AMINATA MBENGUE NDIAYE RACONTÉE PAR ABDOU DIOUF
Fille de socialiste, la patronne du HCCT avait fini par impressionner l'ancien président qui, dans son livre « Abdou Diouf : Mémoires » racontait comment Professeur Ndioro Ndiaye voulait la liquider !
Dans ses mémoires, l’ancien président de la République a raconté la manière dont le Pr Nioro Ndiaye avait voulu liquider l’actuelle patronne du PS.
Aminata Mbengue Ndiaye, nommée ce 02 novembre présidente du Haut Conseil des collectivités territoriales, gère désormais le legs socialiste. Elle suit les traces de leaders socialistes et d’hommes politiques aussi prestigieux que Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Ousmane Tanor Dieng. Nul doute que cette grande dame, au propre comme au figuré, a les épaules assez larges pour perpétuer l’héritage socialiste. Fille de socialiste, elle avait fini par impressionner le président Abdou Diouf. Lequel, dans son livre « Abdou Diouf : Mémoires » paru aux éditions Seuil en 2014, racontait comment il est tombé sous le charme de Aminata Mbengue Ndiaye. Mais surtout comment l’ancienne ministre rufisquoise Pr Ndioro Ndiaye voulait liquider la nouvelle patronne du Parti socialiste !
« …Fatoumata Ka est certainement bien plus vertueuse que bien d’autres qui la contestaient. Au demeurant, la suite a bien montré qu’on ne peut pas avoir une confiance totale en Léna Diagne. L’opération « une femme, un gramme d’or’ » l’illustre bien. Même quand on revient par exemple à l’idée du Président Chirac qui propose de mettre une petite taxe indolore sur les billets d’avion, on constate que l’ensemble fait une masse considérable et on arrive ainsi à avoir une somme d’argent consistante pour réaliser une action d’envergure dans un secteur donné. Ma femme s’était habituée à demander à toutes les femmes sénégalaises de donner chacune au moins 1g d’or et celles qui peuvent plus, peuvent donner plus, mais ça se faisait de façon méthodique avec un encadrement sérieux et de façon sérieuse: 3.000.000 de femmes qui donnent chacune 1g d’or, ça fait 3 000 kg d’or ça fait 3 tonnes d’or et s’il y en a qui donnent plus on peut aller jusqu’à 4, 5 tonnes ; vous voyez ce qu’on peut faire avec ça et ma femme qui avait beaucoup d’amitié pour Léna, lui a demandé de s’occuper de cela mais elle en a fait une histoire de « bamboula », de cérémonie grandiose à Daniel Sorano ».
Ainsi, on voyait des femmes qui jetaient leurs bracelets, leurs colliers… En fait, c’était complètement perverti et finalement, (je n’entre pas dans les responsabilités financières, ce n’est pas mon propos car je ne peux le savoir parce que je n’ai pas suivi l’opération,) mais ce que je sais, c’est que l’opération a été tellement pervertie que ça ne valait plus la peine de continuer. Or Léna, je la connais depuis le lycée. On a eu toujours d‘excellents rapports, elle m’a soutenu, elle m’a beaucoup soutenu mais les derniers temps elle était un peu dépitée, elle était député, elle a été membre du bureau de l’Assemblée Nationale mais je n’en ai jamais fait un ministre et beaucoup de gens se sont demandé pourquoi elle n’a pas été ministre alors qu’elle était bien. Les derniers temps, quand j’ai créé le Sénat, elle m’a écrit pour me dire qu’il faut que je la nomme présidente du Sénat et moi je dis « je ne peux pas le faire parce que vous n’avez pas la représentativité pour être Présidente du Sénat, ». Là aussi, ça été un élément de frustration chez elle. Ensuite l’Alternance est arrivée et on a vu comment elle s’est comportée, les choses qu’elle a dites, les choses qu’elle a faites; en somme tout l’opposée d’une Aminata Mbengue Ndiaye par exemple », écrit le président Abdou Diouf.
