«RIEN NE PRESAGE D’UNE IMPLOSION... POUR L’INSTANT»
PR MOUSSA DIAW, SUR LA PERSPECTIVE 2017 POUR BBY
Même si le rapport de force va être de plus en plus tendu entre les membres de la coalition présidentielle, surtout dans la perspective des élections législatives de 2017 et des listes présumées communes de candidats à confectionner, rien ne présage actuellement d’une quelconque implosion de Bennoo Bokk Yaakaar. Telle est la conviction de Moussa Diaw, Enseignant chercheur en science politique à l’UGB de Saint-Louis (Ugb). Dans cet entretien accordé à Sud Quotidien, il revient par ailleurs sur la relation tout au plus « ambigüe » entre le parti au pouvoir et le Ps, un de ses principaux alliés au sein de Bby, tout en ant la liberté de manœuvre politique du chef de l’Etat avec la …Haute autorité des collectivités locales, en rapport avec les appétits de ses alliés.
2017 s’annonce comme une date importante pour Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), pensez-vous que cette coalition survivra aux prochaines législatives, compte tenu de la «gourmandise» dont font montre certains responsables de l’Apr et des alliés qui veulent plus être servis ?
Pour l’instant, rien n’est prévu pour dire qu’il va y avoir une implosion de Bennoo Bokk Yaakaar. Compte tenu des déclarations des uns et des autres, cela laisse présumer que le rapport de force va être de plus en plus tendu entre les membres de la coalition, surtout pour les perspectives des législatives de 2017. Mais compte tenu des enjeux, il est certain qu’il sera très difficile de faire des listes communes pour la simple raison que chaque parti va essayer de s’adapter en mettant en place des perspectives pour arriver au pouvoir. Même au sein de Bennoo Bokk Yaakaar, le Parti socialiste (Ps) ne va pas simplement rester dans une coalition définitivement. L’enjeu et l’objectif d’un parti politique, surtout celui qui détient le pouvoir est de se préparer pour essayer de rebondir, de solliciter les populations pour revenir au pouvoir. Comme on est dans une coalition, il y a quand même un compromis, un consensus qui se fait dégager selon les différends responsables. Si, on se base sur ce qu’Ousmane Tanor Dieng a dit, c’est qu’il va continuer cette coalition avec l’Apr au sein de Bennoo Bokk Yaakaar. Cela va jusque où, peut-être au moment où on va confectionner les listes pour les élections législatives de 2017.
On a également constaté, de tous les partis membres de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, que le Ps est celui qui est le plus ciblé par des attaques des militants et responsables de l’Apr. Y a-t-il une raison particulière ?
Je pense que le Ps a une représentation nationale, il a une grande expérience en termes de sensibilisation, de structuration. Aujourd’hui, même s’il y a des divergences politiques, compte tenu des comportements de certains leaders qui ne respectent pas souvent des directives en fonction des enjeux qui font qu’ils ont besoin de se démarquer, cela n’empêche que c’est un parti qui est solide, qui va être consolidé et qui va essayer de tirer le maximum de profits au sein de cette coalition Bennoo Bokk Yaakaar et de voir les perspectives à venir. C’est la raison pour laquelle cette formation politique est le jeu d’attaque de certains et si cela se fait dans un cadre démocrate, il ne va pas au-delà pour faire exploser cette coalition.
Toutefois, cela va de soi, je pense, les membres des partis politiques, notamment du Parti socialiste sont conscients de ce rapport de force là et qu’ils ont besoin de se positionner et ne pas laisser toute la place. Il ne faut pas laisser à l’Apr tenir la main de procédures de ce qui va se passer au moment de la structuration et au moment de préparer les prochaines élections.
Le président de la République peut-il calmer les ambitions du Ps avec la Haute autorité des collectivités locales ?
Ce qui est sûr, c’est que le président de la République a une marge de manœuvre dans la désignation des membres de cet organe. D’après la première mouture, sur les 120 membres qui formeront son effectif, 80 viendront de structures départementales, territoriales et locales et 40 seront nommés par le chef de l’État. Il pourra ainsi faire un dosage au niveau de ce conseil, en sorte qu’il y ait une coloration politique. Car, vous savez bien que ces structures-là sont non seulement budgétivores mais aussi permettent de régler quelques positionnements, de placer quelques personnes politiquement, qui ont du poids dans l’espace territorial et départemental. Donc, ce sera une sorte de redistribution des rapports de force à ce niveau-là. Cela permettra à court terme de calmer les esprits des uns, régler un certain nombre de questions, un certain rapport de force au sein de cette coalition Bennoo Bokk Yaakaar. La marge de manœuvre est possible pour le président de la République, c’est lui qui détient tous les atouts pour faire le dosage nécessaire, pour faire la redistribution de cartes nécessaires au sein de cette structure qu’il va mettre en place très bientôt.