UN DIVORCE ACTÉ... ET PUIS PATATRAS!
Abdoul Mbaye, le monogame qui avait deux femmes

On ne reconnaissait plus le patron du gouvernement de 2012, altier, sûr de son fait. Il y avait quelque chose de définitivement pitoyable chez cet Abdoul Mbaye des législatives de 2017…
Le candidat à la députation de 2017, tête de file de la coalition « Joyyanti » qui distribuait du café dans la rue ou s’essayait au confort des Dakar-Dem-Dikk, faisait plus pitié que rire. Au finish, Abdoul Mbaye n’obtiendra pas assez de voix pour s’installer aux premières loges dans l’Hémicycle, pas loin de la maison où il a grandi, l’ancien logement de fonction de feu son père, Kéba Mbaye, président de la Cour Suprême. Il y aurait attendu plus sereinement les prochaines échéances électorales, avant de prendre ses aises au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Lorsque Macky Sall, nouvellement élu en 2012, annonce le nom de son Premier ministre, Abdoul Mbaye, banquier de solide réputation, fils de…, les mauvais coucheurs se dirent que les fées qui se sont penchées sur son berceau avaient frappé fort. Il commence sa carrière politique là où les plus doués la finissent : par un poste de Premier ministre.
Abdoul Mbaye a de la prestance. Quand il sort à la télé, les femmes se pâment. Sa saga a du panache, et les cercles intellectuels comme les milieux d’affaires le reconnaissent comme un des leurs. Les familles religieuses l’accueillent à bras ouvert. Macky Sall, qui pose à ses côtés parait gauche, a des manières empruntées. On aurait juré une erreur de casting : sur ce tableau, Abdoul Mbaye aurait été le président adulé et Macky Sall, le Premier ministre obséquieux.
Son compagnonnage avec Sa Rondeur Macky n’est pas simple. On sent que le chef naturel qu’il est peine à s’accommoder de l’autorité d’un président un peu terne. Comme il fallait s’y attendre, un beau jour, il est viré sans ménagement.
Lui qui commence par faire contre mauvaise fortune bon cœur, bravache, annonce même son soutien futur au candidat Macky Sall pour les prochaines présidentielles. Et puis son discours se durcit petit à petit. Il crée son parti, l’ACT, et devient finalement un opposant affirmé à Sa Rondeur. Il occupe la « Une » des journaux d’actualité par ses critiques acerbes de ce régime qu’il a contribué à mettre en place. On s’y perd…
Et puis, un beau jour, l’opinion, horrifiée, apprend qu’il demande le divorce à la mère de ses enfants. Cerise sur le gâteau, il est soupçonné de faux et usage de faux en écriture administrative, inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Sa contre-attaque est foudroyante : il traîne en justice l’épouse en question, Aminata Diack, pour « complicité de faux en écriture publique authentique, complicité de soustraction de l’ordonnance N° 685 du 26 mai 1994, usage de faux en écriture publique authentique et tentative d’escroquerie ».
Une bataille autant juridique que d’opinion donnera un spectacle écœurant, auquel une audience du 3 février 2016 donnera son verdict : elle met un terme à un couple vieux de 33 ans « pour cause d’injures graves rendant l’existence en commun impossible, aux torts exclusifs du mari ». C’est l’épilogue d’un mariage qui a alimenté les conversations du Tout-Dakar des années 80. Une vieille amitié qui finit brutalement, une famille déchirée. A l’origine de cette fin en queue de poisson, une félonie : marié sous le régime de la monogamie, Abdoul Mbaye contracte un second mariage entretemps. On s’énerverait en effet pour moins que ça…
Pour Abdoul Mbaye, en politique, c’est le chant du cygne. Autour de lui, la déception est palpable. Son image s’est irrémédiablement écornée : d’abord parce que l’opinion de ce pays n’aime pas que l’on s’attaque aux femmes… Et puis, dans son proche entourage, son avarice devient légendaire. Ceux qui se sont engagés à ses côtés dans l’espoir de s’en mettre plein les poches en allant à la conquête du pouvoir en sont pour leurs frais : les rangs se dégarnissent rapidement. D’autres lui trouvent des comportements immatures ou d’autocrate. Il est colérique, rancunier, amer et surtout inaccessible…
Aux législatives de mai 2017, on attendait le brillant économiste, on a vu un polémiste ennuyeux. Le candidat Abdoul Mbaye a quelque chose de piteusement surréaliste dans la posture et de définitivement médiocre dans l’allure. Quand tombent les résultats de la coalition « Joyyanti », 14.207 voix, 0,42% du scrutin, le doute n’est plus permis, il s’est crashé ! Pour une de ses rares fois dans la vie, le crack s’est farci un zéro pointé. Avec les compliments du Dr Aminata Diack…