QUAND WADE MANŒUVRAIT À VISAGE DÉCOUVERT
En mettant en pole position Karim Wade et ses proches au détriment de certains ténors du Parti démocratique Sénégalais, l’ancien président Me Abdoulaye Wade, dans sa décision de remanier le Secrétariat national du Pds, reste constant dans sa démarche
De la nomination de son fils comme «ministre du Ciel et de la Terre» en 2009, à la réorganisation récente opérée dans le parti, en passant par le fameux poste de Vice-président élu sur la base d’un ticket, sans oublier la candidature forcée à la présidentielle dernière de Karim Wade, les manœuvres de «Wade père» pour hisser son fils (Karim) étaient flagrantes.
Qui, parmi les observateurs avertis ou même les ténors du Parti démocratique sénégalais (Pds), peut dire qu’il n’a pas senti venir le coup, relativement à ce qui se passe présentement au Pds, à savoir la «dévolution monarchique» du parti ? Ce ne seront certainement pas les «Frondeurs» au sein du Pds, à savoir Babacar Gaye, Me El Hadj Amadou Sall et/ou autres Oumar Sarr qui prépareraient une rébellion interne, suite au remaniement opéré par le «Pape du Sopi» sur le Secrétariat national du parti.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien président Me Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du Pds ne s’est jamais caché dans ses manœuvres pour hisser son fils Karim au plus haut sommet de l’Etat, mais aussi au fauteuil qu’il a occupé depuis la création du Pds, en 1974. Son refus catégorique de participer à la présidentielle de 2019, parce que la candidature de son fils avait été rejetée par le Conseil constitutionnel en est l’une des preuves palpables.
Que dire de son «obstination» à maintenir la candidature de celui-ci, non inscrit sur les listes électorales, ou encore de la liquidation politique de tous ceux qui ont «osé» réclamer une candidature alternative à celle de son fils ? Me Madické Niang n’oubliera pas de sitôt la déception connue lors de la présidentielle dernière, lui qui comptait sur le soutien de ses camarades du Pds. Il faudrait, par ailleurs, rappeler que les agissements pour positionner son fils ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà, en 2009, il a réussi à placer «Wade fils» aux plus hautes fonctions de l’Etat, avec la nomination de ce dernier à un poste de superministre coiffant les secteurs économiques-clés du pays.
Pour sa première entrée dans le gouvernement, Karim Wade s’est vu élever au rang de ministre d’Etat en charge de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, jusqu’en 2012. Il sera ainsi surnommé le «ministre du Ciel et de la Terre», pour son omnipotence, et «Monsieur 15%» pour les commissions dont il était soupçonné de percevoir sur des contrats publics. Mais, il manquait la recette institutionnelle de cette succession… quasi monarchique.
La trouvaille de «Wade père» fût alors de faire voter par l’Assemblée nationale, un projet de réforme constitutionnelle pour faire d’une pierre deux coups: à savoir se faire réélire avec «le quart bloquant» notamment les 25% des suffrages valablement exprimés, suffisant pour passer dès le premier tour, mais aussi instaurer le poste de Vice-président, susceptible de faciliter le passage du relais à «Wade fils», selon des analystes et autres politiques. Ce sera sans compter avec le peuple qui s’est opposé à ce projet «hautement controversé».
A noter que, des années plus tôt, de 2000 à 2004, Karim Wade était juste Conseiller de son père de président et se chargeait des dossiers plutôt techniques. Ce n’est qu’en juin 2004, qu’il franchit les étapes pour se voir confier la présidence de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (Anoci), avec pour mission de préparer et d’organiser le onzième sommet de l’Oci devant réunir, en 2008 à Dakar, les responsables de 57 pays musulmans.
Dans sa volonté de prendre ses distances à l’égard de la France et des États-Unis, le président Wade chargera son fils d’attirer les investisseurs arabes. Autant d’actes posés par Wade, parmi tant d’autres, au vu et au su de tout le monde, pour mieux positionner son fils. Ce qui fait que les actes posés récemment ne semblent surprendre personne, ou du moins les observateurs avertis.