AUCUNE CERTITUDE SUR LES LIGNES D’HORIZON DE LA COVID
A quand la fin de la Covid-19 dans le pays ? Cette question taraude l’esprit de beaucoup de Sénégalais. Et les études réalisées en la matière ne rassurent aucunement sur la fin de l’épidémie
Le bureau de prospective économique (Bpe) a publié une analyse prospective de la Covid-19 sept mois (le 20 septembre) après l’apparition du premier cas le 2 mars 2020. Le Directeur général de la structure logée au secrétariat général du gouvernement, Moubarak Lo et Cie ont ainsi fait l’état des lieux de la maladie au Sénégal avant d’étudier ses évolutions globales et sa sévérité. Le rapport ne rassure pas cependant sur la fin de l’épidémie dans le pays non sans donner les différents scénarii possibles concernant sa progression.
A quand la fin de la Covid-19 dans le pays ? Cette question taraude l’esprit de beaucoup de Sénégalais. Et les études réalisées en la matière ne rassurent aucunement sur la fin de l’épidémie. L’analyse prospective de la maladie effectuée par le bureau de prospective économique (BPE) est assez édifiante.
Selon Moubarack Lo et Cie, en termes de perspectives, les dynamiques de changements en cours ne permettent pas de définir avec certitude les lignes d’horizon de la maladie de Covid-19 au Sénégal. Ainsi, disent-ils, trois types de pics potentiels doivent être considérés pour la Covid-19. «Un premier pic est déjà apparu et découle de la politique de ‘’confinement partiel’’ décidée par les Autorités du Sénégal en fin mars. Un deuxième autre Pic est à scruter et correspondrait à la poursuite de la politique actuelle de tests effectués dans un environnement de levée substantielle des restrictions.
Un troisième Pic devrait être considéré si la stratégie de tests évolue », prévention dans le document produit par Moubarack Lo et Cie. Qui estiment dans la foulée que devant cette situation plus qu’incertaine, un travail prospectif d’expertise a été mené pour comprendre les transformations en cours et anticiper les futurs possibles sous forme de scénarii argumentés et chiffrés, sur un horizon de 4 mois. Il aboutit, précisent-ils, à la construction de trois scénarios obtenus par la combinaison d’hypothèses prospectives cohérentes entre elles à partir des dynamiques de changements déclinées en tendances lourdes, en incertitudes majeures et en signaux faibles. «Un chiffrage de chaque scenario est proposé grâce à une approche du BPE qui consiste à estimer d’une part le nombre de contacts prévus pour la semaine et d’autre part le nombre de cas communautaires prévus pour la même semaine », lit-on dans le document du BPE.
Cela étant, il est envisagé dans le scenario 1 que la Covid-19 soit rapidement vaincue au Sénégal. «Pendant une période prolongée, le pays ne compte plus de nouveaux cas, exceptés les cas importés qui sont détectés dès leur arrivée ou pendant leur période de confinement obligatoire et pris en charge. Avec ce scénario, on n’aura plus de nouveaux cas contacts à la fin de la première quinzaine du mois d’avril 2021 et le cumul des cas infectés sera de 38 349 à la fin du mois de novembre », indique le rapport du BPE.
Dans le scénario 2, les experts considèrent que la Covid19 s’estompe lentement. «Le rythme des infections journalières sur tous les segments (communautaire, contact, importé) est stable pendant une période prolongée. Avec le scénario jaune, les nouveaux cas infectés vont passer de 19 703 à la fin du mois de septembre à 28 935 à la fin du mois d’octobre et 39 048 cas à la fin du mois de novembre. Donc avec ce scénario, on aura un cumul de 39 048 cas infectés à la fin du mois de novembre », relève le document. Enfin, dans le scénario 3, la Covid-19 s’installe durablement sans vaccin. Et le rythme des infections journalières sur tous les segments (communautaire, contact, importé) ne cesse d’augmenter pour atteindre 42 155 en fin novembre, laissent entrevoir les experts.
DU 14 SEPTEMBRE AU 20 SEPTEMBRE 2020 : MOINS DE 18 CAS COMMUNAUTAIRES PAR JOUR
Il faut dire par ailleurs que l’analyse des évolutions globales de la covid-19 au Sénégal permet de tirer plusieurs enseignements. Et dans le document, il est souligné que les cas de Covid-19 ont augmenté continuellement, au Sénégal, au cours des sept derniers mois, avec des rythmes d’évolution variables. Cependant, relativise-t-on, le mois de septembre est principalement marqué par une forte baisse de la sévérité de la covid-19 due au ratio élevé du nombre de guéris sur le nombre d’infectés par jour. Il est précisé aussi dans le rapport que les régions de Dakar, de Diourbel et de Thiès concentrent 86,33% des cas confirmés de Covid-19 au Sénégal.
Et que l’évolution des cas communautaires depuis le début de la pandémie jusqu’au 20 septembre 2020 a connu trois phases : «La première phase correspond à une évolution lente mais progressive sur la période du 02 mars au 06 août 2020 avec en moyenne 11 cas par jour. La deuxième phase qui correspond à une très forte évolution des cas communautaires est observée entre la période du 07 août au 15 août 2020 avec en moyenne 83 cas par jour. Après cette période vient enfin la troisième phase qui correspond à une baisse du nombre de cas communautaires jusqu’à obtenir une moyenne de 32 cas par jour et moins de 18 cas par jour sur la semaine du 14 septembre au 20 septembre 2020.»Toujours d’après l’analyse du BPE, depuis avril, le taux de guérison a connu successivement une baisse suivie d’une période de stabilité puis d’une hausse récemment.
Les experts soutiennent également que le degré de sévérité de la Covid-19 a évolué, au Sénégal, en dents de scie entre avril et août mais devient quasiment stable depuis le début du mois de septembre 2020. Le score du Sénégal dans l’indice de sévérité conçu par le BPE est ainsi passé de 0,90 le 14 avril à 0,65 le 10 mai et à 0,92 le 20 septembre, soit une évolution moyenne de 0,89 point en 5 mois. Aussi, le nombre de tests réalisés a fortement augmenté entre avril et septembre, sans pour autant générer une augmentation sensible du taux de positivité. Et à en croire en définitive Moubarack Lo et Cie, les taux de décès et les flux de nouveaux décès (relativement aux nouveaux cas) sont très faibles sur toute la période d’avril à septembre.