TANOR VIDE SON SAC
Référendum, PS à la présidentielle, Khalifa Sall, Haut conseil des collectivités territoriales…
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Le secrétaire général du Parti socialiste (PS) a fait face ce dimanche, pendant un tour d’horloge, à Mamoudou Ibra Kane dans l’émission Grand Jury sur la RFM. Et c’est pour trancher sur le vif.
Ousmane Tanor Dieng n’a pas dérogé à sa réputation. Poussé jusque dans ses derniers retranchements par son hôte du jour, le maire de Nguéniène, qu’une certaine censure populaire fait déjà plastronner à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales, a surfé sur les questions. Qu’il s’agisse du package à soumettre sous peu en référendum aux Sénégalais, en passant par la candidature du PS à la prochaine élection présidentielle, sans oublier ce qu’il est convenu d’appeler la donne Khalifa Sall, celui qui reconnait jouer un rôle de premier plan non rémunéré auprès de Macky Sall est resté égal à lui-même.
«Je ne suis pas quelqu’un qui communique sur tout ce qu’il fait avec le chef de l’Etat. C’est un homme qui me respecte et je lui suis loyal dans notre partenariat. C’est, peut-être, un défaut dans un pays comme le Sénégal», martèle le socialiste en chef qui a déjà rencontré Macky Sall sur le projet de réforme de certaines dispositions de la constitution. Mais, ne comptez surtout pas sur l’élève de Senghor et Diouf pour avoir, ne serait-ce que des bribes, sur le contenu de ses discussions avec le président de la République.
«C’est Macky Sall que les Sénégalais ont élu»
Ousmane Tanor Dieng de rappeler, à ceux qui feignent ou seraient tentés de l’oublier, qu’il ne faut jamais perdre de vue une chose : «c’est Macky Sall que les Sénégalais ont élu et il lui est loisible, comme il l’avait dit, de prendre ce qu’il veut dans le projet de constitution que lui a proposé la Commission nationale de réforme des institutions». Sur les conditions posées par le Parti démocratique sénégalais (PDS) pour répondre à l’invite du Président Macky Sall à la table d’échanges par rapport au projet, Ousmane Tanor Dieng déclare les trouver obsolètes.
«Les constitutions, elles sont adoptés d’un seul bloc. Vous ne pouvez approuver les lois une à une. C’est un mauvais argument. C’est un débat de politique politicienne, d’opposants. C’est indéfendable. Partout cela se fait comme ça! »
Pour ce qui concerne la libération de Karim Wade, Tanor indique la voie de la demande de grâce : «Macky Sall ne peut pas discuter du cas à cause de la séparation des pouvoirs.»
Pour ce qui concerne Omar Sarr et l’injonction faite par le Pds tendant à sa libération, Ousmane Tanor Dieng rappelle que «la liberté d’expression n’est pas la liberté d’insulter, encore moins de dire n’importe quoi».
«Le PS assume totalement le bilan de Macky Sall»
Ousmane Tanor Dieng refuse, politiquement parlant, le qualificatif inclassable. «Je suis dans la majorité présidentielle. Je ne suis pas opposant du tout. Nous sommes dans Benno Bokk Yakaar à l’Assemblée nationale, dans le Gouvernement. Nous assumons totalement le bilan qu’on a fait ensemble. Nous sommes partenaires. Je dis clairement les choses. Je ne soutiens personne. Une fois qu’on a un accord sur quelque chose, nous le mettrons en œuvre courageusement, totalement et sincèrement. Je me sens engagé pour la réussite du PSE. De ce point de vue, il n'y a aucune ambiguïté. Le Président Macky Sall me consulte s’il le juge nécessaire. S’il souhaite que je l’accompagne à un voyage, je le fais. Nous avons des relations de confiance...», indique le secrétaire général du Parti socialiste.
Interpellé sur l’argent injecté par Lamine Diack dans la campagne de 2012, au profit de l’opposition, Ousmane Tanor Dieng s’en lave les mains. «Ni moi, ni le parti, n'y avons touché. C’est clair et c’est net», a-t-il tranché. Tout de même, il estime que notre compatriote mérite des égards pour le service qu’il a rendu à la nation : «Nous devons soutenir notre compatriote Lamine Diack. Sa famille est dans une situation difficile. C’est quelqu’un d’absolument remarquable sur le plan humain et sur le plan professionnel.»
«Les acclamations à Khalifa Sall, c’était du sabotage»
L’invité du Grand Jury a aussi abordé l’affaire Khalifa Sall et la candidature du PS à la prochaine présidentielle de ce denier que beaucoup de socialistes continuent d’agiter. Pour Ousmane Tanor Dieng, tant que l’on ne saura pas la date exacte de l’élection, le parti et lui ne parleront pas de candidature. Le cas échéant, dit-il, «on fait chaque chose en son temps. Personne ne peut te dire que l’élection aura lieu en 2017 ou en 2019. Et quand on saura, on lancera l’appel à candidatures. On met en œuvre la procédure habituelle. Nous sommes avec des alliés. On discutera avec eux. Le moment venu, on verra pour la situation présente quelle sera la meilleure formule.»
Concernant les acclamations nourries adressées au maire de Dakar et aux agitations de Bamba Fall et de Barthélémy Dias, Tanor ne se dit pas énervé, mais juge gauche la démarche. «Ils ont le droit. Ce que je leur reproche, c’est que ce n’est pas le moment et ce n’est pas le cadre. J’ai tiré une synthèse en regrettant qu’un incident comme celui-là ait dévoyé ce que nous attendions de cette session de formation. Et puis, Khalifa Sall n’a dit à personne qu’il va être candidat. Je ne vois pas pourquoi les gens veulent être plus royalistes que le roi. Attendons au moins que les intéressés le disent. Aïssata Sall non plus n’a dit à personne qu’elle va être candidat.»
D’ailleurs, Tanor dément avoir été éclipsé par les applaudissements nourris à Khalifa en ces termes : « Je n’ai jamais été éclipsé, humilié, désavoué… Lorsque j’arrive, c’est toujours une standing-ovation. Et cela est constant. Khalifa a été applaudi et c’est tant mieux. Il faut dire que des gens sont venus pour scander son nom. C’était manifestement une tentative de sabotage... Je ne suis pas énervé. Je fais du Yoga pour maîtriser mes nerfs.»