LA TUBERCULOSE, L'AUTRE TUEUSE SILENCIEUSE
Si le Covid-19 tue, la tuberculose n’est pas en reste ! En 2020, 420 patients tuberculeux sont décédés dans notre pays où on enregistre chaque année 117 nouveaux cas par tranche de 100 000 habitants
Hélas, ce n’est pas seulement le coronavirus qui tue dans notre pays ! D’autres maladies comme le paludisme et la tuberculose déciment en silence nos compatriotes sans bénéficier malheureusement de la même attention de la part des autorités. Pendant que des moyens prodigieux sont déployés pour contenir voire vaincre le covid-19, on apprend que le Sénégal a enregistré 12 808 nouveaux cas de tuberculose en 2020 contre 14 000 en 2019. Soit environ 2000 patients perdus de vue durant la période indiquée. Surtout, cette maladie a fait 420 morts rien que durant l’année 2020. Le ministère de la Santé loue les efforts de l’Etat surtout concernant la gratuité de la prise en charge des tuberculeux, mais invite à aller chercher le tiers manquant. Le directeur de la Maladie au ministère de la Santé, Dr Babacar Guèye, pense qu’il faudrait aujourd’hui une approche multisectorielle avec l’implication des ministères de la Jeunesse, de l’Education, des Forces armées…pour arriver à éliminer la tuberculose d’ici 2035.
Si le Covid-19 tue, la tuberculose n’est pas en reste ! En 2020, 420 patients tuberculeux sont décédés dans notre pays où on enregistre chaque année 117 nouveaux cas par tranche de 100 000 habitants. Sur un nombre total de 12 808 nouveaux cas de tuberculose dépistés en 2020, contre 14 000 en 2019, les autorités sanitaires déplorent le nombre important de malades « perdus de vue ».
Autrement dit, il y a environ 2000 malades qui n’ont pas pu terminer leur suivi médical du fait de plusieurs circonstances, dont principalement la pandémie de Covid-19, selon le coordonnateur du Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnlt), Dr Bernard Gning.
Faisant l’analyse du taux ou du nombre de personnes dépistées au cours de l’année 2020, le Dr Gning informe que l’incidence de la maladie se situe toujours à 117 pour 100 000 habitants. « Cela veut dire que le Sénégal attend chaque année 117 nouveaux cas de tuberculose par tranche de 100 000 habitants. Parmi les cas dépistés, nous en avons malheureusement perdu un total de 420 décès sur l’année 2020. Ce qui correspond à une létalité de 17 décès pour 100 000 habitants », a expliqué le coordonnateur du Pnlt.
La communauté internationale invite à l’élimination de la tuberculose d’ici 2035. Avant cette date butoir, le coordonnateur du Pnt voudrait qu’on situe d’abord la période 2025 dans cette stratégie destinée à mettre fin à la pathologie pour évaluer les résultats obtenus. Selon Dr Gning, trois indicateurs vont permettre de faire cette évaluation. Il s’agira d’abord de savoir si l’incidence de la tuberculose sera réduite de 50 % dans le monde, si le nombre de décès dus à la maladie sera réduit de 75 % ou si, en 2025, on pourra dire avec certitude que plus aucune famille n’est en train de supporter les coûts catastrophiques liés à la tuberculose. D’après les autorités, le Sénégal semble être sur la bonne voie avec les efforts remarquables de l’Etat qui a mis en place un dispositif de diagnostic et de traitement sur toute l’étendue du territoire national. Un dispositif qui va du « ticket d’entrée » au « reçu de sortie » du malade.
Autrement dit, de l’outil de diagnostic au contrôle de fin de traitement. Les autorités ont notamment mis en place des laboratoires. « C’est par le laboratoire qu’on entre dans le programme pour poser le diagnostic et dire que tel malade a une telle pathologie. C’est aussi par le laboratoire qu’on en sort. Le labo qui pose le diagnostic et qui, à travers un contrôle de fin de traitement, vous dit que n’avez plus la maladie et que vous êtes guéris », a indiqué l’adjoint au responsable du laboratoire au Pnt, Dr Pape Amadou L. Guèye.
