UN BEAU BATIMENT, UNE COQUILLE VIDE, DES MOYENS DERISOIRES
Les Conseils départementaux ne sont pas dotés de moyens conséquents pour dérouler leur lourde feuille de route
Les Conseils départementaux ne sont pas dotés de moyens conséquents pour dérouler leur lourde feuille de route. C’est l’avis de Pape Moussé Diop, premier secrétaire élu du Conseil départemental de Thiès, qu’il peint sous les traits d’un beau bâtiment abritant une coquille vide.
Le Conseil départemental a été institué à la faveur de l’Acte 3 de la décentralisation. C’est une institution transversale chargée de gérer 9 compétences transférées. Mais force est de reconnaître, selon les acteurs à la base, que les moyens ne suivent pas pour lui permettre d’accomplir la mission qui lui est dévolue.
En ce qui concerne le Conseil départemental de Thiès, renseigne son premier secrétaire élu Pape Moussé Diop, il a hérité de tout le passif du Conseil Régional. «Malheureusement aujourd’hui, il n’y a que le bâtiment qui est beau, le reste est une coquille vide, faute de moyens conséquents». Il accuse les Collectivités territoriales qui sont en contact direct avec les populations de les assimiler souvent à des institutions budgétivores, dans la mesure où le Sénégalais Lambda ne peut pas avoir une perception claire de ce que gère par exemple le Conseil départemental. Une institution qui vit cependant dans d’énormes difficultés financières.
Directeur Administratif et Financier (DAF) de l’institution départementale de Thiès, Amadou Sidibé estime que le Conseil départemental est le parent pauvre de la décentralisation. Aussi, invite-t-il l’Etat à faire des efforts pour l’accompagner dans l’accomplissement de sa mission de développement territorial. «La principale difficulté résulte du fait que les moyens viennent exclusivement de l’Etat, à travers le fonds de dotation et le fonds de concours, distribués sur la base d’un arrêté ministériel. Cette année, une petite hausse a été opérée et c’est ainsi que les fonds d’investissements sont passés de 70 à 96 millions de Fcfa, tandis que les fonds de dotation tournent autour de 135 millions de Fcfa. Cependant, le budget prévisionnel de l’institution sur le fonctionnement tourne autour de 224 millions de Fcfa contre 137,7 millions pour le fonds de concours». Ce qui constitue un gros gap. Or, il s’agit de gérer un grand département, avec beaucoup de priorités à satisfaire, notamment sur l’amélioration du plateau technique médical et de la carte sanitaire. Sur ce registre, souligne Amadou Sidibé, le département compte beaucoup de collèges d’enseignement moyen (CEM) sans clôture, des lycées qui manquent de salles pour la physique, des postes de santé sans maternité. Pire, certaines zones enclavées sont dépourvues de ces infrastructures de base.
Malgré une telle situation, Amadou Sidibé affirme que des efforts importants ont été faits à Thiès, en termes de réalisations. A l’en croire, toutes les communes ont été dotées d’un lycée. Dans le domaine de l’éducation, beaucoup de CEM ont été clôturés. Il s’y ajoute la construction de salles de classe, la réalisation de maternités, la mise à disposition d’équipements. Pour lui, il appartient à l’Etat de redoubler d’efforts pour accompagner les Conseils départementaux qui n’ont pas de niches de recettes, à part le domaine maritime. Et pour le cas de Thiès, les recettes issues du domaine maritime sont partagées avec la commune de Kayar, étant donné que le code ne prévoit pas encore une clé de répartition.
Pape Moussé Diop trouve que la feuille de route est lourde ainsi que les charges, au moment où les moyens font défaut. «Cependant, il aurait suffi que l’Etat mette un budget de 500 millions de Fcfa à la disposition de chaque Conseil départemental pour régler définitivement le problème de moyens», dit-il. Et par rapport à l’impact de la COVID-19, le Directeur Administratif et Financier soutient que l’Etat pourrait prendre certaines initiatives pour mieux accompagner les Collectivités territoriales, à travers son plan de relance économique. Il s’agira simplement d’éponger les dettes contractées par ces Collectivités pour accompagner les populations et lutter contre la pandémie. Ce qui leur permettra de respirer et de se consacrer aux tâches de développement.