PASTEF SE DÉMARQUE DU FRN
Le parti n’a pas apprécié le compte rendu qui a été fait de la dernière réunion du Front de Résistance Nationale en ce qui concerne le statut de l’opposition et la désignation de son chef
Au moment où on craint des tensions à la Commission politique du Dialogue national, le Front de Résistance Nationale (FRN) est secoué par une crise. Pastef, l’une des principales formations de l’opposition, a sorti hier un communiqué pour se démarquer totalement de certaines prises de position du pôle de l’opposition notamment en ce qui concerne le statut de l’opposition et la désignation de son chef.
Pastef n’a pas apprécié le compte rendu qui a été fait de la dernière réunion du Front de Résistance Nationale (Frn) tenue dimanche dernier.
A en croire les patriotes, il est apparu dans la presse des informations totalement contradictoires avec les conclusions de ladite réunion. C’est le cas notamment, disent-ils, sur le point relatif au statut de l’opposition et à celui de la désignation de son chef. «Sur ce point, certains médias, en s’appuyant sur des sources de mauvaise foi, ont publié des informations contraires aux positions défendues par nos plénipotentiaires présents, mais également en déphasage avec le contenu du compte rendu qui nous a été envoyé par courriel par le coordonnateur du Front qui a présidé la rencontre», renseigne Pastef dans son communiqué parvenu hier à la rédaction.
Pour Ousmane Sonko et ses camarades, «aucun vote n’ayant eu lieu, aucune position d’aucun parti n’ayant été révélée durant toute la réunion, les motivations de ceux qui ont informé la presse sont révélatrices d’un comportement d’une certaine opposition accusée d’entretenir des relations coupables avec le pouvoir». Conscient que la priorité du peuple sénégalais réside dans le combat qu’il mène pour sortir de l’impasse socio-économique dans laquelle le gouvernement actuel l’a mis par son incompétence et sa cupidité, Pastef-Les Patriotes considère qu’une discussion autour de la désignation du chef de l’opposition constitue un point introduit par le pouvoir, dans le seul but de diviser l’opposition.
Et les patriotes de préciser que leur parti n’est nullement intéressé par la position de chef de file de l’opposition et n’a jamais été en discussion ou en négociation avec une quelconque frange de l’opposition (encore moins du pouvoir) sur cette question. Pour eux, le meilleur gain politique qu’un parti politique puisse avoir, c’est celui qui lui a été accordé par le peuple souverain et non un privilège issu de tractations politiciennes avec des conséquences budgétaires et sur le dos du peuple sénégalais. «Et pour cela, nous croyons ferme que le vrai chef de l’opposition, c’est celui qui est reconnu comme tel par le peuple et non le statut offert sur un plateau d’argent par un pouvoir usurpateur et illégitime», tranche Pastef dans la note.
Par conséquent, le comité de pilotage du parti considère que l’information qui est sortie dans la presse a pour objectif de divertir le peuple sénégalais et détourner la classe politique des vraies questions qui intéressent les Sénégalais, notamment une lutte efficace contre la Covid-19, une bonne relance économique ainsi que l’établissement de mécanismes démocratiques qui garantissent à notre pays l’organisation d’élections sans contestation.
PROPOSITIONS DE PASTEF
Présentant par ailleurs un résumé succinct de sa position sur la question, Pastef soutient que loin des préoccupations du peuple, cette mesure n’a aucune importance pour les Sénégalais et ne doit pas être une priorité pour la classe politique. «Un chef de l’opposition décrété n’est chef que de lui-même, son parti et, peut-être, sa coalition», conclut Pastef. Cependant, précisent les Patriotes, puisqu’elle est inscrite dans l’ordre du jour de la commission et dans la Constitution depuis le référendum de 2016 sans qu’aucune loi n’ait été adoptée depuis pour son application effective, ils suggèrent, comme il est de coutume dans la majorité des démocraties où elle est appliquée, que la désignation du chef de l’opposition se fasse à partir de l’échelon législatif. Cette option se justifie par le fait que le chef de file de l’opposition dans les systèmes politiques où il est consacré, porte la voix de l’opposition sur des questions d’intérêt national.
Ainsi, Ousmane Sonko et Cie estiment que la représentativité de l’Assemblée Nationale est celle qui reflète le mieux les dynamiques en cours dans notre pays. «Et à ce titre, elle constitue le lieu par excellence des débats, compromis, accords et désaccords entre Gouvernement et opposition, notamment au moment du vote des lois».
Enfin, Pastef propose, comme le sont les délibérations effectuées sur les autres points du dialogue politique, que toute décision sur le statut de l’opposition et celui de son chef ne puisse rétroagir pour régir des faits qui lui sont antérieurs et ceci, quel que soit l’échelon électoral retenu (présidentielle ou législatives). «En plus de l’argument juridique de la non-rétroactivité, toutes les élections organisées par le pouvoir actuel l’ont été en écartant une grande partie des leaders de cette opposition et au moyen de manipulations frauduleuses du fichier électoral. Nous considérons donc que ces élections ne peuvent en aucun cas servir de base légitime pour désigner un chef de file de l’opposition», expliquent les patriotes dans leur communiqué parvenu à «L’As».