Pour illustrer les efforts de l’Etat dans la lutte contre la maladie, Dr Babacar Guèye a parlé de logistique. De 45, informe-t-il, le nombre d’appareils qui permettent la détection de la tuberculose est passé à 131 au niveau des différents districts sanitaires. Rien que pour le « GeneXpert » dont l’utilisation est recommandée au Sénégal, il n’y a pas moins de 47 appareils qui aident le personnel de santé pour un meilleur diagnostic de cette maladie. « Mais d’autres maladies comme le Vih et le cancer du col de l’utérus », a tenu à préciser le directeur de la Maladie tout en se félicitant des efforts consentis par l’Etat pour rendre disponibles les médicaments pour tuberculeux. L’Etat qui, avec l’appui du Fonds mondial, a pu dégager une enveloppe de 500 millions de francs pour améliorer la disponibilité de ces produits.
En plus de la détection, le traitement de la tuberculose est totalement gratuit dans notre pays aujourd’hui. « Ce qui peut expliquer les 91 % du taux de succès du traitement, si nous enlevons les décès du nombre de malades dépistés », s’est félicité Dr Bernard Gning. Parlant des perspectives, il annonce que l’Etat vient d’acquérir des plateformes technologiques permettant le diagnostic très précoce de la maladie. C’est-à-dire avant même l’apparition des signes physiques. Ce qui est important, à ses yeux. « Car qui dit diagnostic précoce, dit traitement précoce, et un meilleur taux de guérison pour moins de tuberculose au Sénégal, moins de contamination et moins de transmission de la maladie au sein des communautés » se félicite le coordonnateur national du Pnlt. Donc, beaucoup plus d’espoir d’éliminer la tuberculose à l’horizon 2035 !
En évoquant cette probabilité, le directeur de la Maladie, Dr Babacar Guèye, pense qu’il faudrait une approche multisectorielle dans un cadre impliquant les ministères de la Jeunesse, des Transports, de l’Education, des Forces armées entre autres pour arriver à atteindre cet objectif d’élimination de la tuberculose.
L’objectif majeur, c’est, selon Dr Babacar Guèye, la multi-sectorialité avec l’effectivité dans les différents secteurs concernés. Par-dessus tout, il estime qu’il faut aller chercher le « tiers manquant » et aussi aller identifier les cas de tuberculose qui sont dans la nature et qui ne sont pas connus. Ce, à travers surtout l’implication communautaire pour pouvoir espérer être au rendez-vous de 2035. C’est également l’avis de Mandiaye Ndiaye. Ce responsable de la formation au Programme national de lutte contre la Tuberculose (Pnt) pense qu’il est bon que la sensibilisation soit élargie, maintenue et intensifiée pour que, dit-il, au niveau des communautés surtout, que tout un chacun puisse être un relais pour « nous » permettre de toucher le maximum de populations.
Mandiaye Ndiaye souhaite aussi que les populations s’y mettent assez tôt et se rendent au niveau des structures de santé d’autant que la moitié d’entre elles ont déjà des notions claires sur la tuberculose d’après une enquête menée dans ce sens. Cela dit, une bonne partie de nos compatriotes n’est toujours pas très avertie par rapport à la maladie. Ce, au moment où « l’horloge tourne » ! D’où le temps de l’action pour mettre fin à la tuberculose d’ici 2035. « C’est un excellent élément de contexte. Parce que qui parle d’horloge, parle de temps et de durée », dixit le coordonnateur du programme contre la tuberculose.
A l’en croire, il s’agira non seulement de mettre à profit la journée mondiale dédiée à cette maladie, ce 24 mars, pour informer et sensibiliser encore la population sur la présence de la tuberculose au Sénégal mais aussi rappeler les efforts du Sénégal dans la mise en place de plateforme de diagnostic rapide et la gratuité du traitement et des médicaments. Sans compter la prise en charge sociale de certains malades par rapport au remboursement du transport et aussi l’appui nutritionnel chez une autre catégorie de tuberculeux.