Abdou Diouf : Je considère Aminata Mbengue Ndiaye comme ma sœur…
Parlant de l’actuelle présidente du HCCT, voici ce que Abdou Diouf en disait. « Cette dernière, nos familles étant très liées, je la considère comme ma sœur. C’est une femme qui ne s’activait pas dans la politique, mais s’occupait beaucoup de promotion féminine. Elle avait d’ailleurs reçu une formation de maîtresse d’enseignement familial, et ne remplissait donc pas les conditions pour exercer des responsabilités à un certain niveau. Aussi lorsque Mantoulaye Guène, qui était une très bonne ministre, a voulu la nommer à la tête de la Direction de la promotion féminine, elle m’a d’abord demandé mon autorisation. Aminata Mbengue y a fait un travail considérable. Sous son impulsion, tous les groupements féminins ont été des points d’appui extraordinaires pour le développement local. Avec beaucoup d’inspiration, elle a monté aussi le micro crédit, l’épargne. Pour tout dire, elle a été vraiment formidable. Lorsque Mantoulaye a quitté le gouvernement, Ndioro Ndiaye qui l’a remplacée a voulu liquider Aminata. Je l’ai dissuadé de le faire, en lui signalant l’erreur qu’elle commettrait, Aminata étant performante à son poste. Ndioro essaya de me convaincre, en me sortant pour argument qu’Aminata Mbengue n’était pas de la hiérarchie A. Je lui répondis qu’elle ne m’apprenait rien, parce que moi-même étant informé de ce fait depuis longtemps, mais j’avais fait de la nomination d’Aminata une exception, parce que je trouvais qu’elle était la femme de la situation. En dépit de tout, Ndioro décida de nommer une autre personne au poste, en me rassurant qu’elle allait donner un projet à Aminata. Comme quoi parfois les gens creusent leur propre tombe ; elle ne lui a rien donné à faire, et Aminata est restée à tourner en rond. A chaque fois que j’interpellai Ndioro sur le projet, elle me répondait : Oui, oui, je suis en train de le préparer, je cherche le financement. Vraiment, M. le Président, faites-moi confiance. Quand j’ai attendu, de guerre lasse, j’ai nommé Aminata Mbengue chargée de mission à la Présidence. Par la suite, Ndioro a fait une faute très grave. Le Sénégal devait abriter une très grande rencontre, la Conférence des femmes africaines pour préparer Pékin, à laquelle devaient prendre part les Premières Dames. En Conseil des Ministres, j’ai demandé à Ndioro de s’appuyer sur l’ensemble des Ministres, et je lui dis que j’allais mettre tout le monde à sa disposition pour les accueils, le protocole.
Elle a voulu faire la championne en organisant toute seule dans son département cette manifestation d’envergure, qui devait préparer Pékin pour les femmes africaines. Elle a voulu tout organiser seule, et ce fut un fiasco total. Madame Abasha était là, tout comme Madame Rawlings. Il y avait d’autres Premières Dames mais ma femme n’était pas là. Pourtant, j’avais demandé à Ndioro de mettre à contribution tout le monde. La suite prouve qu’elle l’a fait exprès. En effet, à la sortie du gala à Sorano, le griot chargé de l’animation n’a fait que chanter Ndioro. Il l’enfonça d’ailleurs en disant «Ah ! Nous venons pour la première fois de voir un ministre organiser seul un évènement, sans l’aide de personne, et le réussir». Et dire que j’avais demandé qu’on lui apporte toute l’assistance nécessaire. Quand le lendemain j’ai reçu à déjeuner la Reine Fabiola, connaissant mon état d’esprit, elle me dit « Monsieur le Président, pardonnez à votre Ministre ». Je lui répondis, Majesté, je vous ai comprise ».
ABDOU DIOUF : « Celle qui connait le mieux la femme, c’est Aminata Mbengue Ndiaye »
« On ne peut pas diriger un pays s’il n’y a pas de sanctions contre les fautes graves comme celle-là. Surtout, on ne peut pas essayer de promouvoir son image personnelle au détriment de celle du pays, et, en fin de compte, briser sa propre image et l’image du pays. C’est alors que je me suis dit que celle qui connaît le mieux la femme c’est Aminata, la chargée de mission, parce que si Ndioro l’avait eue comme directrice de la Promotion féminine, elle n’aurait pas commis ces erreurs. A la surprise générale, elle a fait un excellent travail auprès des groupements des femmes à Louga, au niveau de la région et dans le Sénégal » a conclu le président Abdou Diouf sur le chapitre consacré à Mme Aminata Mbengue Ndiaye. Dont la promotion comme secrétaire générale par intérim du Parti socialiste et, surtout, présidente du haut Conseil des collectivités territoriales est donc parfaitement méritée !