OUSMANE SONKO ENVOYÉ DEVANT LA CHAMBRE CRIMINELLE
Le règlement de l’affaire de viols et menaces de mort opposant le maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, à l’ex-employée d’un salon de beauté, Adji Rabi Sarr, se fera devant la Chambre criminelle.
L’ex-employée d’un salon de beauté, Adji Rabi Sarr, qui accuse le maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, de viols et menaces de mort obtient gain de cause. Le Doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo, a finalement pris une ordonnance de « renvoi et de mise en accusation » devant la Chambre criminelle de Dakar contre Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye.
Le règlement de l’affaire de viols et menaces de mort opposant le maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, à l’ex-employée d’un salon de beauté, Adji Rabi Sarr, se fera devant la Chambre criminelle. En effet, Oumar Maham Diallo qui a hérité de cette affaire à la suite de sa nomination Doyen des juges d’instruction, en novembre 2021 en remplacement de feu Samba Sall, décédé au mois d’avril dernier, a finalement pris une ordonnance de renvoi. Dans un avis d’ordonnance de règlement définitif signé le mardi 17 janvier dernier, adressé aux avocats des différentes parties prenantes de cette affaire, l’ex-président de chambre à la Cour d’appel de Ziguinchor a informé sa décision de «renvoi et de mise en accusation » contre Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye. Ces derniers éraient placés sous contrôle judiciaire depuis mars 2021. Par ailleurs, le Doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo a indiqué que le procès dont il n’a pas précisé la date, se tiendra à la Chambre criminelle de Dakar. Avec cette décision de renvoi, le Doyen des juges d’instruction a suivi le Parquet qui, dans son réquisitoire à charge, avait non seulement demandé une mise en accusation d’Ousmane Sonko mais aussi son renvoi devant la Chambre criminelle, pour viols et menaces de mort.
C’est donc, un nouveau tournant que vient de prendre cette affaire d’accusation de viol répétés et menaces de mort qui a éclaté en début de mois de février 2021 à la suite d’une plainte déposée par la jeune femme à la Section de recherche de la Gendarmerie nationale et dont l’instruction avait provoqué de violentes émeutes qui ont causé la mort de 14 jeunes et d’importants dégâts matériels en mars 2021. Par ailleurs, il faut rappeler que l’instruction de cette affaire par le doyen de juges a été marquée par plusieurs rebondissements notamment lors de la confrontation des deux protagonistes. En effet, alors qu’elle avait promis de livrer au doyen des juges des vidéos de son viol le jour de sa confrontation avec son présumé bourreau pour pouvoir le confondre et montrer ainsi que cette affaire n’a rien de complot, la jeune dame est sortie de cette rencontre sans fournir aucun élément allant dans le sens de prouver ses accusations. Pis, elle a refusé de répondre aux questions de la défense sous prétexte que son présumé bourreau n’a pas voulu répondre à ses avocats.
Un « renvoi de mise en accusation » si loin de la déposition des temoins
Cités pour la plupart par les avocats de Sonko, la quasi-totalité des témoins à l’exception de Sidy Ahmed Mbaye, (neveu de Maodo Malick Mbaye, responsable de l’Apr) accusé d’avoir transporté la jeune dame à la Gendarmerie pour déposer sa plainte, ont plutôt fait des dépositions à décharge lors de leur audition par le doyen des juges. Dernier à être entendu après le l’exCapitaine de la gendarmerie nationale, Seydina Oumar Touré qui avait entendu Adji Sarr après le dépôt de sa plainte qui a mouillé l’ancien procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, le jeune marabout, Baye Mbaye Niasse, a déclaré à la sortie de son face-à-face avec le magistrat avoir remis à ce dernier une clé Usb contenant des enregistrements audios d’une conversation de la plaignante avec Mamour Diallo (directeur général de l’ONAS) attestant la thèse d’un complot. Des audios qui seront par la suite largement diffusés sur les réseaux sociaux
Oumar Maham Diallo sourd a la voix des universitaires
Outre la déposition des témoins, plusieurs personnalités du monde universitaire ont également pris position sur cette affaire de « viol et menaces de mort ». Dernière en date, la sortie de l’ancien Recteur et ancien Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad, le professeur Kader Boye et son collègue Pr Penda Mbow. Dans une tribune publiée à la Une de Sud quotidien le 12 janvier dernier, l’ancien Doyen de la faculté de Droit de l’Ucad, le professeur Kader Boye citant les « circonstances de lieu et de temps de la prétendue commission de l’infraction décrites par la plaignante même sur un plateau de télévision », a invité le doyen des juges Maham Diallo à « rendre une ordonnance qui, dans notre entendement de juriste, ne saurait être qu’un non-lieu... » « Contrairement à ce qui est dit, le juge ne prend pas sa décision uniquement sur la base de son intime conviction. Mais sur les éléments probants qui pourraient caractériser l’infraction et sur l’ensemble des faits attestés qui entourent cette affaire. L’on se demande toujours comment cette affaire a pu franchir l’obstacle de l’enquête préliminaire », s’était-il demandé.
Auparavant, c’est l’historienne et ancienne ministre de la Culture Pr Penda Mbow, très engagée dans le combat pour la défense de la cause féminie qui était montée au créneau pour fustiger l’instrumentalisation de la jeune Adji Sarr par des hommes politiques. « Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal et dans les institutions, une femme est devenue un instrument entre les mains d’hommes politiques. Et cet instrument entre les mains d’hommes politiques est manipulé. On l’a transformée, non plus en tant que citoyenne, mais en tant qu’objet pour des objectifs purement politiques. Et c’est la plus grave forme de violence qu’on puisse exercer sur femme ».