UN COUP D’ETAT QUI NE DIT PAS SON NOM
L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, parmi les favoris de la présidentielle, appelle les Sénégalais à se mobiliser «par tous les moyens» contre la décision de Macky Sall de repousser le scrutin
L’ancien maire de Dakar, parmi les favoris de la présidentielle, appelle les Sénégalais à se mobiliser «par tous les moyens» contre la décision de Macky Sall de repousser le scrutin.
Khalifa Sall est l’un des favoris de l’élection présidentielle au Sénégal. Selon l’ancien maire de Dakar, la décision, annoncée samedi 3 février, du président Macky Sall de reporter le scrutin, initialement prévu le 25 février, est injustifiée et permettra au chef de l’Etat d’entamer un troisième mandat illégitime. L’opposant, aujourd’hui à la tête du mouvement Taxawu Sénégal, appelle en conséquence ses concitoyens à se mobiliser «par tous les moyens».
Avez-vous été surpris par la décision du président de reporter le scrutin ?
Khalifa Sall Le débat sur le report a cours depuis plusieurs mois dans la majorité présidentielle. Mais l’élection présidentielle étant une institution sacrée au Sénégal, respectée de tous, j’ai toujours pensé que le président Sall n’y toucherait jamais. D’autant que malgré les troubles, la présidentielle a toujours eu lieu à date échue dans notre pays. Mais samedi, le Rubicon a été franchi à notre grande surprise ! J’étais de ceux qui pensaient que le président, après avoir renoncé à un troisième mandat, sortirait par la grande porte de l’histoire en organisant de belles élections inclusives et transparentes. Pour quelqu’un qui nous disait préparer sa reconversion pour se mettre au service du Sénégal, c’est décevant.
Le président dit que la lumière doit être faite après les graves accusations qui ont visé le Conseil constitutionnel. Il assure également qu’il ne se représentera pas. Quelles intentions mettezvous derrière ce report ?
C’est un coup d’Etat qui ne dit pas son nom. Avec la modification de la loi, il entame un troisième mandat même s’il sera incomplet. Puisqu’il sera président après le 2 avril, il viole des dispositions essentielles de la Constitution et du code électoral. Le prétexte avancé n’est donc pas recevable. Par ailleurs, Macky Sall évoque un problème entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel qui n’existe pas. Il ne peut y avoir de conflit de compétences car chaque institution a ses propres compétences.