QUE CACHE LA RECULADE DE L’AGENT JUDICAIRE DE L’ETAT ?
Dans un revirement inattendu, l’Agent judiciaire de l’État a renoncé, hier, à son action en récusation contre le juge Sabassy Faye du tribunal de grande instance de Ziguinchor. Tentative de décryptage d'une décision surprise

Dans un revirement inattendu, l’Agent judiciaire de l’État (AJE) a renoncé, hier, à son action en récusation contre le juge Sabassy Faye du tribunal de grande instance de Ziguinchor. Cette décision a été officiellement communiquée aux autorités judiciaires, mettant ainsi fin à un épisode tendu dans le procès très médiatisé d’Ousmane Sonko à Ziguinchor.
L’acte de désistement a été déposé devant le premier président de la Cour d’appel de Ziguinchor. Celui-ci devait statuer sur la demande de l’Agent judiciaire de l’état tendant à la récusation du juge Sabassy Faye. L’AJE avait soulevé des doutes relatifs à l’impartialité du juge Sabassy Faye, arguant que le président du tribunal d’instance de Ziguinchor avait des liens familiaux avec un adjoint à la mairie de Ziguinchor, une municipalité dirigée par M. Ousmane Sonko à qui la direction générale des élections a refusé de remettre des listes de parrainage pour sa participation à l’élection présidentielle de 2024.
Cette nouvelle procédure dans l’affaire des listes de parrainage de Ousmane Sonko, leader de l’ex parti Pastef, a jeté un éclairage sur les relations complexes entre la sphère politique et le système judiciaire au Sénégal. Alors que cette affaire continue de cristalliser l’attention du public, ce retournement de situation soulève des questions sur l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’équité des procédures judiciaires dans le pays.
A propos de la renonciation de l’agent judiciaire de l’Etat à sa demande de récusation du juge Sabassy Faye, certains juristes estiment qu’il est peut-être en train de corriger la faute commise aux yeux des observateurs nationaux et internationaux qui suivent de près le déroulement des actions de l’état de droit au Sénégal. D’autres avancent que solliciter une récusation sur la simple base qu’un juge est le frère d’un conseiller municipal du demandeur était trop léger pour passer. Par conséquent, l’Etat aurait sûrement voulu éviter une seconde défaite dans ce même dossier. Ces deux thèses sont avancées dans le landerneau politico judiciaire. « Seulement l’on peut se demander en réalité ce que cache la reculade de l’Agent judiciaire de l’Etat dans le dossier de la radiation des listes électorales du président Ousmane Sonko. L’Etat veut éviter un nouveau camouflet judiciaire parce que le président de la Cour d’Appel peut suivre la voie tracée par le juge Sabassy Faye.
L’Exécutif peine à contrôler des pans de la justice qui donnent l’impression de leur échapper. Mais nous pensons que la botte secrète du régime qui n’a pas dit son dernier mot pourrait venir de la cassation introduite par Ousmane Sonko dans l’affaire l’opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang ». Lors du 1er jugement, Ousmane Sonko avait été condamné à 2 mois de prison avec sursis et une amende de 200 millions de frs en mai 2022 pour diffamation contre le ministre du Tourisme.
L’appel introduit en mai 2023 par les deux parties avait corsé la peine du leader de Pastef à 6 mois de sursis et un maintien des 200 millions d’amende. Une peine qui écarte de facto Ousmane Sonko de la Présidentielle de 2024. Seulement un avocat du leader de Pastef contacté par le Témoin indique que cette botte secrète du régime, la défense de Sonko l’a déjà envisagée. Elle s’est préparée en conséquence pour contourner tout obstacle que le régime mettra en place pour écarter leur client de la Présidentielle de 2024.