SIDY LAMINE NIASSE, LE GENERAL EN CHEF DE L’ASSAUT CITOYEN
Un homme, en particulier, a été au début et à la fin du processus à l’origine de la fin du régime d'Abdoulaye Wade. Ses hauts faits d’armes ont fait tache d’huile et donné du courage à d’autres activistes

La révolution citoyenne du 23 juin est célébrée aujourd’hui au Sénégal. Une journée historique qui a mis sur orbite plusieurs grands leaders. Toutefois, un homme, en particulier, a été au début et à la fin du processus à l’origine de la fin du régime de Me Abdoulaye Wade : Sidy Lamine Niasse. Ses hauts faits d’armes ont fait tache d’huile et donné du courage à d’autres activistes.
Beaucoup de facteurs ont concouru à faire du 23 juin 2011 une journée historique et révolutionnaire. D’abord le projet de loi qui risquait de passer comme lettre à la poste et faire basculer le Sénégal dans une grande nuit, la voix de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh reprise par la quasi-totalité des radios de la bande Fm. Il y avait aussi la détermination de la jeunesse à barrer la route à ce qu’elle considérait comme une forfaiture. Mais aussi des acteurs politiques et la société civile de grande envergure qui ont été déterminants dans le processus en amont.
Les membres du mouvement Y en a marre qui rompent la veille une réunion des leaders de l’opposition de l’époque à Daniel Brothier, les appelant à descendre dans la rue pour combattre, mais aussi le député Cheikh Bamba Dièye qui prend date avec l’histoire en s’enchaînant devant les grilles de l’Assemblée. Mais un homme a joué un rôle prépondérant dans la chute du Président Abdoulaye Wade : Sidy Lamine Niasse. Et il faut remonter 3 mois avant pour comprendre l’impact qu’il a eu sur cette journée du 23 juin. Mars 2011. Nous sommes à quelques jours de la date fatidique du 19 où doit se tenir la marche à polémique, à la place de l’Indépendance, du PDG du groupe Walfadjri, Sidy Lamine Niasse. Les Sénégalais retiennent leur souffle. Car, les médiations des khalifes généraux et de certains membres de la société civile enclenchées pour le convaincre à surseoir à sa volonté d’organiser une marche à la Place de l’Indépendance n’ont pas eu les résultats escomptés. Sidy ne veut écouter personne. Son face-à-face avec le Président Abdoulaye Wade et son régime aura bel et bien lieu et quoi qu’il en coûte. Et le pire risque de se produire. Manifestement très remonté contre le chef de l’Etat de l’époque, le journaliste ne veut même écouter son frère et ami, le khalife général de Léona Niassène, le défunt El Hadji Ibrahima Niasse.
Exaspéré par une mise en demeure de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (Artp) réclamant près 241 millions Fcfa en guise de redevance, le Pdg de Walfadjiri invita les Sénégalais à se joindre à lui pour un sit-in, le 19 mars, à la place de l’Indépendance qu’il a rebaptisée Tahir, pour la circonstance. «Même si je meurs, cette marche aura lieu et plus d’un million de Sénégalais marcheront. Je suis dans le même état d’esprit que les gars qui se sont immolés devantle Palais, mais je ne vais pas le faire, je laisse le soin à l’Etat de me tuer, je ne vais pas me suicider. Si l’Etat veut fermer la télé Walf Tv, qu’il le fasse, je ne reculerai devant rien pour mener à bien mes projets», avait-il déclaré urbi et orbi. Même si le porte-parole du Président de l’époque avait signifié que force resterait à la loi, Me Wade finit pas autoriser la marche.
Sidy Lamine Niasse réussit non seulement le pari de la mobilisation et profite de l’occasion pour tirer à boulets rouges sur le régime. Le mollah de Sacré-Cœur ayant réussi à organiser un rassemblement dans cette place «interdite» de l’Indépendance à cause de sa proximité avec le Palais présidentiel, son acte fera tache d’huile, dans l’esprit des mouvements citoyens. C’est dire que la marche du 19 mars a été une hirondelle qui annonçait le printemps du 23 juin 2011.
QUI ACHEVA «L’ENNEMI» WADE
Il est aussi l’un des acteurs majeurs de la journée du 23 juin 2011 en défiant l’autorité et en haranguant la foule. Son groupe de presse a accueilli, ce jour-là, plusieurs leaders politiques dont un certain Macky Sall qui deviendra par la suite le président de la République du Sénégal. Il continuera de mettre la pression sur le régime de l’époque jusqu’en 2012. L’on se souvient qu’à la veille des élections, tout le monde, y compris la communauté internationale, craignait l’issue de cette joute électorale. Malgré un contexte inaudible et un climat délétère, il prendra la parole pour rassurer des Sénégalais inquiets. Les candidats Macky Sall, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor appelleront par la suite Sidy Lamine Niasse en direct pour calmer la situation. La suite, on la connaît. Un coup de téléphone de Me Wade pour féliciter son ancien Premier ministre Macky Sall qui devient le quatrième président du Sénégal...