"UN ÉLU NE DOIT PAS FAIRE DANS LA DICTATURE''
Le président de la République estime que les esprits doivent évoluer entre les élus et les populations
Le président de la République estime que les esprits doivent évoluer entre les élus et les populations. Macky Sall, qui présidait hier la cérémonie d’installation du Conseil supérieur de la fonction publique locale a soutenu que « les gens doivent respecter celui qui est élu. » Cela dit, il est d’avis qu’ « un élu ne doit pas faire dans la dictature ».
Selon le chef de l’Etat, il nous faut des territoires qui décident des politiques publiques arrêtées par l’Etat, des territoires initiateurs d’actions économiques mais aussi créateurs d’emplois d’avenir et vecteurs de solidarité. Avec cette réforme (l’installation du conseil supérieur de la fonction publique locale, ndlr), soutient Macky Sall, il s’agit de construire le Sénégal à partir de chaque territoire en privilégiant une participation de tous les acteurs territoriaux fondée sur la concertation et la coopération. « Cette grande réforme exige la modernisation de la gestion publique territoriale avec la promotion soutenue de la qualité des ressources humaines. Une telle vision ne peut pas s’accommoder avec des communautés territoriales qui sont juste des répondants de partis politiques. C’est vrai que c’est par compétition politique qu’on y accède mais une fois qu’on est élu, on représente une collectivité. Je suis président de la République, je viens d’un parti, d’une coalition mais une fois élu, on est président de la République de tous les Sénégalais. Et c’est vrai que le maire est membre d’un parti ou des coalitions Book sa Li Book sa ‘’Lelé’’, mais une fois qu’on est élu, on devient le maire ou le président du conseil départemental. C’est cela une institution à l’échelle locale. Donc, les gens doivent respecter celui qui est élu. Ils ne doivent nullement s’attarder sur son nom de famille ou sur son prénom pour s’attaquer à lui. Mais celui qui est élu doit aussi savoir que c’est Dieu qui l’a mis là où il est. Donc, il ne doit pas utiliser son pouvoir pour combattre ses administrés. Il ne doit nullement faire dans la dictature. Je pense qu’il faut que les esprits évoluent sur les collectivités territoriales. C’est pourquoi cette réforme exige des acteurs socialement protégés. Je parle des travailleurs et professionnellement respectés parce qu’aussi bien formés et responsabilisés parce que pleinement impliqués. C’est dans cette optique que le gouvernement s’est engagé à rendre effective la fonction publique locale à travers bientôt la signature de l’ensemble des décrets d’application de la loi relative au statut général des fonctionnaires des collectivités locales. Car bientôt, on ne va parler que de collectivités territoriales, car c’est ce que la Constitution consacre désormais », a expliqué le Président Macky Sall. Dans la foulée, il a annoncé que « nous allons réformer le code des collectivités locales pour être en adéquation avec la Constitution. Cet engagement du gouvernement traduit mon ambition d’offrir aux agents des collectivités territoriales un statut attrayant et sécurisant répondant aux principes d’unité de parité, de mobilité et de libre administration des collectivités territoriales. « Pour toutes ces raisons, je suis donc heureux de procéder ce matin à l’installation du Conseil supérieur de la fonction publique locale dont la création s’inscrit dans le renforcement de la démocratie territoriale. C’est une exigence de citoyenneté mais aussi une exigence de croissance. Ce Conseil est un organe de dialogue, de régulation et de veille, il a pour mission principale de donner des avis et recommandations sur toutes les questions à caractère général intéressant le fonctionnaire des collectivités locales et la fonction publique locale. » Macky Sall a soutenu qu’il faudra des fonctions pour le maire ou le président de conseil qui doit pouvoir créer des emplois. « On doit lui permettre, une fois élu, de choisir mais les fonctions vitales de la structure doivent obéir à des critères d’objectivité et de compétence pour transcender la présence couleur ou le visage du chef de l’exécutif. Ce n’est pas parce qu’on vient d’arriver qu’on doit modifier, changer les secrétaires généraux des ministères, ils sont là, ils sont intemporels cela on va y arriver par la définition de l’organigramme type. Comme ça, on n’aura pas un organigramme à géométrie variable d’une collectivité à une autre qui a des postes comme ça selon les aspirations du moment. Il faudra, Monsieur le ministre, aider le conseil à élucider tout cela. »
« Les élus ont décidé au Sénégal de ne plus payer l’éclairage public dans leurs communes alors que nous avons l’ambition de développer l’accès à l’électricité »
Estimant que « c’est un sacerdoce de diriger les collectivités locales qui sont sans ressources en dehors de quelques-unes alors que vous (Ndlr, les maires et présidents de conseils départementaux) avez tout le poids social de vos populations et de vos collectivités », le président de la République a promis d’appuyer ces collectivités et de les aider à mieux structurer leurs charges de manière à ce que l’Etat puisse mieux orienter les ressources qu’il leur alloue vers d’avantage de dépenses obligatoires afin que les collectivités puissent prendre cela en charge convenablement. » Pour lui, en effet, le plus important, c’est que les dépenses inscrites soient faites. Je prends l’exemple de l’éclairage public. Les élus ont décidé au Séné- gal de ne plus payer l’éclairage public dans leurs communes. Aucune commune ne veut le faire. Alors que nous avons l’ambition de développer l’accès à l’électricité. Nous avons l’ambition d’éclairer toutes nos collectivités. Donc, de plus en plus, nous aurons des factures plus importantes puisque c’est l’ambition de modernité. Et de moins en moins, les collectivités vont s’engager sur ces dépenses. Je peux prendre d’autres questions fondamentales des collectivités comme le nettoiement qui devrait être des dépenses obligatoires. Donc, l’Etat peut bien décentraliser, peut bien donner davantage de compétences, davantage de ressources mais faudrait-il aussi que les services à la base soient assurés ».
« Certaines collectivités ont plus de 90% des ressources destinées au payement des salaires »
Macky Sall se dit tout à fait engagé à ce que l’Etat transfère le maximum de compétences et de moyens mais se dit obligé d’être exigeant sur le niveau d’exécution des missions qui sont confiées aux collectivités locales. Et le Chef de l’Etat de marteler en conclusion : « C’est comme ça que cela se passe au niveau de l’Etat central, donc, il faut que les collectivités puissent également jouer leur rôle. Et au-delà de l’amélioration de leurs conditions de travail, la fonction publique locale devrait permettre aux collectivités locales de disposer de ressources humaines de qualité. Là aussi, je pense qu’il faut aider les collectivités locales à faire la formation continue comme on le fait dans l’Etat. (…)D’où donc l’intensification de la mise en place effective de la fonction publique locale qui permettra de recruter et de gérer le personnel en tenant compte des ressources budgétaires et des spécificités de chaque collectivité locale. Il faut que les salaires soient payés. Il faut aussi que la retraite soit versée. On ne pas accepter que des gens travaillent dans des collectivités et qu’à la retraite, on leur dise « non on n’a pas versé pour vous à l’Ipres ». Ce n’est pas acceptable ça. Souvent certaines collectivités ont plus de 90 % des ressources destinées au payement des salaires. On ne peut avoir des collectivités viables dans ces conditions. Donc, il y a un vrai diagnostic à poser et des efforts collectifs à entreprendre avec l’Etat pour aider les collectivités. »