SOULEYMANE NDOYE CORRIGE SEYDOU DIOUF
Le débat portant sur la suppression ou le maintien de la ville fait rage à Rufisque entre responsables politiques.
Les réactions commencent après la proposition du député Seydou Diouf de retour à une commune unique. Le président du conseil départemental de Rufisque a tenu un point de presse pour porter la réplique et afficher son choix pour la suppression de la ville comme l’a dit le président de la République le 31 décembre dernier. Le maire de la commune de Rufisque Ouest, Alioune Mar, s’est également prononcé sur le sujet.
Le débat portant sur la suppression ou le maintien de la ville fait rage à Rufisque entre responsables politiques. Après la sortie du député Seydou Diouf demandant la suppression des communes de Rufisque Ouest, Est et Nord au profit d’une commune unique de la ville de Rufisque. C’est son collègue député et non moins président du Conseil Départemental de Rufisque qui est monté au créneau pour s’inscrire en faux contre ce qu’il considère comme un recul de 25 années dans le processus de la décentralisation. « Je ne partage pas cet avis de mon ami et collègue Seydou Diouf », a répondu tout de go le président du Conseil départemental de Rufisque au cours d’un son face-à-face avec les journalistes.
A en croire le responsable de l’Apr, le problème ne se pose pas en terme d’appellation ou de dénomination mais plutôt de compétences et de mission à assigner à l’entité qui sera mise en place et aussi de cohérence dans la mise en œuvre de l’acte III de la décentralisation. « Le débat doit porter sur les missions à assigner à ce qu’on pourrait appeler ville ou communauté urbaine. Il s’agit d’une question de cohérence à corriger. Car la ville est créée par un décret présidentiel, selon l’article 167 du Code général des collectivités territoriales, alors que les communes de plein exercice sont créées depuis la communalisation intégrale avec des missions précises et des territoires bien définies, ce qui n’est pas le cas de la ville. Le président qui crée ces villes par décret peut demain les dissoudre par décret. Donc, le débat ne se pose pas sur la dénomination des communes ou autres. Il se pose beaucoup plus sur la gestion, c’est-à-dire sur la bonne gouvernance de ces collectivités territoriales ».
A en croire Souleymane Ndoye, les communes sont, quelque part, lésées car les ressources collectées sur leurs territoires et affectées à la ville alors qu’en termes de réalisation, la ville n’a pas grand-chose à présenter malgré son budget annuel de 06 milliards de francs. En plus de cela, la ville a un statut de commune et est donc d’égale dignité avec les communes. Or elle capte tous les moyens financiers et a les mêmes missions que les autres communes mais en matière de réalisations, son bilan est erratique. « Si vous demandez qu’on vous expose les grandes réalisations de la ville en tant qu’entité territoriale, vous ne verrez pas grand-chose. Cela pose un problème dans la mobilisation des ressources qui doivent être destinées à une gestion de proximité. C’est pourquoi je dis que je suis en phase avec le Président par rapport à son discours du 31 décembre ».
Pour lui, on doit plutôt penser à porter les discussions sur les missions et les statuts à donner à la ville « dans le cadre d’une mutualisation des compétences qui la compose ». Ainsi, les communes dans le cadre de leurs missions, après la distribution des ressources de la ville aux communes, celles-ci pourraient mutualiser des activités ou dans certains secteurs comme l’électrification, la gestion des canaux à ciel ouvert et enfin « émettre des moyens financiers à destination de la ville ». Pour Alioune Mar, le problème des communes, c’est plus un problème. « Il faut permettre aux communes de bénéficier des ressources qui sont collectées à partir de leurs territoires et transférées».
Dans le même tempo que Souleymane Ndoye, le maire de la commune de Rufisque Ouest s’est indigné des propos venant « d’un des concepteurs de l’acte III de la décentralisation. Même s’il se dit opposé à la suppression de la ville, Alioune Mar n’en défend pas moins les trois communes. Pour supprimer les trois, ce serait revenir 25 ans en arrière après la réforme de 1996. « Ce serait un grand recul dans la décentralisation et pour la démocratie. Le cas échéant, il faudrait retourner à l’époque de la déconcentration », a-t-il dit.