WADE ET CHEIKH MBACKÉ DOLY : JE T'AIME, MOI NON PLUS

Les relations entre Me Abdoulaye Wade et le nouveau président du groupe parlementaire ‘’Liberté et démocratie’’ n’ont pas toujours été au beau fixe. Cheikh Mbacké Bara Doly, aujourd’hui devenu son homme lige, lui a mené une guerre sans merci vers la fin de son 2emandat présidentiel. Il lui reprochait des manquements à ses promesses faites à Touba.

‘’Je suis et je reste un militant du PDS. Je ne quitterais jamais le PDS, si tout le monde le quittait’’. Telles sont les fortes convictions du tout nouveau président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie à l’Assemblée Nationale. Du moins, ce sont ses sentiments émis après que le pape du Parti démocratique sénégalais (PDS), Me Abdoulaye Wade l’a porté à la tête de son Groupe parlementaire. Quelles sont, en effet, les raisons qui ont dû pousser Me Wade à porter son choix sur lui, au détriment des autres? Son choix est-il guidé par le cœur ou la raison, ou tout simplement par la politique ?

Telles sont aujourd’hui les questions qui taraudent, notamment dans la capitale du mouridisme. Seul Me Abdoulaye Wade détient les réponses à ces interrogations. Toutefois, la plupart des personnes averties estiment, en effet, que les motivations sont tout simplement politiques. Car, si l’on en croit bon nombre de commentaires, ni les capacités intellectuelles de l’heureux élu, encore moins son engagement ne devraient guère militer en sa faveur. Et pour cause,  dans un passé récent, vers la fin du magistère du Président Abdoulaye Wade, Cheikh Mbacké Bara Doly, alors Président du mouvement des jeunes marabouts, s’était illustré par son adversité et son hostilité envers Me Wade et son fils, Karim Wade, à Touba.

‘’Récital de coran pour le départ de Wade’’

Le nouveau président du Groupe parlementaire Liberté et Démocratie pilonnait constamment le Président Abdoulaye Wade, allant jusqu’à demander son départ de la tête du Sénégal. Aussi, Serigne Cheikh Mbacké Bara Doly s'était distingué par ses farouches prises de positions contre le prédécesseur du Président Macky Sall. L’on se rappelle encore qu’il était à l'origine de beaucoup de manifestations ‘’anti-Wade’’  à Touba où des brassards rouges et des pancartes hostiles au Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds), ont toujours été brandis lors des visites de Wade dans la ville sainte. Les jeunes marabouts libéraux, sous la houlette de Cheikh Mbacké Bara Doly, s’étaient même permis de copieusement huer Me Wade, l’accusant alors d’avoir manqué à ses engagements de 2000. Comme si cela ne suffisait pas, l’on se souvient encore, dans la même dynamique, du récital du coran (113 fois), que ces jeunes dignitaires mourides  avaient organisé, le vendredi 4 décembre 2009, pour le départ du président Wade du Palais.

Rapprochement avec Idrissa Seck

Last but not least, le fils de Serigne Bara Doly Mbacké et ses partisans avaient également annoncé la parution, le 26 mars 2010, d’un livre de 800 pages censé ‘’lui (Wade) enlever la cagoule’’. Et enfin, comble de l’ironie, son mouvement avait rendu visite, à Thiès, à Idrissa Seck, le 24 novembre 2010, avant de l’accueillir, en grandes pompes, à Touba, le 20 janvier 2011. A cette occasion, Cheikh Mbacké Bara Doly et ses camarades avaient déclaré toute leur admiration à l’endroit de l’ex-Premier ministre, et s’étaient même engagés à travailler à ses côtés pour débarquer Wade du pouvoir. Un retournement de ‘’kaftans’’  qui avait, à l’époque, fait couler beaucoup d’encre.

Mais il aura suffi d’une audience avec Me Wade pour que Cheikh Mbacké Bara Doly et son mouvement reviennent à de meilleurs sentiments. Et pour battre leur coulpe, ils  avaient fini par  accuser, Idrissa Seck d’avoir cherché à ‘’infiltrer’’  leur structure, afin de mieux les écarter du président de la République. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts  et c’est sur ce marabout atypique que le Pape du Sopi a porté son choix pour diriger le Groupe parlementaire, ‘’Liberté et démocratie’’, à l’Assemblée Nationale, en remplacement de son ami de toujours, Me Madické Niang. Ainsi va la politique au Sénégal.