TIRS GROUPÉS SUR TANOR THIENDELLA SIDY FALL
Des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile élèvent la voix pour réclamer le départ de l’actuel Directeur général des élections, accusé d'entrave à l'exécution de la décision judiciaire ayant réintégré Sonko sur les listes électorales
Des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile élèvent de plus en plus la voix pour réclamer le départ de l’actuel Directeur général des élections (Dge), Tanor Thiendella Sidy Fall. Cette demande fait suite au refus de ce dernier de recevoir le mandataire du candidat déclaré à la présidentiel du 25 février 2024 prochain, Ousmane Sonko en vue de l’exécution de la décision du président du tribunal d’instance de Ziguinchor qui a ordonné sa réintégration dans le fichier électoral.
Le contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall, est-il en train de créer les conditions de sa mise à l’écart de l’organisation des élections à moins de 5 mois de cette échéance avec son refus d’appliquer la décision du président du tribunal d’instance de Ziguinchor concernant Ousmane Sonko ? Tout porte à le croire. En effet, depuis mercredi 18 octobre dernier, des acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et aussi des observateurs de la scène politique élèvent de plus en plus la voix pour réclamer son départ de la Direction générale des élections (Dge). C’est le cas de la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) dont Ousmane Sonko est membre et qui constitue la deuxième force politique à l’Assemblée nationale avec 39 députés derrière la coalition au pouvoir (82 sièges). Dans un communiqué rendu public hier, vendredi 20 octobre, les leaders de Yaw ont dénoncé vigoureusement ce refus du Directeur général des élections de recevoir le mandataire de Sonko qui selon eux, montre « l’incapacité notoire du Ministre de l’Intérieur à organiser des élections justes, transparentes et inclusives ».
Sous ce rapport, ils ont ainsi appelé « tous les démocrates et les candidats à la candidature de l’opposition à faire bloc pour récuser Tanor Thiendella Sidy Fall » qui selon eux, «est manifestement partisan» et « à exiger, comme par le passé, l’organisation des prochaines élections par une personnalité neutre consensuelle». Abondant dans le même sens, l’ancien président de la Rencontre africaine des droits de l’homme, Alioune Tine par ailleurs, président fondateur d’Afrikajom center souligne qu’en «refusant d’appliquer une décision de justice», Tanor Thiendella Sidy Fall en tant directeur générale des élections, «s’est discrédité et devrait être limogé».
«Aujourd’hui, on a un régime qui ne fait aucune concession à l’opposition, on est dans un régime où l’administration fait plus allégeance au parti ou à la coalition au pouvoir qu’à la Constitution ou aux valeurs de la République et de la démocratie. C’est tout le sens des interdictions des manifestations de l’opposition et le refus du DGE de respecter la décision de justice », a-t-il dénoncé avant de lancer dans la foulée : . « Il faut nommer une personne indépendante chargée de l’organisation des élections. Car, en refusant d’appliquer une décision de justice, le DGE, s’est discrédité et devrait être limogé».
Prenant également position sur cette question, le directeur exécutif de la section sénégalaise d'Amnesty International, Seydi Gassama a déploré « l'instrumentalisation flagrante et sans limite de l'Etat et de ses institutions au profit du camp au pouvoir ». « Lorsque les décisions de justice sont défavorables aux opposants, surtout lorsqu'elles permettent de les écarter des compétitions électorales, elles sont appliquées avec célérité ; lorsqu'elles leur sont favorables, on a recours aux manœuvres dilatoires ou on ne les applique pas. L'instrumentalisation de l'Etat et de ses institutions au profit du camp au pouvoir est flagrante et ne connait plus de limite» a-t-il déploré avant de lancer : «L'Etat de droit est à genou. Il doit être relevé». Pour sa part, Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) souligne que « l’administration doit être républicaine et au service des usagers ». « Refuser de recevoir Ayib Daffé est l’aveu d’une injustice que l’on ne peut justifier. Ne pas respecter les décisions de justice, c’est faire de la politique politicienne et détruire l’image de l’Etat de droit », a-t-il martelé. Abondant dans le même sens, Thierno Bocoum, président du mouvement « Alliance générationnelle pour les intérêts de la République » (Agir) précise que la « Dge n’est pas une structure juridictionnelle, composée de juges de cassation ». « C’est une structure administrative qui doit se soumettre à la loi et notamment à l’application des décisions de justice. Que le candidat Ousmane Sonko soit rétabli dans ses droits au nom de la loi et de la séparation des pouvoirs », a-t-il dit.
Pour rappel, le Contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall était jusqu’ici décrit comme un « homme de sérail et de consensus, très à cheval sur les principes républicains ». Mais, depuis mercredi 18 octobre dernier, il est sous le feu de critiques aussi bien des acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et aussi des observateurs de la scène politique à cause de ce bras de fer que livre sa direction avec le candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor autour des fiches de parrainage. Muni de la décision du juge de Ziguinchor qui a annulé la mesure de radiation de Sonko des listes électorales qui avait été prise par le ministère de l’intérieur, le député Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko s’était rendu le mercredi 18 octobre à la Direction générale des élections accompagné d’un huissier pour récupérer les fiches de parrainage de son candidat.
Seulement, une fois sur les lieux, il a été éconduit. Retourné hier, vendredi 20 octobre encore à la Dge accompagné toujours d’un huissier de justice pour remettre la notification de la décision du tribunal d’instance de Ziguinchor ordonnant la réintégration du nom de son candidat et procéder à la récupération des fiches de parrainage, ils ont été encore une fois de plus bloqués à la porte de cette Direction comme lors de leur premier déplacement sans aucune explication. Face à cette situation, plusieurs personnalités politiques mais aussi de la société civile élèvent de plus en plus la voix pour critiquer l’attitude de l’actuel Directeur général des élections, le Contrôleur général de police Tanor Thiendella Sidy Fall. Promu à la tête de la Direction générale des élections en 2011 à la faveur de la création par le président Wade du ministère chargé des élections et de la nomination de son prédécesseur et ex patron Dr Cheikh Gueye à la tête dudit ministre, Tanor Thiendella Sidy Fall qui a occupé pendant 8 ans le poste de Directeur des opérations électorales (2003 à 2011) au sein de la Dge avait jusqu’ici la confiance des acteurs.