À UN TOURNANT DÉCISIF AVANT LA PRÉSIDENTIELLE
Si le Sénégal a jusqu'ici échappé aux coups d'État, ses transitions demeurent chaotiques. Le scrutin à hauts risques de 2024 pourrait faire basculer le pays. "Si le régime organise sa victoire, cela risque d'éclater", selon Abdoul Mbaye
A quatre mois de la présidentielle prévue le 25 février, le Sénégal se trouve à un tournant décisif selon de nombreux observateurs. La raison: l'incertitude entourant la candidature d'Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall et figure susceptible de déclencher de fortes tensions.
Incarcéré depuis juillet et dans le coma après une grève de la faim, M. Sonko reste empêché de se présenter malgré une décision de justice en sa faveur. "Il y a une instrumentalisation de la justice visant à fausser les règles électorales", dénonce le collectif d'avocats le défendant. Maire de Ziguinchor, il "n'hésite pas à mettre sa vie en jeu" face aux "obstacles placés sur son chemin", selon son directeur de communication El Malick Ndiaye interrogé par Le Point.
Figure de l'alternance pour ses partisans, la candidature du maire de Ziguinchir dérange le pouvoir en place, à en croire ses partisans. "C'est un simulacre de démocratie", estime Mamadou Mbodj de la plateforme d'opposition F24, craignant des explosions de colère "lorsqu'on estimera que Sonko ne pourra pas participer". Déjà en 2021, son arrestation avait provoqué de graves troubles.
Si le Sénégal a jusqu'ici échappé aux coups d'État, ses transitions demeurent "chaotiques". Or ce scrutin à hauts risques pourrait faire basculer le pays, avertissent les experts. Car "si le régime organise sa victoire, cela risque d'éclater", selon l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.
Alors que la crise politico-judiciaire entourant le leader de Pastef s'envenime depuis deux ans, la démocratie sénégalaise est mise à l'épreuve face à ce tournant qui pourrait remettre en cause sa stabilité chèrement acquise.