QUAND MACKY INDISPOSE SA MAJORITÉ
La décision du président Sall de reconfigurer sa majorité est en passe de susciter encore plus de frustrations au niveau de ses alliés depuis 2012
L’implosion de certaines coalitions politiques de l’opposition, provoquée par le ralliement au camp du pouvoir du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et de l’ancien numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, pourrait rejaillir sur la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar. En effet, la décision du président Sall de reconfigurer sa majorité est en passe de susciter encore plus de frustrations au niveau de ses alliés depuis 2012. Et davantage quand ceux-ci (Ps et Afp), qui ont toujours eu du mal à conjuguer avec Idrissa Seck, voient ce dernier être crédité par la maitre du jeu, Macky Sall, d’autant voire plus de privilèges qu’eux avec 2 ministères et une présidence d’institution (Cese). D’où l’installation subreptice d’un véritable climat de malaise au sein de la majorité qui voit les fruits de la victoire de 2019 captés par certains de ses anciens adversaires. Par la grâce de Macky Sall !
C’est un secret de polichinelle, le remaniement ministériel opéré par le président de la République, Macky Sall, le 1er novembre dernier prendra des mois voire des années avant de livrer tous ses enseignements sur l’échiquier politique national.
Même si certains observateurs de la scène politique, partant de la dislocation de certaines coalitions de partis d’opposition (Jotna et Idy 2019) au lendemain de ce remaniement ministériel qui a consacré le retour aux affaires du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et l’arrivée dans l’attelage gouvernemental de l’ancien numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, semblaient tirer des conclusions à la faveur du régime en place au détriment de l’opposition, tout porte à croire cependant que rien n’est joué d’avance concernant ce dossier.
Qui plus est, l’opposition sénégalaise risque de ne pas être seule à subir l’impact du revirement de l’ancien candidat de la coalition Idy 2019 arrivé deuxième à l’issue de la présidentielle de février 2019 dernier et plus l’entrisme de ces Libéraux dans le gouvernement. Et pour cause, avec l’arrivée de ces deux anciens frères libéraux du chef de l’Etat, en l’occurrence Idrissa Seck et Omar Sarr dans le camp du pouvoir, la coalition majoritaire en place, jusqu’ici dominée par le trio Alliance pour la République (parti du président de la République) et ses deux principaux alliés que sont le Parti socialiste (Ps) de la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales, Aminata Mbengie Ndiaye, et l’Alliance des forces de progrès (Afp) du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, est partie pour connaitre un véritable bouleversement avec à la clé certainement une redistribution des cartes.
Une reconfiguration dont le processus semble déjà enclenché par le président Sall lui-même au moment de procéder à la formation du dernier gouvernement. La preuve : sa décision d’octroyer à son nouvel allié, Idrissa Seck, autant de privilèges que le Ps : deux postes ministériels et une présidence d’institution et plus que l’Afp alors que ces deux formations d’obédience socialiste ont fait depuis 2012 de nombreux sacrifices au profit de la survie de la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar.
Lors de la dernière présidentielle, au nom de leur alliance avec l’Apr dans Benno, les directions des deux formations politiques avaient toutes renoncé à présenter des candidatures pour soutenir celle de l’actuel chef de l’Etat. Une position qui avait par ailleurs poussé certains responsables de ces deux formations qui n’étaient pas d’accord avec cette ligne à quitter le navire pour suivre leur propre chemin politique.
Principal gain politique : l’accueil du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, et d’Oumar Sarr dans l’attelage gouvernemental va permettre au président Macky Sall de renforcer son poids électoral dans le sens où il va désormais disposer entre ses mains des cartes pouvant l’aider à asseoir sa domination sur des localités où il avait toujours éprouvé de la difficulté à gagner à l’image entre autres de Thiès et Dagana ou encore Touba, du fait de la proximité que les deux responsables ont avec ces localités. Cependant, il reste que ce nouveau mariage n’est pas sans risque sur la cohésion de Benno Bokk Yaakaar où les partis politiques comme le Ps, l’Afp ou encore la Ligue démocratique, pourraient tout simplement décider les prochains jours revoir le compagnonnage avec Macky Sall.