiative pour la refondation, qui rappelle tous les ex-membres du Pds dont ceux-là qui, aujourd’hui, ont rejoint la formation politique du régime en place.
Karim Wade, le nœud de la discorde
Ainsi, ce nouveau souffle tant souhaité a été acté par Me Wade, par la nomination de Karim Wade. Ce dernier constitue, sans aucun doute, le point de discorde entre Me Wade et les frondeurs. Ils se seraient lancés dans une aventure de décrédibilisation de Wade-fils. Karim ne peut pas diriger le parti. Karim n’est pas venu à la Présidentielle, alors qu’il avait décidé de rentrer. Karim ne nous appelle plus, ce qui signifie qu’il a un autre agenda. Karim matin, Karim midi, Karim soir, dénonce le porte-parole du jour. En outre, cette guéguerre serait aussi due au fait que Karim Wade ait refusé leur proposition d’entrer dans un gouvernement d’union nationale du président Macky Sall. Pour preuve, Oumar Sarr, Amadou Sall et Babacar Guèye ont toujours été les seuls à faire la navette entre Dakar et Doha, au frais du parti, sans que personne ne le leur demande. Ils ont ensuite cherché désespérément à faire partir le président Wade avant l’heure. Lui, sans un seul mot, poursuit ses activités politiques, déclare-t-il. Et aujourd’hui, cette section jeune du Pds, naguère reléguée au second plan, monte au créneau pour dénoncer une conduite guidée par des intérêts pécuniaires et matériels de l’ancien secrétaire général adjoint du Pds. Quand ils disent que le parti est géré à partir de Doha, nous leur rappelons qu’ils ont fait les listes des dernières législatives chez Amadou Sall, à l’insu de tous les grands responsables du parti. C’est vraiment injuste et égoïste de leur part. Oumar Sarr doit avoir un minimum de considération pour les militants et sympathisants du Pds. Qu’il ait au moins du respect pour nous qui avons volontairement assumé nos positions, ajoute-t-il. A ce jour, Oumar Sarr a justement fait les frais de sa défiance par la perte d’un poste stratégique au sein du parti. Un fait qui vient mettre fin à la gestion d’un petit groupe qui avait fini d’installer une désorganisation caractérisée au sein de la formation politique.
De plus, l’Ujtl est convaincue que ce remaniement va faciliter l’accessibilité du parti, son ouverture et l’élargissement des structures entrainant ainsi l’entrée massive des jeunes et des femmes. En somme, la jeunesse libérale pense que tout est mis en place pour rapprocher le parti des populations, en vue d’une reconquête démocratique du pouvoir. De son point de vue, l’heure est à la massification et au resserrement des rangs. Félicitations à tous ceux qui participé à la transformation du Pds pour en faire un parti moderne, dynamique et ouvert. Nous invitons Me Wade à poursuivre la réforme du Pds. Nous félicitons le frère Karim, seul capable de redresser la situation catastrophique dans laquelle le Sénégal a été plongé, lance-t-elle. Non sans rappeler à Oumar Sarr que toutes ses tentatives pour la rallier à sa cause sont vaines, tel un combat désespéré et perdu d’avance.