SENGHOR, VERSON 2016
Plus de 117 millions de francs Cfa votés par le Conseil régional de Basse-Normandie pour sauver les archives du Président-poète
Le grand poète, ex-chef de l’Etat du Sénégal, a passé les dernières années de sa vie à Verson à côté de Caen. Les collectivités s’organisent depuis quelques mois pour préserver son patrimoine lié à la Normandie. Environ 117 millions 900 mille francs Cfa ont été votés par le Conseil régional de Basse-Normandie pour sauvegarder les archives du poète, homme politique et académicien. Ces travaux devraient s’échelonner sur toute l’année 2016.
Cela était passé presqu’inaperçu en octobre dernier. Mais la nouvelle est remise au goût du jour en marge de la célébration du 14e anniversaire du décès du Président-poète (20 décembre dernier). En effet, il y a une urgence pour sauver les archives de Léopold Sédar Senghor disponible à Verson.
«Homme politique majeur du 20e siècle, Senghor est aussi un grand écrivain, membre de l’Académie française. Ses archives sont d’une exceptionnelle richesse. Des caisses et des cartons de correspondances, d’écrits, de photos et d’objets d’art se trouvent actuellement à Caen. Toujours propriété de Mme Senghor, ces fonds sont conservés dans de mauvaises conditions. Conséquence, ils s’abîment très rapidement. Une intervention urgente est nécessaire», informe Normadie actu.fr.
Ce site renseigne d’ailleurs que le 16 octobre dernier, un budget de 180 mille euros, soit 117 millions 900 mille francs Cfa a été voté pour sauvegarder ces archives.
Selon plusieurs sources concordantes, «lors du deuxième et dernier jour d’Assemblée plénière de la région Basse-Normandie, les élus ont adopté à l’unanimité un plan de ‘’mesures d’urgence’’ pour sauvegarder ces archives. Un budget de 180 mille euros (dont 30 mille euros de crédits de paiement) a été alloué pour permettre de sauver un patrimoine à la valeur inestimable», car le mauvais état des archives ayant été constaté, la Ville de Verson a «souhaité s’entourer de différents partenaires pour préserver l’intégrité du patrimoine et sa mise en valeur».
Le maire a alors sollicité l’Etat et la région Basse-Normandie. Naît alors l’idée d’une «convention de partenariat» avec différents acteurs : le Conseil départemental du Calvados, la Communauté d’agglomération Caen la Mer, l’Imec, l’Université, l’Etablissement public de coopération culturelle, La Fabrique de patrimoines. Cette convention a été adoptée à l’unanimité le 16 octobre 2015.
Elle précise que le patrimoine n’est pas la propriété des partenaires. «Il appartient à Madame veuve Senghor (...)», mentionne le document qui indique que «les travaux qui seront menés dans le cadre de cette convention nécessitent le plus scrupuleux respect de ce patrimoine et une information très régulière de Mme Senghor ou de ses représentants habilités sur les opérations engagées». Les travaux devraient s’échelonner sur toute l’année 2016.
Restauration et valorisation
D’après Normadie.actu.fr, le comité de pilotage (composé des partenaires de la convention) s’est engagé à prendre plusieurs mesures en vue d’assurer la préservation (telles que la désinfection et le reconditionnement) et se devra également d’apporter «une réponse pérenne» à la question du lieu de stockage et de mise à disposition des archives. Pour l’heure, le lieu de stockage des archives reste «dans la confidence», a précisé le maire.
Le comité devra aussi mettre en œuvre «un projet de valorisation des biens patrimoniaux et de médiation culturelle autour de Léopold Sédar Senghor», indique le rapport : des actions éducatives en direction des jeunes, une résidence d’écrivains, des manifestations destinées à diffuser largement la pensée et la portée de son œuvre, etc. devraient être organisées.
Le maire de Verson a d’ailleurs précisé à ce sujet : «Je ne peux évidemment pas dévoiler le projet dans son intégralité, mais oui, il s’agira certainement d’un musée qui pourra accueillir diverses manifestations artistiques et culturelles. Nous n’en savons pas plus, si ce n’est que nous aimerions que cela soit dans la maison des Senghor.»
«Nous avons ouvert des caisses et des caisses d’archives. Je dirais qu’au total, il y avait 50m3 de caisses... Certaines comprennent notamment des photos où M. Senghor pose avec Gandhi, Kennedy, la Reine d’Angleterre, etc. C’est un homme qui a traversé les siècles. Il y a aussi des correspondances avec Aimé Césaire par exemple.
Hélas, beaucoup d’entre elles étaient attaquées par les ‘’poissons d’argent’’, cet insecte qui détruit le papier notamment», a également rapporté le maire de la commune. Ce projet sera donc une maisonmusée, aux bénéfices culturels et touristiques.
Colette au cœur de la démarche
«Et si je vous donnais mon patrimoine ?» Cette question aurait été posée par Mme Senghor, elle-même, au maire de la Ville de Verson, Michel Marie, en 2004. Une proposition que le maire accepte, comme une évidence : «Quand Mme Senghor manifeste l’intention de léguer ses archives, on ne peut logiquement qu’être d’accord», explique le maire à Normandie-actu.
Une intention que la Ville a prise au sérieux puisque dès 2006, elle entreprend de «sauver» une partie des archives conservées dans des annexes de la maison du penseur (un garage, un chalet et une petite maison à Verson).
Verson, il faut le rappeler, petite commune de moins de 4 000 habitants dans le Calvados, près de Caen, était le «refuge» de l’illustre Léopold Sédar Senghor (1906-2001), depuis qu’il avait épousé sa seconde femme, Colette Hubert de Betteville, une Normande, en 1957. C’est à lui que l’on doit le concept de «Normandité».
«Je définis la Normandité comme un lyrisme lucide», avait expliqué de son vivant Léopold Sédar Senghor.