POUVOIR ET OPPOSITION VERS UNE GUERRE LARVÉE !
Assemblée nationale - Adoption ce jeudi de la loi portant refonte partielle du fichier électoral
La clôture de la première session extraordinaire de l'année 2016 programmée pour ce jour, jeudi 11 août, à l'issue de l'examen des projets de loi n°21/2016 et n°22/2016 modifiant la loi n°98-12 du 02 mars 1998, est partie pour installer encore la controverse au sein de l'hémicycle. Pour cause, le projet de loi portant refonte partielle des listes électorales va être validée par la majorité mécanique de la mouvance présidentielle, au nez et à la barbe de l'opposition. Sans consensus et avant même la validation du rapport final de la Commission technique de la revue du Code électoral. Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à toute sorte de contentieux électoral dans un futur plus ou moins proche.
Le consensus autour du Code électoral qui a encadré l'organisation des consultations populaires au Sénégal, depuis 1992, ne risque-t-il pas de voler en éclats ou du moins d'être fortement écorné, à l'issue de la séance plénière de ce jour, jeudi 11 août ?
Voilà la question que se posent bon nombre d'analystes et de Sénégalais avertis, avec l'examen et certainement l'adoption, par la majorité mécanique de la mouvance présidentielle, du projet de loi n°21/2016 portant refonte partielle des listes électorales.
Pour cause, le pouvoir a pris la décision d'engager l'Assemblée nationale dans une refonte partielle du fichier électoral sans l'aval de l'opposition. Qui plus est, ce passage de la loi devant les parlementaires s'effectue avant même que ne soit déposé le rapport final de la Commission technique de la revue du Code électoral, laquelle est pourtant un exercice républicain convoqué par le pouvoir en place, via le ministère de l'Intérieur, pour harmoniser les positions des uns et des autres (pouvoir, opposition, pôle des non alignés, société civile) sur les grandes donnes de la chose électorale.
Face à l'alerte et aux mises en garde de presque tous les acteurs impliqués dans le processus, dont en particulier la société civile, le pouvoir en place a visiblement choisi de faire du forcing.
Quitte à valider des dispositions qui ne recueillent nullement l'assentiment des principaux partenaires au toilettage du Code électoral et/ou fichier électoral ! Parmi celles-ci, on relève la refonte partielle du fichier avec comme modalité la confirmation ou à défaut la radiation de l'électeur qui ne se présenterait pas au niveau des Commissions administratives.
Une disposition rejetée par l'opposition, en particulier le Fpdr avec Mamadou Diop Decroix et cie qui décèlent par là une "opération de mise à l'écart des milliers et de milliers d'électeurs indécis et imprévisibles mais qui, en définitive, déterminent le vote".
En fin de compte, la conséquence de cette adoption programmée par l'Assemblée nationale du projet de loi n°21/2016 portant refonte partielle des listes électorales, pourrait être l'avènement d'une ère de nouveaux contentieux électoraux, comme l'a d'ailleurs souligné l'analyste politique Momar Seyni Ndiaye dans notre édition d'hier, mercredi 09 juillet 2016.
Ce qui revient à souligner qu'au-delà des confrontations ouvertes qui se profilent à l'Assemblée nationale en ce jour, jeudi 11 août, l'adoption de la loi sur la refonte du fichier électoral est partie pour exacerber les crispations entre un pouvoir soucieux de remporter à tout prix les Législatives de 2017 voire la prochaine présidentielle et une opposition déterminée à renverser le cours des choses.
Aux risques et périls du consensus entre acteurs politiques qui a toujours accompagné le processus électoral au Sénégal !