"S'IL EST CONVAINCU QUE CES GENS ONT FAIT QUELQUE CHOSE, AU POINT QU'IL VEUT ASSUMER, IL N'A QU'À LE DIRE À LA POLICE"
Abdoulaye Wilane tacle Khalifa Sall
La situation tendue au Parti socialiste (Ps) s'exacerbe. La réplique à la sortie musclée de Khalifa Sall, dénonçant les convocations tous azimuts de ses proches à la Dic, n'a pas tardé. Hier, Abdoulaye Wilane, porte-parole des socialistes, lui a porté une cinglante réplique.
Le fossé semble se creuser davantage entre la direction du Parti socialiste (Ps) et Khalifa Sall et ses souteneurs. Les développements de l'enquête ouverte par la Division des investigations criminelles (Dic) de la Police pour faire la lumière sur les incidents qui ont émaillé la réunion du Bureau politique (Bp) dudit parti, le 4 mars dernier, font que les deux camps ont fini par se radicaliser. Et tous les coups sont désormais permis.
Au sortir, hier, de la réunion du Secrétariat exécutif national (Sen) du Ps, le porte-parole des "verts" a porté la réplique à Khalifa Sall qui, avant-hier, depuis Montréal, avait poussé un coup de gueule, dénonçant notamment les convocations tous azimuts de ses proches et souteneurs à la Dic.
Selon Abdoulaye Wilane, "c'est normal dans une démocratie, que force reste à la loi. Il faut que les gars répondent de leurs faits, il n'y a que ça. On ne peut pas passer par pertes et profits des comportements aussi condamnables". "Nous renouvelons notre confiance à la Police, au Procureur, et nous souhaitons que l'enquête se poursuive jusqu'à son terme, et que les auteurs de ces forfaits soient connus, pris et jugés" a-t-il ajouté.
Le maire de Kaffrine de rappeler : "Le Bp avait décidé d'ester en justice et avait donné mandat au Secrétariat exécutif et au Secrétaire général de porter l'affaire devant les tribunaux. Nous avions porté plainte contre X. Tous les camarades membres du Secrétariat exécutif ont réaffirmé leur volonté et le besoin de clarification pour situer les responsabilités. Tout le monde demande à ce que l'on sache qui a fait quoi et qui a fait faire quoi".
Poursuivant son propos, il souligne : "Une plainte contre X n'est pas une plainte orientée, ce n'est pas une plainte ciblée. Depuis lors, le Procureur et la Police ont eu à diligenter une enquête. Et ces enquêtes ont permis d'auditionner Ousmane Tanor Dieng pendant plus de 3 heures, le maire Alioune Ndoye, Jean-Baptiste Diouf, Cheikh Sadibou Sèye, Alioune Sow, Ndiago Ndiaye, Yeya Diallo. Beaucoup de camarades hommes et femmes, jeunes et adultes, ont été entendus".
"Tout le monde demande à ce que l'on sache qui a fait quoi et qui a fait faire quoi"
D'après, M. Wilane, lorsque la Police a convoqué les membres du Bp et du Sen, personne n'en a parlé à la presse. "Mais, dans ces derniers jours, il y a des individus qui ont été entendus, et ils ont ébruité cela. Ce qui a expliqué des prises de parole dans un contexte où ceux qui ont fait ces prises de parole publiques, autant qu'ils veulent que la tension baisse, ils avaient la possibilité de s'adresser aux instances du parti ou au parti. Le parti a porté plainte contre X, et il appartient à la Police, au Procureur, de dire qui sont ces X là, avec qui ils ont fait ça".
S'en prenant à Khalifa Sall, Abdoulaye Wilane tempête : "Alors, dire qu'il y a une plainte contre des jeunes du Parti socialiste, c'est faux, c'est mensonger, c'est malhonnête, et ça participe d'une stratégie de diabolisation et de victimisation. Ça ne passera pas. La victimisation outrancière ne passera pas".
Sur sa lancée, il indique : "Soyons sérieux. Khalifa Sall, lui-même, au lendemain du référendum, a fait des interventions médiatiques. Et le plus retentissant, c'était avec Ahmed Aïdara, dans le cadre de son émission 'Jotay'. Il a dit qu'il a regretté, il a condamné l'acte, qu'il a été meurtri et qu'il voulait qu'on situe les responsabilités. Alors, la plainte est décidée par le Bp contre X et le Secrétariat exécutif du Parti socialiste est obligé de s'appliquer les dossiers du Bp".
"Pourquoi diable voudrait-on que le Secrétariat du parti, d'autres membres du bureau exécutif, soient convoqués à la Dic, sans pourtant qu'on crie au scandale, et que des gens, confondus par leurs actes ou leurs agissements, ou bien dénoncés par des gens qui les identifient et les accusent, soient signalés à la Police, que ces gens-là ne soient pas entendus? Dans quel pays sommes-nous?", s'interroge-t-il.
"Force restera à la loi, et les gens répondront de leur forfait"
Toujours par rapport au maire de Dakar, Abdoulaye Wilane martèle : "Si Khalifa Sall sait ce que ce courage veut dire, ce que responsabilité veut dire, en tant que responsable du département de Dakar, en tant que Secrétaire national à la Vie du parti, quand bien même il peut avoir des raisons valables d'être absent du pays. Mais, les instances du parti sont là pour qu'il dise ce qu'il veut dire. C'est pourquoi j'ai dit à la presse : 'J'attends que Khalifa Sall soit dans les instances du parti pour échanger avec lui sur ces questions-là'. Mais, je m'interdis, moi, de polémiquer avec lui, parce que je ne sais pas où est-ce qu'il est, et qu'est-ce qu'il le maintient là où il est ? Ce que je sais, c'est que, quand il a eu par courrier électronique la notification de la tenue de la réunion du Sen, il a envoyé un message sympathique pour s'excuser et souhaiter à tout le monde bon Ramadan".
M. Wilane note également : "Alors, autant il peut faire ça, autant il pourrait par les moyens, les canaux, s'adresser à son parti. Maintenant, s'il a envie, parce que des gens semblent lui être proches, s'il a envie, ou s'il est convaincu que ces gens-là ont fait quelque chose, au point qu'il veut assumer, il n'a qu'à le dire à la Police, mais pas à nous. Parce que nous, on n'a pas porté plainte contre Khalifa Sall, on n'a pas porté plainte contre Tanor Dieng, ni contre Abdoulaye Wilane, ni contre Serigne Mbaye Thiam. On a porté plainte contre X. Et ce X, nous continuons à faire confiance à la Police, au Procureur, à leur perspicacité". De toute façon, le porte-parole du Ps estime que la Police va débusquer les auteurs des incidents du 4 mars.
"Force restera à la loi, et les gens répondront de leur forfait. Le Ps n'envisage pas de retirer, de quelque manière que ce soit, une plainte. Nous ne pouvons pas saisir la Police et le Procureur, et après, il y a des gens qui viennent pleurnicher. Cependant, que d'autres, au nom de qui ils sont censés faire cela, vitupèrent, font dans des bavardages... Il faut que les uns et les autres arrêtent toutes ces démarches de 'camaradicide'. Depuis quelques années, personne dans la classe politique, n'a manqué de respect au Ps. Nos adversaires nous respectent et reconnaissent nos qualités et nos valeurs. Et des camarades, soi-disant membres du Ps, continuent à faire dans des démarches de 'camaradicide' et cherchent à écorner notre image, pour brouiller notre communication ou concurrencer, de manière malhonnête, ce que le parti fait. Ça suffit".