UNE ÉQUIPE QUI NE GAGNE PAS DOIT ÊTRE CHANGÉE
Maty Senghor Bèye coordonnatrice du réseau des enseignants de l’APR de Thiès a soulevé des problèmes d’organisation dans la mouvance et souhaite des changements
Après la lourde défaite électorale de Macky Sall devant Idrissa Seck le 24 février dernier à Thiès, l’heure est à l’évaluation au sein de la mouvance présidentielle. La section locale du réseau des enseignantes et enseignants de l’Alliance Pour la République (APR) s’est livrée ce week-end à cet exercice. Après avoir souligné que le réseau a été zappé de la distribution des fonds de campagne, la coordonnatrice Maty Senghor Bèye a soulevé un problème organisationnel, pour appeler à des changements profonds dans la direction locale du parti marron-beige.
Réunis ce week-end pour apprécier les résultats des élections présidentielles à Thiès, les membres de la section locale du réseau des enseignantes et enseignants de l’Alliance Pour la République (APR) ont félicité le Président Macky Sall «pour son bilan élogieux, qui lui a permis d’être réélu dès le premier tour». Ils ont également apprécié «son esprit d’ouverture et de patriotisme dont il a fait montre avec son appel au dialogue et l’unité» après la proclamation officielle des résultats.
Parlant des résultats obtenus par le candidat de Bby à Thiès, la coordonnatrice du réseau Maty Senghor Bèye a soulevé des problèmes d’organisation dans la mouvance. Et d’indiquer toutefois : «on a l’habitude de dire qu’on ne change pas une équipe qui gagne, mais le contraire doit aussi être valable».
A l’en croire, le réseau de Thiès a battu campagne dans des conditions très difficiles, pour avoir été zappé dans la distribution des moyens donnés par le parti. «Si c’était une autre élection avec un autre enjeu, on allait avoir un autre comportement, mais nous avons compris que c’était le temps du Président» dit-elle avant d’ajouter que c’est la raison pour laquelle tous les membres du réseau à Thiès ont mouillé le maillot. «Pourtant, 120 enseignants membre du réseau ont mis en œuvre le concept «un enseignant, un comité». Et cette force ne devait pas être laissée en rade», souligne-t-elle.
A propos des résultats proprement dits, elle soutient qu’il y a eu un gap de plus de 30.000 voix dans la ville de Thiès et 20.000 à l’échelle départementale. Les facteurs qui expliquent cette contre performance, dit-elle, sont nombreux. Elle considère que s’il y avait un minimum d’organisation, l’écart serait réduit davantage. «Nous ne pouvons pas gagner les élections à Thiès dans la désunion», indique Maty Senghor Bèye qui a appelé tous les responsables de la mouvance de Thiès à faire preuve d’esprit d’ouverture et d’organisation.
«Car sans unité, la victoire à Thiès restera toujours un rêve. Il appartient également au Président de la République de réorganiser le parti à Thiès. Depuis 2012, le parti a participé à 4 élections à Thiès qu’elle a toutes perdues. On a l’habitude d’entendre qu’on ne change pas une équipe qui gagne, mais le contraire doit aussi être valable. Une équipe qui ne gagne pas doit être changée.
Dans ce cadre, le président de la République doit maintenant essayer avec les femmes à Thiès. On a toujours mis au-devant à Thiès des hommes sans jamais gagner, il urge de mettre à l’épreuve les femmes car les compétences sont bien là et pour les voix obtenus à l’échelle départementale, il est certain que les 90% ont été versés par les femmes». D’après elle, il y a des Mantoulaye Guène à Thiès, mais le problème est qu’elles n’ont aucune autonomie et sont ainsi obligées d’être adossées à des leaders hommes.
Maty Senghor Bèye a également demandé au Président Macky Sall d’accorder plus de considération au réseau des enseignants Apr.
Habib Niang Président du mouvement «AND SUXALI SENEGAL» : «il y’a trop de clans à Thiés et les mouvements sont marginalisés »
Habib Niang, président du mouvement «And Suxali Sénégal» a aussi porté un œil critique sur le fonctionnement de la mouvance présidentielle à Thiès. En marge d’une cérémonie de remise de matériels à des groupements de Thiès par son mouvement, il a affirmé que, malgré les moyens déployés par le Président Macky Sall à l’endroit de ses lieutenants, Thiès est retombée entre les mains de la coalition Idy2019.
Cependant, l’heure n’est plus aux lamentations encore moins aux discordes. «Aujourd’hui plus que jamais, toutes les forces vives de la coalition Benno Bokk Yaakaar doivent s’assoir autour d’une table pour identifier les problèmes et décliner les solutions à apporter». Sur la défaite du Président Macky Sall dans la cité du rail, il a indexé les querelles de positionnement qui ont été étalées au grand jour devant le chef de l’Etat lors la campagne électorale. Habib Niang dit avoir été victime de cette guerre interne, car, indique-t-il, certains ont voulu user de leur influence pour qu’il n’accède pas à la tribune officielle alors que mouvement a même mobilisé des chevaux pour accueillir le Président. «En remerciant les responsables, le Président Macky Sall n’a pas cité mon nom, mais je sais que c’est un coup monté par les gens de l’Apr. Il a fallu que les militants réagissent, pour que cette injustice soit corrigée séance tenante», argue-t-il.
A l’en croire, il y a trop de clans à Thiès et les mouvements sont marginalisés, sous-estimés alors qu’ils jouent un rôle déterminant. Selon lui, «le mouvement And Suxali Sénégal a pu atténuer le choc de la défaite à Thiès, notamment dans la zone nord. Par exemple au centre de vote de l’école du Capitaine Dioum, la coalition d’Idrissa Seck qui y faisait d’habitude la razzia, a obtenu 776 voix contre 505 voix pour la coalition Benno Bokk Yaakaar.
A l’école Souleymane Diouf, Idrissa Seck a eu 758 voix contre 425 pour le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar. A Palal dans la commune de Keur Mousseu, jadis bastion du Parti du Rassemblement et de l’Unité (Pur), Benno Bokk Yaakaar est arrivée largement en tête dans les deux bureaux de vote. C’est dire à ses yeux, que le mouvement a participé massivement à la réélection du Président Macky Sall.
Cette page de la présidentielle tournée, Habib Niang affirme que désormais la priorité du mouvement est la conquête du pouvoir local à Thiès et il n’exclut pas d’aller seul à ces joutes. Selon lui, le mouvement est indépendant et l’objectif qu’il s’était fixé à l’occasion des dernières consultations électorales a été atteint, c’est-à-dire réélire le Président Macky Sall dès le premier tour. Mais dit-il, le travail politique continue sur le terrain et le moment venu une décision sera précise concernant la trajectoire définitive prendre à l’occasion de ces élections locales, mais après de larges concertations au sein du bureau exécutif du mouvement.