UNE MESURE A LA FOIS D’APAISEMENT ET DE PEINE POUR LES FAMILLES
Loi d’amnistie sur les émeutes de mars 2021, mars et juin 2023 - Le président de la République est-il en train de jouer le tout pour le tout pour essayer de sauver sa face et sortir idem de cette crise politique
La loi d’amnistie sur des émeutes de mars 2021, mars et juin 2023, annoncée dans le cadre du processus de matérialisation du dialogue appelé par le chef de l’Etat, sonne comme un véritable coup de massue sur la mémoire des dizaines de victimes dénombrées lors de ces manifestations. En effet, l’adoption de cette loi va défensivement anéantir l’espoir des familles qui attendent d’être éclairées sur les conditions de décès des leurs.
Le président de la République est-il en train de jouer le tout pour le tout pour essayer de sauver sa face et sortir idem de cette crise politique qu’il a lui-même alimentée par sa décision unilatérale d’annuler le processus électoral pour la présidentielle du 25 février prochain, prise le samedi 3 février dernier, à quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale. En effet, alors que son appel au dialogue à toute la classe politique « afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive » peine encore à trouver un écho favorable chez la plupart des vingt candidats autorisés par le Conseil constitutionnel à prendre part à cette élection, nos confrères du journal « Le quotidien » révèlent dans leur édition d’hier, lundi, un projet de loi d’amnistie générale dans le circuit .
Préparé par le gouvernement sur instruction du chef de l’Etat, ce texte sera présenté au Conseil des ministres de demain si on en croit nos confrères qui précisent que cette loi va couvrir les évènements ayant conduit aux émeutes de mars 2021 et de juin 2023. Avec cette loi d’amnistie, le président Macky Sall qui est fragilisé par le refus des acteurs politiques et de la société à tout report de la présidentielle et la pression des Etats-Unis et l’Union européenne qui continuent de réclamer le respect de la Constitution et la tenue de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels, semble vouloir montrer sa bonne foi.
A QUI PROFITE CETTE LOI D’AMNISTIE ?
Même si la situation actuelle commande des mesures d’apaisement, cette loi d’amnistie générale envisagée par le chef de l’Etat, Macky Sall sur les évènements de mars 2021 et de juin 2023 suscite des interrogations. En envisageant cette loi qui va passer l’éponge sur tout ce qui est arrivée lors des émeutes de mars 2021, mars et juin 2023, Macky Sall cherche-t-il en train d’anticiper sur les risques de poursuites judiciaires qui pèsent sur la tête de certains de ses partisans dont la responsabilité est pointée dans la mort de plus de 50 manifestants lors de ces émeutes de mars 2021, mars et juin 2023.
En effet, alors que les rapports d’autopsie de la plupart de ces victimes indiquent clairement qu’elles ont été tuées par balle, aucune enquête n’a été diligentée pour situer les responsabilités sur ces morts. Au contraire, on voyait plutôt l’ancien ministre de l’Intérieur, Antoine Felix Diome, son collègue de la Justice, Ismaila Madior Fall et des Forces armées, Sidiki Kaba, s’empresser de monter au créneau pour nier l’implication des forces de défense et de sécurités (Fds) dans ces morts en évoquant d’autres pistes que les médecins légistes démentent après leur travail. Il en est de même de la question des individus non identifiés qui opéraient aux côtés des Fds lors de leurs interventions de maintien de l’ordre et qui sont accusés d’être à l’origine de la plupart des violences et des tirs à bout portant sur des manifestants.
Dans son rapport sur les émeutes, Amnesty international dit avoir constaté la présence, dans plusieurs localités du pays, d’individus en civil armés de bâtons, de matraques et de fusils en train de frapper des manifestants sous les yeux des forces de sécurité.
Dans son rapport sur la répression meurtrière lors des manifestations, Amnesty International dit avoir dénombré au moins 23 personnes tuées durant les dernières manifestations du 1er juin, à Dakar et Ziguinchor, et 390 personnes blessées. Mais aussi d’avoir constaté la présence d’hommes armés, habillés en civil, aux côtés des forces de l’ordre. Une autre interrogation autour de cette loi d’amnistie porte sur les accusations de liens entre le maire de Ziguinchor avec les forces occultes ou forces spéciales très souvent évoquées par l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel ministre du Pétrole.