WASHINGTON DEMANDE DES GARANTIES DÉMOCRATIQUES À MACKY SALL
Alerte sur les risques de dérives au Sénégal. Par un texte bipartisan, des parlementaires américains se prononcent sur la présidentielle 2024. Ils interpellent le pouvoir sur la restriction de la liberté d'expression et les poursuites contre l'opposition
À moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle sénégalaise prévu le 25 février 2024, les sénateurs américains Jim Risch et Ben Cardin ont présenté le 18 décembre dernier une résolution bipartisane appelant le gouvernement sénégalais à garantir la tenue d'un scrutin libre, transparent et démocratique.
Les deux parlementaires, l'un républicain et l'autre démocrate, occupent respectivement les fonctions de président et de vice-président de la commission des affaires étrangères du Sénat. Leur initiative est donc un signal fort adressé à Dakar sur la nécessité de respecter les normes démocratiques lors du prochain vote.
Dans leur résolution, les sénateurs Risch et Cardin réaffirment "l'engagement des États-Unis en faveur de la démocratie et de la gouvernance démocratique au Sénégal". Ils rappellent également "l'importance du partenariat stratégique" unissant Washington à Dakar.
Toutefois, les deux élus américains se disent "préoccupés" par plusieurs évolutions récentes au Sénégal qui laissent planer des doutes sur la bonne tenue du scrutin à venir. Le sénateur Risch évoque notamment "la réduction de l'espace politique, la répression de l'opposition et le manque de transparence des processus électoraux".
Son collègue Cardin abonde dans le même sens en dénonçant les "restrictions à la liberté d'expression et de presse, l'utilisation du système judiciaire pour cibler les opposants et les changements législatifs visant à affaiblir la concurrence électorale". Ce dernier pointe du doigt la responsabilité du "gouvernement actuel" dans ces dérives.
La résolution appelle donc Dakar à lever sans délai les "restrictions sur la liberté de manifestation pacifique" et le "droit à une information libre". Elle exige également la "libération immédiate" des personnes emprisonnées pour des faits liés à l'exercice de leurs libertés fondamentales.
Sur le plan pratique, les sénateurs demandent au gouvernement sénégalais d'assurer la tenue d'un scrutin accessible à tous les candidats dans le respect du secret du vote et sans intimidation. Ils veulent voir la Commission électorale nationale autonome (CENA) jouer pleinement son rôle d'arbitre impartial.
Enfin, les élus américains encouragent la société civile sénégalaise, engagée dans la défense des droits démocratiques, tout en appelant l'ensemble des acteurs politiques à débattre dans le calme et à régler d'éventuels litiges devant les tribunaux.
À travers cette résolution, les sénateurs Risch et Cardin sonnent clairement l'alarme et mettent la pression sur les autorités de Dakar afin qu'elles garantissent la tenue d'une présidentielle respectant pleinement les standards démocratiques. Leur message dénote la vigilance de Washington quant à l'évolution de la situation politique au Sénégal.