QUERELLES DE CHAPELLES
L'oeil du scribe : une chronique de Madou Kane
De Blaise Diagne à Macky Sall, l’histoire politique du Sénégal est jalonnée de luttes âpres entre anciens alliés. Une série de reniements, de ralliements ou de ruptures aussi fracassants les uns les autres. A en conclure que le compagnonnage politique se termine inéluctablement en queue de poisson.
Le péché originel fait remonter en surface les bisbilles entre Blaise et Ngalandou ; le Sérère Senghor séparé de son mentor Lamine Coura puis réconcilié ; la rupture fratricide entre le même Senghor et son ami Dia ; l’irrévérence subtile du dauphin Abdou à son bienfaiteur académicien qui mena à la guéguerre du trio d’héritiers, en l’occurrence Diouf, Djibo et Niasse. Une déchirure qui, in fine, éjecta le longiligne timonier socialiste du navire Sénégal.
Aujourd’hui, l’arène politique abrite le choc des seconds couteaux libéraux, avec les adversaires d’hier comme arbitres. D’abord, une série d’infanticides avant que le général des calots bleus ne bute sur l’indigeste colosse de Fatick. Macky le géologue, dur comme un roc, terrassa le vieux maitre enchanteur et l’envoya à Versailles.
Ainsi, plus que la confrontation des programmes, les attaques crypto-personnelles entre bonnes vieilles connaissances vont bon train. Le feu est attisé par le souffle venimeux de l’intraitable Sonko qui n’a pas la langue liée. Des diatribes à foison qui indisposent les citoyens ou amusent la galerie de spectateurs friands de sensations fortes. Une dose de cynisme qui en dit long sur les rancœurs et autres règlements de comptes qui moussent et débordent des alvéoles trop pleines de mauvais sang.
Arriva le vieux Wade, patriarche aux caprices de star, qui ne veut point se faire ravir la vedette dans cette vendetta tous azimuts. Il profite des bains de foule et de jouvence qui préservent ses énergies de rude combattant toujours prêt à ouvrir des fronts. Quelle grinta pour le pathétique papa qui se substitue à son fils frileux ! Ce vrai faux candidat qui redoute tout ce que le père aime endurer.
Toutefois, depuis le fameux ‘’wax waxet’’, le stratège de réputation se fourvoie trop souvent dans ses stratagèmes. Celui qui fut un génial politicien continue de bénéficier de la mansuétude des observateurs, eu égard certainement à son âge avancé qui force le respect et l’indulgence.
Mais, enfin, quel crédit pour un discours va-t’en guerre qui rejette la tenue du scrutin et qui, en même temps, propose un plan d’actions pacifiques en fonction de l’agenda de ce même processus : pendant la campagne, le jour de l’élection et au moment de la proclamation des résultats ?
Quelle cohérence chez ce prophète qui proclame urbi et orbi que l’élection n’aura pas lieu, mais qui annonce déjà les chiffres et le futur président élu ?
Bref, on ne brûle pas une icône, surtout s’il s’agit de l’inusable Wade !